A- La Symptomatologie
Dans notre étude la symptomatologie était
dominée chez l'ensemble des malades par la dyspnée (56,25%) la
syncope (42,18%) et les équivalents mineurs de la syncope (54,24%).
Comparativement à d'autres séries de la
littérature [21, 30, 52, 81, 82] nous avons
retrouvé moins de syncope que Ihénacho (86,66%) , DIOP
(83%), TOURE (46,61%), THIOYE (50%) et DAMOROU (71,87%) ; mais plus que
Millan au Mexique en 1999 (31%).
Toutefois les équivalents mineurs de la syncope sont plus
fréquents dans notre série (56,24%) que dans celles de DAMOROU
(39%) et de TOURE (41,91%).
Quant à la dyspnée, elle est le symptôme le
plus souvent rencontré dans notre étude (56,25%) contre 13,33%
pour Ihénacho et 20% pour TOURE.
Par contre DAMOROU l'a retrouvée plus que dans notre
étude avec 68,75%.
THIOYE a retrouvé un pourcentage de dyspnée
similaire au nôtre avec 54,8%.
Ces symptôme sont dans la majorité des cas
associés chez un même malade.
Nous avons noté 12,5% de BAV asymptomatiques contre 0%
dans toutes les autres séries [16, 21, 30, 52, 54,
69,82].
Cependant dans le groupe des BAV complets et des BAV de haut
degré nous avons eu 10% de patients asymptomatiques.
Tableau 19 : symptômes
observés dans différentes études
symptômes
études
|
Syncope %
|
Lipothymie %
|
Vertige %
|
Dyspnée %
|
Précordialgie %
|
Palpitation %
|
Asymp %% %
|
DIOP
|
83
|
42
|
50
|
-
|
8
|
33
|
-
|
IHENACHO
|
86,66
|
-
|
6,6
|
13,33
|
26,66
|
26,66
|
-
|
TOURE
|
46,65
|
15,25
|
-
|
20
|
1,11
|
6,6
|
-
|
KOLOGO
|
55,15
|
2,63
|
7,89
|
23,67
|
-
|
-
|
-
|
DAMOROU
|
71,87
|
21
|
28,18
|
68,75
|
9,37
|
28,12
|
-
|
THIOYE
|
50
|
19,4
|
58,1
|
54,8
|
14,5
|
19,4
|
6,5
|
Notre étude
|
42,18
|
17,18
|
39,06
|
56,25
|
9,37
|
10,93
|
12,5
|
B- Les signes physiques
La bradycardie (85,93%) et l' assourdissement des bruits du coeur
(73,43%) constituent les signes physiques les plus fréquemment
retrouver chez l'ensemble de nos malades. La fréquence cardiaque moyenne
est de 43,06 bpm.
Nous avons noté une corrélation entre la
fréquence cardiaque et le profil tensionnel de nos malades dans
l'analyse statistique bivariée par le test de Khi deux ( p = 0,01).
Rapportée aux BAV complets et aux BAV de haut degré
la bradycardie est observée dans 96,49% avec une fréquence
cardiaque moyenne de 39,14 bpm.
La même proportion est retrouvée dans la
série de TOURE (91,1%) et dans celle de DAMOROU (90%). Quant à
THIOYE, il n'a retrouvé que 37% de bradycardie
Nous n'avons trouvé que 20,31% de fausse HTA, moins que
TOUTRE qui en avait trouvée 31,11%. Quant à l'HTA vraie, nous
avons trouvé un pourcentage (42,18%) à peu près
égal à celui de TOURE (44,44%). Nous avons trouvé quatre
fois moins de systole en écho (25%) que TOURE (60%).
En ce qui concerne les signes d'insuffisance cardiaque, KOLOGO a
en trouvé plus que nous.
Des signes associés manifestement en rapport avec une
affection intercurrente sont notés dans 6,25%.
III- étude para-clinique
A- LA biologie
Les signes biologiques retrouvés dans troubles de la
conduction auriculo-ventriculaire sont généralement en rapport
avec des pathologies associées ou en rapport avec la cause du trouble
conductif. Ainsi les paramètres biologiques que nous avons
mesurés sont normaux chez 46,87% de nos malades.
