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Le fédéralisme communal en Principauté d'Andorre

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par Pierre LAFFONT
Institut d'Etudes Politiques de Toulouse - Diplôme de l'IEP de Toulouse 2006
  

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Sous-section 2. Les limites intrinsèques au Conseil de la Terre

Les limites que nous allons énoncer témoignent, remises dans leur contexte, d'une faible importance des décisions du Conseil et de sa position relative dans l'ordre juridique andorran.

Avant toute chose, il est important de rappeler que nous désirons nous détacher de tout anachronisme, et que l'interprétation qui sera faite des limites n'a à voir que la situation du contexte juridique contemporain à la pratique institutionnelle de cette époque.

Tout d'abord, cet organe de type législatif ne possédait aucun pendant exécutif. En outre, le seul cas d'exécutif que l'on pourrait dégager serait la position et le rôle du Syndic, dans ce cas là président de cette assemblée. Cependant, sa fonction était assez restreinte, vu le manque de clareté concernant les compétences du Conseil. De plus, les commissions ou juntes, qui faisaient office de ministères déléguées, ne possédaient aucune autonomie normative, ce qui restreignaient leur champ d'actions. Dans la pratique, l'on parlera des exécutifs, car les normes votées par le Conseil étaient, dans leur ensemble, mises en pratique par les exécutifs parroissiaux.

De même, le Conseil n'avait aucune capacité pour réguler les compétences locales. Dans cette optique, il n'y avait qu'un contrôle unilatéral possible: du bas vers le haut. Ceci remet en cause l'autonomie d'action de l'assemblée nationale.

Ensuite, il est intéressant de noter que dans ce contexte de féodalité, et malgré la neutralité qui est à la base de l'émergence des Vallées d'Andorre comme entité politique, les Coprinces gardaient la main mise sur les affaires nationales courantes: toute mutation

institutionnelle passait obligatoirement par un décrêt conjoint27 des Chefs d'Etat28. Ainsi, toutes les politiques publiques étaient soumises à l'approbation postérieure des Coprinces. En conséquence, on peut dénoter un manque d'autonomie quant à la prise de décision.

Dans l'ordre juridique andorran de cette époque, les normes émanants du Conseil n'avaient qu'une porté réstreinte, et chaque paroisse restait cependant autonome dans la gestion de son domaine de compétences. Et ce malgré la supériorité hiérarchique et formelle de ces normes. Cette lacune hiérarchique provenait sans doûte du floux de répartition des compétences entre le local et le national, qui préférait le niveau local (car c'est bele et bien celui-ci qui déléguait ses compétences au niveau national). Enfin, il n'y a pas eu de création de nouvelles compétences au profit du Conseil de la Terre.

En dernier lieu, le nerf de la guerre: les finances. Comme nous le savons, en sociologie politique, le droit et les finances29 forment le duo par lequel l'autonomie d'une assemblée peut se caractériser. Même dans le contexte que nous décrivons, le Conseil de la Terre faisait à une problématique. En effet, pendant longtemps, le budget de ce Conseil provenait essentiellement des dotations faites par les Paroisses à ce même Conseil. En outre, les taxes et impôts (ex.: la très connue questa) étaient relevés par ces mêmes Comuns et redistribuaient, en partie au Conseil de la Terre. Les seules taxes qui lui incombaient directement étaient celles issues de l'importation et de l'exportation de produits agricoles et manufacturés. Cependant, à cette époque, le contexte n'était pas le même: l'accès très difficile des vallées d'Andorre réduisait très largement les échanges.

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