Section 3 : l'épargne et l'investissement.
Le concept d'épargne (revenu moins consommation), n'a
de sens aux Comores que si l'on considère à la fois les comoriens
des Comores et les comoriens de France. Le montant de cette épargne
n'est pas connu, mais l'usage qui en est fait l'est, par l'observation des
comportements sinon par les statistiques. Les comoriens épargnent dans
diverses intentions dont deux revêtent une importance particulière
:
- la construction d'une maison (en génal, la maison
construite est réservée au grand mariage)
- le grand mariage lui-même.
De ceci, il résulte une insuffisance de fonds propres
dénoncés par les banquiers prêteurs.
Les deux motifs d'épargne évoqués
ci-dessus méritent d'être analysés du point de vue de leur
impact économique.
La construction de maisons à usage d'habitation ne
représente pas un investissement productif. Elle contribue cependant au
développement, mais pour une part relativement faible, pourtant c'est
une activité qui pourrait participer au développement si son
contenu en importation était diminué, or que nous constatons que,
le ciment, le fer et le quasi-totalité des autres intrants (carrelages,
sanitaires, ...) sont importés. Des tentatives de substituer aux
parpaings des briques en terre stabilisée n'ont pas reçu un
accueil favorable de la part des ménages qui construisent leurs
maisons.
Le projet d'un habitat social, s'il était
réalisé, devrait veiller au contenu en importations des
matériaux utilisés.
Le grand mariage est un phénomène
complexe. Il est un élément fondamental de la culture comorienne.
Du point de vue économique, il s'analyse, au niveau individuel, comme
une épargne positive (revenu supérieur à la consommation)
pendant les années qui précèdent le grand mariage, puis
une épargne négative (revenu inférieur à la
consommation) pendant le grand mariage et après le grand mariage.
Globalement, il y a en permanence des Hommes qui épargnent en vue du
grand mariage et d'autres qui désépargnent à l'occasion du
grand mariage ; il n'y a donc pas d'épargne au niveau
macro-économique. Le grand mariage permet d'accéder au rang de
notable qui présente des avantages en termes de statut social, Mais
aussi en termes économiques puisqu'il conduit à recevoir des
versements, en particulier à l'occasion des grands mariages futurs ; le
grand mariage s'analyse donc, comme un financement de retraite.
L'épargne en vue du grand mariage n'a pas pour
contrepartie macro-économique l'investissement d'autres agents, mais la
désépargne de ceux qui font le grand mariage. De ce point de vue,
il n'est pas un facteur de développement. Il peut cependant receler des
éléments positifs :
- c'est une composante de la demande intérieure ; ce
point de vue, sa contribution au développement dépend
fondamentalement de son contenu en importations ;
- c'est une incitation aux transferts des comoriens de
l'étranger.
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