Certaines anomalies observées dans notre série sont
liées au terrain : hyperglycémie (4,68%) chez des
diabétiques; perturbation de la fonction rénale dans 10,93%. Un
syndrome inflammatoire biologique est rencontré dans 15,62%
essentiellement chez des malades ayant présenté une pneumopathie
infectieuse et chez d'autres dans un contexte de myocardite aiguë
probable. Un malade a présenté une élévation de la
troponine I en phase aiguë d'infarctus circonférentiel du myocarde.
Des troubles ioniques mineurs sont rencontrés dans 28,12% dont une
hyponatrémie dans 14%. Une anémie a été dans 12,5%
et une hyperuricémie dans 6,25%.
B- La radiographie du thorax
La cardiomégalie est le signe radiologique le plus
constant dans notre série (51,56%) avec un index cardio-thoracique moyen
de 0,53.
Damorou avait trouvé plus de cardiomégalie que nous
avec 70% des cas et un index cardio-thoracique moyen de 0,56. La
cardiomégalie serait liée dans la majorité de nos cas
à une myocardiopathie confirmée par l'écho Doppler
cardiaque.
Des signes de surcharge pulmonaires sont associés dans
20,31% et la radiographie du thorax était normale dans 25% des cas dans
notre série.
Une pneumopathie d'origine infectieuse a été
observée dans 10,9% et une pleurésie dans 4,68%.
C- L'électrocardiogramme de surface
· La fréquence auriculaire moyenne était de
84,82 cycles par minute, peu différente
de celle retrouvée par THIOYE [81], qui
est de 83,08 c/min. La fréquence auriculaire était
inférieure à 100 c/min dans 71% des cas de notre série
contre 91,4% dans la série de THIOYE et 93,23% dans celle de DAMOROU.
· La fréquence ventriculaire moyenne était de
41,86 c/min dans notre série,
supérieure à celle que THIOYE
[81] a trouvée (36,09 c/min) et 65,6% de nos malades
avaient une fréquence ventriculaire inférieure à 40 c/min
contre 45,2% pour THIOYE et 56,9% pour DAMOROU.
La fréquence ventriculaire que nous avons retrouvée
n'est pas très différente de la fréquence cardiaque
moyenne auscultatoire (43,06 bpm).
· Un peu plus de la moitié de nos malades (51,57%)
avaient un complexe QRS
élargi. La durée moyenne du QRS était de
0,1166 S.
D'autres auteurs [16, 21, 81] ont noté un
pourcentage plus élevé avec respectivement 65,71% pour Charles;
79,31% pour DAMOROU et 60,4% pour THIOYE.
· La majorité de nos malades avaient un BAV du
troisième degré avec 79,68% des
cas contre 9,37% de haut degré; 3,12% de deuxième
degré et 4,68% de premier degré. Nous avons noté un bloc
tri-fasciculé dans 3,12% des cas.
Des proportions similaires ont été signalées
dans d'autres séries [16, 21, 54, 69]. IHENACHO
[52] par contre n'avait noté que 46,66% de cas de BAV
complet avec 53,33% de BAV du deuxième degré.
Dans ces différentes séries [16, 21, 52,
54, 69] qui portaient pour l'essentiel sur la stimulation cardiaque,
aucun cas de BAV du premier degré n'a été
signalé.
· Nous n'avons cependant pas retrouvé de
corrélation entre les données de
l'électrocardiogramme ni avec les différents
symptômes observés, ni avec les signes physiques retrouvés.
Le test du Khi deux n'étant statistiquement significatif dans aucun
cas.
D- L'écho Doppler cardiaque
Il a été réalisé chez 90% de nos
malades.
· Seuls 7,81% des malades avaient une fonction systolique
ventriculaire gauche
altérée contre 81,25% de fonction systolique
ventriculaire gauche conservée.
· Les autres anomalies de l'écho Doppler cardiaque
étaient dominées par la
dilatation des cavités cardiaques (26,5%) qui
intéressait dans 15,56% les cavités gauches de façon
isolée. Dans 9,37% des cas il s'agissait d'une dilatation des
cavités cardiaques gauches et droites avec tableau de myocardiopathie
dilatée. Une dilatation isolée du ventricule droit n'a
été observée que dans 1,56% des cas dans un contexte
d'insuffisance tricuspidienne sévère avec HTAP importante.
