TROISIEME PARTIE
L'environnement des opérateurs
Chapitre 1 ; l'environnement
économique
Plusieurs dimensions de l'environnement des opérateurs
économiques sont à prendre en compte : les infrastructures, le
coût des services publics, la qualification de la main-d'oeuvre entre
autres.
Section 1 : les infrastructures
Les routes ne sont pas entretenues. L'aéroport
international de Moroni Hahaya nécessite une réfection de son
revêtement. Le port en eau profonde d'Anjouan nécessite un
désensablement ainsi que la construction de déviations pour
éviter un ensablement ultérieur. Le port de Moroni
nécessite, pour que les services portuaires soient
améliorés, la création d'une gare maritime qui permet de
séparer le trafic inter îles du trafic international ainsi qu'une
amélioration des conditions de déchargement.
Deux types de travaux d'infrastructure sont menés. Les
premiers sont constitués de projets locaux plutôt orientés
vers la satisfaction des besoins des collectivités et partiellement
financés par elles : ces travaux reçoivent l'appui du projet du
Fonds d'appui aux développements communautaire (FADC). Qui est un projet
de la Banque mondiale d'appui à la réalisation d'infrastructures
locales : adductions d'eau, écoles, centres de santé,
marchés, routes, ponts, environnement, activités connexes
à l'agriculture, distribution de petits crédits.
Le FADC intervient comme maître d'oeuvre aussi bien
pour la préparation que pour la réalisation du projet et fait
travailler soit des entreprises, soit la population.
Le FADC octroie également des crédits de petit
montant, soit à des particuliers, soit à des communautés
villageoises, à charge pour ces dernières de reprêter les
fonds à des particuliers.
Les seconds sont des travaux de plus grande envergure ; ils
sont très largement financés par l'aide internationale.
Section 2 : les services publiques
Les coûts sont très élevés de :
- l'électricité ;
- les transports à longue distance ;
- les transports inter-îles dans certains cas.
Selon la Chambre de Commerce, le transport d'un conteneur
depuis Marseille coûte 1000 000 francs comoriens jusqu'à Mayotte
et 2 600 000 francs comoriens, jusqu'à Moroni. D'autres estimations
conduisent à un prix deux fois plus élevé seulement. Le
supplément de coût résulte à la fois des conditions
de déchargement et du faible trafic. Les mauvaises conditions de
déchargement engendrent des coûts liés au prix du
déchargement, à l'insécurité de ce mode de
déchargement et à l'immobilisation des navires (souvent plus de
quinze jours)
La construction du port en eau profonde à Anjouan
alors que la destination des marchandises importées était
majoritairement la Grande Comore fut sans doute une erreur. Le port d'Anjouan
est extrêmement sous-utilisé. Il semble que, pour la plupart des
produits, il soit moins coûteux de décharger un navire au large de
Moroni que de le décharger à Anjouan, puis de faire venir les
marchandises à Moroni.
La même remarque vaut pour les exportations.
La question qui se pose cependant aujourd'hui est celle
de l'utilisation des capacités du port d'Anjouan, dans le cadre d'une
politique de développement de produits d'exportation ; compte tenu de la
main-d'oeuvre disponible et moins chère à Anjouan, le port
pourrait retrouver une justification.
Il faut cependant noter que les transports entre les
îles et le transbordement n'accroissent, le coût du transport que
dans une mesure limitée, Par contre, si les marchandises viennent de
Madagascar, de Doubaï ou de Mombasa, le supplément de coût
est, relativement, plus important.
Les entreprises publiques sont en voie de privatisation ou de
mise en concession. Cette réforme pourrait contribuer à la
réduction du coût des services rendus. Ainsi, le prix de
l'électricité est l'un des plus cher au monde. Une
réduction substantielle du coût de l'électricité
pourrait être obtenue par substitution du fuel lourd au diesel, mais
l'étroitesse de la demande d'électricité semble limiter la
rentabilité d'une telle opération.
Il semblerait qu'il soit possible de construire des centrales
hydro-électriques à Anjouan. Il n'y a cependant pas
d'études sérieuses du projet. De plus, la dégradation de
l'environnement est un facteur négatif car l'île d'Anjouan est la
plus abîmée. Sur 25 rivières qui existaient en 1960, il
n'en reste aujourd'hui plus que 11.
2.1 - Coût du transport maritime et du
transbordement d'un conteneur de 20 (en FC)
France/Comores
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2 100 000 à 2 850 000
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Réunion/Comores
|
375 000 à 450 000
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Doubaï/Comores
|
1 200 000
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Mombasa/Comores
|
640 000
|
Madagascar/Comores
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75 000
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Moroni/Fomboni et Mutsamudi/Fomboni
|
56 000
|
Moroni/Dzaoudzi
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119 000
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Moroni/Mutsamudu
|
105 000
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Transbordement bord à bord
|
67 455
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Transbordement via quai
|
89 941
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Source : SOCOPOTRAM
Section 3 : la formation
L'état du système éducatif public s'est
récemment aggravé, à la suite des grèves et de la
démobilisation des enseignants, dues aux arriérés de
salaires. L'enseignement aux Comores, qu'il soit primaire ou secondaire, est
général alors qu'il est nécessaire de développer un
enseignement technique et une formation à la gestion des petites
entreprises.
Si les Comores manquent de personnel technique de niveau
secondaire, il n'en est pas de même pour les diplômés de
l'enseignement supérieur. Les comoriens qui ont fréquentés
les Universités et les grandes écoles à l'étranger
sont, en proportion de la population comorienne, très nombreuse.
Cependant, la plupart d'entre eux ne reviennent pas aux Comores.
A l'heure de la mondialisation, il n'y a guère plus
d'avantages comparatifs innés. Aux Comores, on l'a dit, ce sont
l'agriculture et le tourisme. Il y a par contre des avantages comparatifs
acquis par la formation des hommes et des femmes.
De ce point de vue, le système éducatif
comorien public présente deux défauts. En premier lieu, il est
déserté au profit de l'enseignement privé. La solution
à ce problème passe sans doute par le paiement des enseignants,
En second lieu, il est général et non orienté vers la
satisfaction des besoins de l'économie. Il faut réorienter une
partie importante des élèves vers des disciplines techniques.
Ceci ne sera pas facile, compte tenu de l'absence d'enseignants
spécialisés dans ces disciplines. Il y a sans doute là un
domaine où l'assistance technique pourrait être sollicitée,
pour former des formateurs.
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