Section 5 : la pêche.
La pêche artisanale est
pratiquée exclusivement à l'aide de pirogues monoxyles à
balancier (ngalawa), simple ou double, dont il y a environ 3000 pour les
îles. A l'heure actuelle, quelques rares pirogues ne sont pas
motorisées.
5-1 la situation actuelle du secteur.
En 1986, le projet de développement de la pêche
artisanale comportait un certain nombre de volets. Certains n'ont pas eu le
succès escompté, en particulier l'école de pêche
d'Anjouan. Un autre a été couronné de succès : la
construction de pirogues en fibre de verre motorisées dont
l'efficacité est trois fois supérieure à celle d'une
pirogue traditionnelle « ngalawa », à laquelle
était associée la formation des pêcheurs à de
nouvelles techniques, telle que celle de l'utilisation des DCP (dispositifs de
concentration du poisson) et celle de la pêche à la
traîne.
L'objet du projet était entre autres de
diminuer la pression sur les ressources du plateau littoral (les poissons
démerseaux), exploitées au point de ne plus se renouveler (comme
l'indiquait la petite taille des poissons pêchés et les dires des
pêcheurs), L'objectif était de développer la pêche
des poissons qui migrent au large du plateau continental (les poissons
pélagiques).
La production de poisson qui était avant le
démarrage du projet, de 8 000 tonnes par an est aujourd'hui de 13 000
tonnes, dont 70% de pélagiques et 30% de démerseaux, ce qui est
loin du maximum. De ceci, il résulte que, contrairement à ce qui
était le cas auparavant, il y a du poisson toute l'année sur le
marché.
La consommation de sardines en boîte a totalement
diminuée.
Le projet a également favorisé la mise en place
de chambre froide et de machines à fabriquer la glace (qui permettent de
conserver le poisson jusqu'à cinq jours). Il existe plusieurs chambres
froides à la Grande Comore, deux à Anjouan et une à
Mohéli.
Les associations de pêcheurs ont repris à leur
compte une partie des activités du projet, tels que l'achat de
pièces détachées.
Deux opérateurs privés ont poursuivi en Grande
Comore la fabrication des pirogues en fibre de verre.
5-2 : Les potentialités de la pêche
Il serait possible, avec les moyens techniques actuels
(pirogues en fibre de verre motorisées), d'augmenter la production, mais
ce ne serait pas rentable pour les pêcheurs compte tenu de la demande
intérieure. Cependant, une certaine augmentation de la demande
intérieure pourrait être satisfaite par un écoulement plus
régulier de la production rendu possible par des capacités de
froid (chambres froides ou glaces) accrues. La rentabilité de cette
régulation est cependant très incertaine. Elle permettrait des
prix plus élevés en cas de bonne pêche, par
rétention d'une partie de la pêche, mais elle conduirait à
des prix plus bas en cas de mauvaise pêche, par écoulement des
stocks. Elle aurait un coût important en énergie, dans
l'hypothèse où l'achat des équipements serait à la
charge des pêcheurs et non à celle d'un projet, rien ne garantit
la rentabilité de l'opération.
Indépendamment de la saturation du
marché intérieur, les possibilités d'extension de la
pêche des poissons démerseaux proposées par la FAO semblent
aujourd'hui devoir être remises en question. Il apparaît en effet
que dans la zone la plus poissonneuse des Comores, le plateau continental de
Mohéli, on assiste à un épuisement de la ressource,
à tel point que le PNUD a du monter un projet de protection du
patrimoine maritime.
Au delà d'un marché intérieur presque
saturé, serait-il possible de se tourner vers l'exportation. L'exemple
des pays de la région conduirait à se tourner vers des navires de
taille intermédiaire, entre 15 et 20 mètres de long, dont le port
d'attache serait Mutsamudu (Anjouan). Ce port pourrait également servir
de port de transbordement à la flotte de pêche qui croise dans la
région.
Ce projet devrait, pour aboutir, surmonter de nombreux
obstacles :
- le port d'Anjouan est utilisé comme port de
transbordement ;
- les services portuaires d'Anjouan sont coûteux et peu
efficaces ;
- le prix de l'énergie.
Ce projet ne pourrait aboutir que dans le cadre d'une
réhabilitation du port d'Anjouan.
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