Nous avons noté 39% d'atteinte valvulaire contre 69,9%
dans la série de THIOYE et 71,77% dans celle de DAMOROU.
L'HTAP a été observée dans 26,56%. Elle
était modérée dans la moitié des cas.
Un trouble de la relaxation du ventricule gauche a
été retrouvé chez 23,43% de nos malades avec un rapport
E/A inférieur à 1.
Ces anomalies étaient expliquées le plus souvent
par une pathologie associée : une HTA, une cardiopathie
ischémique, une atteinte valvulaire primitive ... etc.
IV- L'étude du terrain sous-jacent
Notre échantillon présentait des pathologies
associées au trouble conductif dans certains cas notamment une
myocardiopathie, une HTA ou une atteinte valvulaire importante à
sévère avec HTAP.
Une pathologie extra-cardiaque était notée dans
d'autres cas de pneumopathie, de diabète et d'insuffisance
rénale chronique.
V- Les étiologies
L'étiologie était supposée d'origine
dégénérative dans 82,81% des cas de notre série.
Nos critères diagnostiques étiologiques étaient
basés sur l'existence d'une cause secondaire (pathologie
associée) et sur l'étude du terrain (âge et
antécédents).
En l'absence d'une cause secondaire évidente chez le sujet
âgé, nous avions retenu la cause
dégénérative.
Nous n'avions cependant pas noté de cause
congénitale.
Dans 4,68% une cause ischémique a été
évoquée dont un cas d'infarctus circonférentiel aigu du
myocarde et deux cas de myocardiopathie chronique d'origine ischémique.
Une cause infectieuse (1,56%) a été
évoquée devant un tableau suspect de myocardite aiguë chez
une patiente âgée de 33 ans sans antécédents
cardio-vasculaires connus. Cependant nous n'avions pas d'arguments
décisifs pour la confirmation du diagnostic ( sérologie non
faite).
Deux cas de BAV (3,12%) ont été
étiquetés d'origine iatrogène suite à un traitement
par un digitalique d'une part et par un bêta-bloquant d'autre part.
L'arrêt du digitalique était suivi de la disparition du trouble
conductif chez un malade présentant un BAV du deuxième
degré type 2; par contre l'arrêt du bêta-bloquant n'avait
fait disparaître le trouble conductif dans `autre cas de BAV complet sur
fibrillation auriculaire chez une patiente traitée pour une maladie de
Basedow.
Chez quatre malades (7,81%), nous avions retenu le diagnostic
d'hypertonie vagale chez des sujets jeunes sportifs présentant pour les
3 cas un BAV du premier degré et pour le dernier un BAV du
deuxième degré type 2. L'épreuve d'effort a
été caractérisée chez les trois patients par une
accélération de la fréquence cardiaque avec
régression du trouble conductif à l'effort.
Dans la littérature plusieurs causes de BAV sont
décrites [8, 31, 44, 46, 47, 48, 65, 72].
Le BAV secondaire à l'infarctus du myocarde est
décrit avec des prévalences variables de 12 à 25% selon
Djiane P [31]; 7,6% dans la série de HANNACHI
[47] et 21,7% dans la série de Ben Ameur
[8].
L'étiologie dégénérative reste
fréquente 38% d'après Davies [31] et 75% des cas
chez les sujets de plus de 65 ans [31].
Le BAV congénital est aussi largement rapporté
[ 17, 31, 44, 48, 65, 72]. Les BAV congénitaux
isolés sont fréquemment associés à une maladie
auto-immune de la mère.
L'étiologie virale est décrite [31,
62] et serait secondaire à une infiltration cellulaire et/ou
une fibrose myocardique touchant les voies de conduction. Nous avons
observé un cas de BAV du troisième degré sur myocardite
aiguë probable.
D'autres causes décrites [31] : BAV
iatrogène médicamenteux ou après chirurgie cardiaque ou
lors d'un cathétérisme cardiaque droit [31]; BAV des
valvulopathies, des myocardiopathies, des tumeurs cardiaques, des maladies du
système et les BAV par infiltration septale.
