4. Freins et attentes
80 % des sages-femmes [68 % ; 93 %] et 86 % des médecins
généralistes [96 % ; 76 %] pensent qu'il est nécessaire de
collaborer davantage.
Afin de développer des liens entre eux, il va falloir
éliminer, ou du moins réduire les freins à cette
collaboration, énoncés dans la question 12.
Les médecins comme les sages-femmes évoquent en
premier lieu la méconnaissance du rôle et des
compétences des sages-femmes. (43 % des sages-femmes et 45 %
des médecins).
Ce résultat est peut être à minimiser. En
effet, des questions testant les connaissances des médecins sur ce
domaine au préalable, ont pu induire une réponse de ce type.
Néanmoins, les professionnels sont d'accord avec l'hypothèse
« la méconnaissance des compétences de la
sage-femme par les médecins généralistes est un frein
à la collaboration réciproque », même si
nous n'avons pu la démontrer clairement. Plusieurs occasions
permettraient de pallier à ces lacunes. Lors des séances de
formation continue, la place et le rôle de la sage- femme pourraient
être abordés. Les congrès donnent aussi l'occasion aux deux
professions de se croiser et de se rencontrer. C'est d'ailleurs la rencontre
que les médecins ont citée comme étant le meilleur outil
qui permettrait l'amélioration de la qualité de la collaboration.
Des publications sur leurs fonctions réciproques, dans des revues
professionnelles (Profession
sage-femme ou La Revue du Praticien par
exemple) permettraient à chacun de mieux cerner le travail de l'autre.
Une plaquette sur l'activité, que les sages-femmes pourraient distribuer
aux médecins de leur secteur, serait aussi un moyen de pallier à
ce frein. C'est d'ailleurs cette idée qui a été retenue
comme l'outil utilisable par 77 % des sages-femmes et 67 % des médecins.
Une plaquette existe sur Toulouse et sa périphérie, regroupant
les coordonnées et les soins proposés par les sages-femmes
libérales ; il s'agit donc de la diffuser largement aux médecins
de ville.
Nombre d'entre eux ont évoqué le manque de
communication entre les deux professions.
Nous l'avons vu, les sages-femmes privilégient les
lettres et les médecins le téléphone. Ces deux moyens ont
leurs limites : la lettre, remise à la patiente ou envoyée, n'est
pas consultée instantanément par la personne concernée. La
communication téléphonique peut déranger le professionnel
en consultation ou être impossible car freinée par les
secrétaires.
Le carnet de maternité, pourtant outil de
référence, cité comme idéal pour 61 % des sages-
femmes et 68 % des médecins, n'est utilisé actuellement que par
28 % d'entre elles et 27 % d'entre eux. Plusieurs hypothèses peuvent
être envisagées. D'abord, la contrainte pour le professionnel
remplissant déjà ses propres dossiers de suivi (sous forme papier
ou informatique) de remplir aussi le carnet de la patiente. Notons que les
patientes entrent en possession de ce carnet qu'après la
déclaration de grossesse, elles le reçoivent donc rarement avant
20 SA, il ne peut donc être rempli dés le début. Enfin, sa
forme et son fonctionnement actuel ne sont peut être pas satisfaisants,
et seraient à modifier (autre moment de diffusion). Il en est d'ailleurs
propos dans le plan de périnatalité 2005-2007.
Le dossier informatisé partagé n'est cité
qu'en dernière position des moyens à exploiter pour
échanger l'information. Même si l'informatique n'est pas encore
chose aisée pour tous, et le réseau Internet pas encore bien
distribué dans certaines zones rurales, le DMP sera probablement le
dossier médical de référence dans l'avenir, la
difficulté sera de mettre d'accord un maximum de professionnels sur ses
modalités et l'organisation de son contenu.
Plusieurs ont évoqué le manque de
temps pour se rencontrer ; il est vrai que des rencontres
individuelles sont parfois difficiles à envisager au vue de la charge de
travail importante de certains professionnels. Là aussi, les
congrès, les publications ou les plaquettes d'activités
pourraient être une solution.
Certains médecins disent ne pas connaître de
sage-femme ; la distribution d'une plaquette de contact pourrait
pallier à ce frein.
Six sages-femmes ont parlé de
concurrence. Il est vrai que concernant le suivi de la grossesse, les
compétences des médecins et des sages-femmes se rejoignent. Mais
ne pourraient-elles pas se croiser ? Le médecin
généraliste, désormais référent
connaît bien la patiente, sa santé, sa condition sociale et
familiale, son milieu de vie, son histoire, car il a l'habitude de la soigner.
La sage-femme, professionnelle de la grossesse, sait répondre aux
besoins spécifiques de la femme enceinte ou de la jeune mère.
L'union de toutes ces compétences permettrait une excellente
qualité de prise en charge. Les mêmes arguments tendent à
prouver que la collaboration exclusivement avec le spécialiste
gynécologue obstétricien (comme évoqué par quelque
uns) n'est pas suffisante.
Le 6 Mars 2008, sur Toulouse, a eu lieu une rencontre entre
les médecins généralistes et les sages-femmes. Les
professionnels ont pu, pendant quelques heures, se présenter, se
rencontrer, discuter, échanger sur leurs pratiques, leurs
difficultés, leurs attentes, et élaborer des pistes pour une
meilleure collaboration. Cette réunion, encore une fois, démontre
la volonté qu'ont ces professionnels de travailler ensemble.
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