§2. Pour l'Emergence d'une
Culture Démocratique.
Il est important de souligner que les difficultés
rencontrées lors des scrutins, donnant naissance à des
contentieux, sont pour la plupart dues aux problèmes d'éducation
à la citoyenneté des populations. En général, le
vote ne devient une préoccupation que lorsque les
échéances électorales s'approchent. Ni le gouvernement, ni
les formations politiques ne s'attardent sur cet aspect de la formation des
électeurs.
En effet, l'exercice du droit de vote est un moment
sacré en démocratie : il est ce rituel qui témoigne
de la volonté attachée à une pleine citoyenneté et
à l'égalité de tous les citoyens devant l'Etat. A un
niveau plus élevé, le droit de vote consacre la valeur
intrinsèque des êtres humains, où tous, en vertu de leur
égale liberté, et non à cause de leur éducation ou
de situation sociale, acquiescent à transférer leur
volonté souveraine à quelques uns. Ce transfert repose sur un
déploiement technique de grandes envergures qui, idéalement,
combinent transparence et impartialité.
A côté des formations politiques, du
gouvernement, la CONAREGS doit oeuvrer dans l'éducation civique. Cette
éducation doit se faire à tous les niveaux de la
société. Elle s'attellera à montrer l'intérêt
qu'a la population à se faire recenser, à revendiquer sa carte
d'électeur ou encore à être scrutateur par exemple. Afin
d'aider leurs formations politiques à mieux revendiquer les
éventuelles réclamations, cette éducation doit aider les
populations à prélever les résultats des scrutins de leurs
localités et à exiger les copies des procès verbaux des
résultats.
Etant donné le caractère très jeune de
l'électoral tchadien, le gouvernement doit mettre un accent particulier
dans les programmes d'enseignements d'instruction civique sur les
élections, les droits et devoirs des électeurs. Outre cet aspect
d'éducation civique, il faut insister sur la formation du personnel
électoral.
En effet, la formation du personnel électoral est une
composante importante dans une démarche démocratique, puisqu'elle
interpelle l'efficacité des processus électoraux, la
crédibilité des résultats et la légitimité
de la gouvernance. Cette formation doit porter sur la neutralité
relative par rapport au vote et ses techniques. Elle doit amener tous les
intervenants à comprendre leur rôle et leur responsabilité
au regard du processus électoral, à connaître les
règles devant prévaloir au bon déroulement du scrutin,
à porter assistance - en toute impartialité et
intégrité - à tout électeur dans le besoin,
surtout, à développer un haut sens de responsabilité
électorale. A cet égard, certains pays se sont dotés de
codes de déontologie pour le personnel électoral. C'est le cas du
Canada, où les Directeurs des scrutins sont soumis à un code de
déontologie dont l'un des objectifs est d'établir
« des règles de conduite et l'impartialité du
processus électoral ».
La formation du personnel électoral concerne tous les
acteurs impliqués dans le scrutin, depuis les personnes chargées
d'organiser pratiquement les élections jusqu'aux juges, en passant par
les scrutateurs, les candidats, les responsables politiques, voire les
médias et les forces de sécurité.
Ces formations doivent elles-mêmes être
l'expression d'un consensus, une valeur motrice à toute démarche
électorale en démocratie. C'est seulement dans cette optique que
l'on peut instaurer et maintenir la confiance du public envers le processus
électoral.
|