VI- Aspects thérapeutiques
A- Les moyens thérapeutiques utilisés
· La majorité de nos malades ont
bénéficié de la stimulation cardiaque définitive
(75% de l'effectif total). Une patiente a
bénéficié d'une stimulation cardiaque temporaire pendant
18 jours. Une stimulation cardiaque définitive n'a pu être
réalisée faute de moyens financiers permettant à la
patiente de se procurer un pacemaker, le service social de l'hôpital
était aussi dans l'incapacité de faire face aux frais
nécessaires.
Les indications de la stimulation cardiaque définitive
sont dominées chez nos malades par le BAV du troisième
degré (91,66%) contre 6,25% de BAV du haut degré et 2% de bloc
tri-fasciculé.
Dans la série de IHENACHO il a été
noté 50% de pacemaker définitif pour BAV complet, DAMOROU avait
retrouvé 87,37%, NDORI 80%, TOURE 100% et THIOYE 94,9%.
· Les autres modalités thérapeutiques
utilisées sont généralement en rapport
avec une étiologie retrouvée ou dans le cadre du
traitement d'une pathologie associée. C'est ainsi chez deux malades
(3,12%) l'indication de l'arrêt d'un médicament a
été posée; chez deux autres le traitement médical
de la cause supposée du trouble conductif a été
instauré : corticothérapie dans un cas de myocardite
aiguë et thrombolyse dans un autre cas d'infarctus circonférentiel
du myocarde en phase aiguë.
La correction de tout autre trouble était
systématique en fonction des indications thérapeutiques en
vigueur.
Il faut noter que pour tous les cas de stimulation cardiaque
définitive l'antibio-prophylaxie était systématiquement
utilisée par voie intraveineuse en pré-opératoire
immédiat avec un relais per os par une céphalosporine de
troisième génération durant une dizaine de jours.
Cette attitude reste contre-versée dans la
littérature [20, 42].
Ainsi à l'issue d'une étude prospective sur la
prévention poly-factorielle des endocardites et stimulateurs cardiaques,
GRAUX P et al [42] ont préconisé
l'antibioprophylaxie pré opératoire systématique par voie
intra-veineuse répétée en fonction de la durée de
l'intervention. Ce protocole a été validé en 1992 lors de
la conférence de consensus de la société française
d'anesthésie et de réanimation [42]. Toutefois
d'autres auteurs ne trouvent pas de différence significative entre les
groupes traités et les groupes non traités. C'est le cas
notamment de Harstein [42]. Pour certains, elle ne serait
utile que lors des remplacements de boîtiers ou lors de stimulation
à risque [42].
Pour d'autres enfin elle permettrait de réduire le risque
infectieux [42].
La méta-analyse réalisée par Da Costa et al
à partir de 7 études prospectives randomisées,
[20] suggère un effet préventif du traitement
antibiotique prophylactique sur la survenue des complications infectieuses
après pose de pacemaker (p= 0,0046).
· Dans notre étude un groupe de 11 malades (17,18%)
n'ont bénéficié d'aucun
traitement.
Cette abstention thérapeutique était fondée
pour les 4 cas (6,25%) sur l'absence d'indication. Il s'agit de trois cas de
BAV du premier degré et d'un cas BAV du deuxième degré
type II chez un sportif.
Dans 3 autres cas (4,68%) de BAV du troisième l'abstention
était liée d'une part à un défaut de moyens
financiers et d'autre part au refus de la stimulation pour l'un et à un
état clinique ne permettant pas la stimulation ( pneumopathie
infectieuse sévère sur une insuffisance rénale terminale)
pour le dernier.
Dans un cas de bloc tri-fasciculé sur un terrain de
diabète de type II, l'abstention était justifiée par une
décompensation aiguë en acido-cétose .
Les 3 derniers cas d'abstention sont des BAV de haut degré
qui n'ont pas été stimulés faute de moyens financiers.
B- Les indications thérapeutiques chez nos
malades
· L'indication d'une stimulation cardiaque définitive
était posée dans 57 cas
(89,06%) dont 49 cas de BAV complet (76,56%), 6 cas de BAV de
haut degré (9,37%) et 2 cas de bloc tri-fasciculé (3,12%).
Cependant seuls 48 malades de ce groupe (84,21%) ont pu
bénéficié de la stimulation cardiaque.
