CONCLUSION
Les troubles de la conduction auriculo-ventriculaire constituent
une réalité dans la pratique médicale cardiologique
à Dakar. L'avènement de la stimulation cardiaque dans le
traitement des troubles sévères de la conduction
auriculo-ventriculaire a radicalement transformé le pronostic des blocs
auriculo-ventriculaires. Au Sénégal, la pratique de la
stimulation cardiaque est devenue une méthode thérapeutique de
plus en plus utilisée [16, 21, 30, 54, 77, 78].
Nous avons essayé de montrer, à travers ce travail
certains aspects des troubles de la conduction auriculo-ventriculaire de tout
type dans le service de cardiologie de l'hôpital Aristide Le Dantec de
Dakar, à partir d'une étude prospective et descriptive sur 64 cas
de BAV colligés dans ce service durant la période de janvier 2002
à octobre 2003.
Nous avons noté durant la période que couvrait
notre étude, une prévalence de ce trouble conductif égale
à 4,9% de l'ensemble des malades hospitalisés dans le service
durant la même période. Cette prévalence semble en
progression comparativement aux années précédentes
[30].
Les troubles de la conduction auriculo-ventriculaire semblent
être une affection du sujet âgé dans notre série.
L'âge moyen de nos malades était de 63,81ans.
Une légère prédominance féminine a
été notée avec un sexe ratio égal à 0,94.
Le niveau socio-économique de nos malades est faible
à moyen dans une large majorité (93,7%).
L'antécédent le plus fréquemment
retrouvé demeure l'hypertension artérielle. Il s'agissait
plus-tôt d'une fausse hypertension artérielle car cette
dernière n'a persisté que dans 6,25% après stimulation
cardiaque.
La symptomatologie chez nos patients était dominée
par la dyspnée cependant l'affection est révélée
par une syncope ou un équivalent mineur de la syncope dans la
majorité des cas. Dans bien des cas ces signes sont associés.
Toutefois dans 12,5% le trouble était latent n'a
été découvert qu'au cours d'un bilan.
A l'examen physique, nous avons noté une pression
artérielle systolique moyenne de 166,72 mm Hg et une pression
artérielle diastolique moyenne de 80,33 mm Hg.
Le profil tensionnel des malades était dominé par
la fausse hypertension artérielle (42,18%), tandisque la tension
artérielle était normale dans 35,93% et un collapsus
cardio-vasculaire a été noté dans un contexte d'infarctus
aigu du myocarde.
La fréquence cardiaque auscultatoire moyenne était
de 43 bpm. Plus de la moitié des malades (56,25%) avaient une
fréquence cardiaque inférieure à 40 bpm.
LA bradycardie a été retrouvée dans 85,93%
de l'ensemble de nos malades; rapportée au groupe des BAV complets et
des BAV de haut degré la bradycardie est notée dans 96,49%. Ainsi
la bradycardie demeure le signe spécifique le plus fréquemment
retrouvé. Elle doit rester, pour tout praticien médical un signe
d'appel fort et nécessiter au moins la réalisation d'un
électrocardiogramme de surface à la recherche du trouble de la
conduction auriculo-ventriculaire.
L'assourdissement des bruits du coeur est le second signe
physique le plus fréquent (73,4%), tandisque la systole en écho
n'a été notée que dans 25% et un souffle systolique
apexien dans 28,1%.
Des signes d'insuffisance cardiaque ont été
notés dans 14,5%.
A la radiographie du thorax, l'index cardio-toracique moyen
était de 0,53 et une cardiomégalie était retrouvée
dans 51,56%.
A l'électrocardiogramme de surface, la fréquence
auriculaire moyenne était de
84,22 cycles par minute et la fréquence ventriculaire
moyenne de 41,86 cycles par minute.
La majorité des malades étaient en BAV complet
(79,7%). Nous avons retrouvé 9,3% de BAV de haut degré; 4,6% de
BAV du deuxième degré; 3,12% de BAV du premier degré et
autant de blocs tri-fasciculés.
La durée moyenne du QRS était de 0,11S, elle
était élargie dans 51,57%.
Le rythme auriculaire était sinusal dans 96,87%.
A l'écho Doppler cardiaque la fonction systolique
ventriculaire gauche était conservée dans 76,56%,
altérée dans 7,81% et non étudiée dans 14,62%.
Les autres anomalies retrouvées à l'écho
Doppler cardiaque sont dominées par la dilatation des cavités
cardiaques (37,5%) dont 10,9% de myocardiopathie dilatée; l'atteinte
valvulaire primitive dominée par l'insuffisance mitrale et
l'insuffisance tricuspide; l'hypertension artérielle pulmonaire et les
troubles de la relaxation du ventricule gauche.
La presque totalité de nos malades avaient un BAV
chroniques (98,43%) avec une étiologie dégénérative
dominante (82,81%). Nous avons noté deux cas de BAV aigu par infarctus
du myocarde dont l'un a régressé après thromblyse
tandisque l'autre a dû bénéficié de pacemaker
définitif. Un cas fortement suspect de myocardite aiguë a
été observé, une étiologie iatrogène dans
3,12% et une hypertonie vagale dans 6,24%.
La majorité de nos malades ont
bénéficié de la stimulation cardiaque définitive
(75%). Il s'agissait dans tous les cas de primo-implantation. La voie d'abord
était sous-clavière et la stimulation endocavitaire dans tous les
cas.Les indications de la stimulation cardiaque étaient essentiellement
le BAV complet (91,66%).
Dans 10,93% l'indication d'une stimulation cardiaque a
été posée mais elle n'a pu être
réalisée par défaut de moyens financiers le plus souvent.
La stimulation était de type mono-chambre dans la
majorité des cas (93,75%) dont 83,33% en mode VVI et 10,41% en mode
VVIR.
La stimulation double chambre n'a été
réalisée que dans 6,25%.
Pendant la procédure de stimulation nous avons
noté en per-opératoire 9 cas de syncope à
répétition, un cas d'inefficacité du stimulateur et un
oedème aigu du poumon sur la table opératoire.
La mortalité globale était de 9,37% dont un cas de
décès (1,56%) par infection pulmonaire sur insuffisance
tricuspide après stimulation définitive et un cas de
décès après stimulation cardiaque temporaire suite au
déplacement de la sonde. Les autres cas de décès sont
survenus chez des malades non stimulés et la cause du
décès ne serait pas en rapport avec le trouble conductif.
L'hypertension artérielle a persisté dans 8,33%.
Un cas de déplacement de sonde auriculaire a
été noté de même qu'un défaut de stimulation
et une embolie cérébrale régressive à distance de
la stimulation.
Nous avons enregistré la régression d'un BAV de
deuxième degré iatrogène, par intoxication digitalique,
après arrêt du médicament.
L'évolution était simple dans 62,5% cependant
nous n'avions pas étudié l'évolution à long terme
après stimulation définitive.
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