Dans les 9 cas restants (15,78%), la stimulation cardiaque n'a pu
être réalisée pour les raisons suivantes :
- défaut de moyens financiers dans 6 cas (10,52%);
- pathologie associée dans 2 cas (3,5%);
- refus du malade dans 1 cas (1,75%).
Le pourcentage de stimulation retrouvé dans d'autres
séries est variable.
Ainsi Damourou [21] avait noté 100% de
stimulation cardiaque dont 87,5% pour BAV complet.
DIOP [30] en avait noté moins que dans
notre série avec 55% de stimulation, de même que IHENCHO
[52] qui avait retrouvé 60% dont 20% pour BAV complet
et 33,33% pour BAV du deuxième degré type II.
· Les autres indications thérapeutiques, dans notre
étude, sont essentiellement
liées à l'étiologie et au degré du
BAV.
Ainsi le traitement médical a été
proposé dans 2 cas (3,12%) dont un cas de BAV complet sur une
myocardite aiguë probable traitée par corticoïdes et un autre
cas de BAV complet sur infarctus du myocarde circonférentiel.
L'abstention thérapeutique a été retenue
dans 4 cas (6,25%) dont 3 cas de BAV du premier degré et un cas de BAV
du deuxième degré type II alors dans 2 cas l'arrêt d'une
intoxication médicamenteuse a été proconisée.
C- Les modalités de la stimulation
cardiaque
1- La technique de stimulation
L'ensemble de nos malades stimulés ont été
abordés par voie sous-clavière gauche par ponction veineuse
directe selon la technique de Seldinger.
Le site d'implantation était pré-pectoral et le
côté gauche chez tous nos malades.
La stimulation était endocavitaire dans tous les cas de
notre série.
Le côté de l'implantation importe peu et la
préférence devrait rester celle du malade. Pour certains, le
côté opéré doit être contre-latéral
à la main dominante [73].
Les préférences de l'implanteur interviennent aussi
dans le choix du côté.
Le côté droit pose le problème du passage des
sondes au niveau du confluant jugulo-sous-clavier de Progoff et le
côté gauche celui du passage de la jonction tronc
brachio-céphalique - veine cave supérieure
[73].
2- Le mode stimulation cardiaque
La stimulation mon-chambre a été le mode
stimulation majoritairement utilisé dans notre série avec 93,75%
des cas dont 83,33% en mode VVI et 10,41% en mode VVIR. La stimulation
double-chambre n'a été utilisée que chez trois patients
dans notre série (6,24%) dont deux cas (4,16%) en mode DDD et un cas
(2,08%) en mode VDDR.
Ces caractéristiques de stimulation sont
généralement retrouvées dans les pays
économiquement faibles. Ainsi dans les séries africaines
[52, 54, 69, 80, 81] le mode VVI était respectivement
retrouvé dans les proportions suivantes : 75%, 97,36%, 82,35%, 100%
et 87%.
Le choix de ce mode VVI (moins cher) dans notre série
serait liée aux possibilités d'acquisition de façon
générale des pacemaker.
Cependant la tendance actuelle est à l'utilisation de la
stimulation double-chambre chaque fois que possible [4, 9, 14, 15, 50,
60], car elle semble le moyen le plus adapté pour assurer une
synchronisation harmonieuse entre les oreillettes et les ventricules avec
possibilité d'adaptation de la fréquence cardiaque aux besoins
métaboliques.
En effet la comparaison des modes de stimulation cardiaque VVI et
DDD sur la performance à l'effort évaluée par la mesure
des échanges gazeux respiratoires montre un bénéfice en
faveur du mode DDD. Ce bénéfice semble surtout lié au gain
en fréquence cardiaque qu'offre le mode DDD [14].
VII- aspects évolutifs
A- évolution des BAV après stimulation
cardiaque définitive
· Pendant la procédure de d'implantation, nous avons
observé sept cas de
syncope (10,93%) dont une par tachycardie ventriculaire et les
autres par asystolie ventriculaire.
Un patient en insuffisance cardiaque globale a
présenté un tableau d'oedème aigu du poumon
nécessitant l'administration intra-veineuse de Furosémide sur la
table d'implantation.
· Durant la période post-implantation, notre travail
n'a couvert que la durée de
l'hospitalisation. Néanmoins, quelques
événements ont été notés :
- un défaut de stimulation dans 2 cas (4,16%) lié
à un défaut de programmation
ayant nécessité une reprogrammation;
- un déplacement de sonde auriculaire
repositionnée;
- un cas d'accident vasculaire cérébral
ischémique régressif (2,08%). Ce type de
complications a été rarement décrit dans la
littérature et serait en rapport avec une malposition de la sonde dans
le ventricule gauche au travers d'un foramen ovale perméable
[57, 58].
Charles a noté un cas d'embolie cérébrale
chez une patiente qui présentait par ailleurs une fibrillation
auriculaire.
- une persistance de l'hypertension artérielle dans 4 cas
(8,33%).
- Un seul décès (2,08%) a été
noté dans la période post-implantation immédiate
chez un patient présentant par ailleurs une pneumopathie
aiguë sévère et une insuffisance tricuspide importante avec
HTAP sévère.
Son décès serait en rapport avec cette
infection.
D'autres auteurs [16, 21, 30, 69] ont
noté : Charles 3 cas de décès (8,57%) dont un par
embolie cérébrale, un par tétanos et un par insuffisance
cardiaque; THIOYE a déploré 5 décès (8,1%)
liés une pathologie associée dans 80% des cas; DAMOUROU a
noté 3 cas de décès (6%); DIOP sur un suivi de 210 jours
n'a signalé aucun décès, seule une malposition de sonde;
NDORI de même n'a noté aucun décès.
Quant à THIAM [80], il a noté 5
décès (5,4%) sans rapport avec la stimulation.
De nombreuses complications secondaires à l'implantation
d'un pacemaker sont décrites dans la littérature. Parmi
celles-ci, les infections sur sondes de pacemaker sont les plus
fréquemment rapportées avec des prévalences qui varient de
0,15 à 12% [19, 27, 29, 38, 39, 42, 55, 63, 64, 79,
85].
En l'absence de recul suffisant nous n'avons observé
aucune complication infectieuse, d'où l'intérêt de
poursuivre ce travail ultérieurement pour l'évaluation à
long terme de nos malades traités par stimulation cardiaque
définitive.
B- L'évolution des BAV non
stimulés
Nous avons noté la régression du trouble conductif
après arrêt d'une intoxication médicamenteuse dans un cas
de BAV du deuxième degré type 1 secondaire à un traitement
par digitalique. Un deuxième cas de régression est survenu pour
un BAV complet apparu précocement à la phase aiguë d'un
infarctus circonférentiel du myocarde qui a été
thrombolysé. Cependant l'évolution finale de ce patient a
été marquée par le décès dans un tableau de
dysfonction ventriculaire gauche sévère avec état de choc
cardio-vasculaire réfractaire aux amines vasopressives. Le BAV dans
l'infarctus du myocarde est largement décrit dans la littérature
avec des prévalences de 10 à 15% dans les infarctus
inférieurs qui s'accompagnent d'une mortalité
élevée (12%) et d'un surcroît de complications
hémodynamiques [8].
Nous avons noté trois autres cas de décès
dont un cas de BAV complet décédé d'une insuffisance
rénale chronique terminale associée à une infection
pulmonaire sévère; un deuxième cas de BAV complet
secondaire à une myocardite aiguë probable chez un adulte jeune.
Son décès est survenu dans un tableau de coma
acido-cétosique sur diabète cortisonique. Le troisième
décès est survenu aussi dans un tableau de décompensation
aiguë d'un diabète de type 2 chez patient porteur d'un bloc
tri-fasciculé.
C- L'évolution globale
La mortalité globale dans notre étude est de 9,37%.
Il s'agit de la mortalité relative à l'ensemble de tous les
malades stimulés et non stimulés. Un seul cas de
décès a été noté après stimulation
cardiaque définitive (1,56%) dans un contexte d'infection pulmonaire sur
insuffisance tricuspide importante avec HTAP sévère; un cas
après stimulation cardiaque temporaire par déplacement de la
sonde (1,56%) et 4 cas de décès par affection intercurrente pour
des BAV non stimulés (6,25%).
Toutefois l'évolution a été favorable dans
62,5% des cas, stationnaire dans 10,93% et 3 malades ont été
perdus de vue (4,68%).
|