3. Méconnaissance des compétences
réciproques
3.1. Les sages-femmes
Vingt neuf pour cent des sages-femmes pensent que le
médecin n'a pas dans ses compétences le suivi de la grossesse, et
15 % ne savent pas (Graphique 2). Cette réponse peut paraître
surprenante, mais il est possible que cette question ait été mal
interprétée comme nous l'avons précisé
auparavant.
3.2. Les médecins
Nous avons testé les connaissances des médecins
sur les compétences de la sage- femme (Tableau 11 et Graphique 10). 24
d'entre eux ont donné au moins 4 bonnes réponses, et 20 se sont
trompés au moins quatre fois. En ce qui concerne le suivi de grossesse,
nombre de médecins généralistes ne savent pas que les
sages-femmes peuvent réaliser la déclaration de grossesse : ils
sont seulement 32 % à avoir répondu oui à cet item. En
revanche, la majorité sait qu'elles peuvent assurer la consultation post
natale. Il est vrai que ces deux actes sont sous la responsabilité de la
sage-femme depuis 2004 seulement.
Pour 58 % d'entre eux elle a le droit de suivre la grossesse
jusqu'au 9ème mois. Nous pouvons donc dire que la plus grande
partie des médecins n'a pas connaissance de l'autonomie professionnelle
de la sage-femme en ce qui concerne le suivi de la grossesse normale, suivi
qu'elle peut assurer dans son intégralité depuis 2004.
En ce qui concerne les prescriptions, les médecins
savent que la sage-femme peut prescrire les examens biologiques. Ils sont
très partagés (43 % pensent que oui, 41 % que non) en ce qui
concerne les antibiotiques, que peuvent prescrire les sages-femmes depuis
octobre 2005 pour une infection urinaire ou vaginale, en s'appuyant sur un
antibiogramme.
Nous avons eu la surprise de constater que 48 % des
médecins pensent que la sage- femme est autorisée à
pratiquer une version par manoeuvre externe, technique obstétricale qui
consiste à retourner un foetus se présentant par le siège.
Elle se fait par manipulation de l'utérus avec les mains, à la
maternité, par un obstétricien. La sage-femme peut proposer des
alternatives à la version, comme de l'acupuncture ou des méthodes
posturales, mais elle n'a pas le droit de pratiquer cet acte. Les
médecins voient-ils les sages-femmes comme des techniciennes, dispensant
seulement des soins ponctuels aux parturientes ? Connaissent-ils le statut
médical de la profession et son autonomie ? Connaissent-il la fonction
de prise en charge globale que peut assurer la sage-femme, son rôle
d'accompagnement de la famille à venir mais aussi de dépistage,
de diagnostic médical, de prescription d'examens complémentaires
et de médicaments ?
Nous pouvons nous demander si les médecins qui
pensaient bien ou très bien connaître les compétences de la
sage-femme sont ceux ayant donnés davantage de bonnes réponses.
Nous avons croisé les réponses aux questions 5 et 6.
Barème
d'appréciations
Bonnes Réponses
|
Très bien / Bien
|
Un peu / Pas du tout
|
Total
|
5 et plus
|
3
|
11
|
14
|
4 et moins
|
12
|
18
|
30
|
Total
|
15
|
29
|
44
|
Tableau 16
Si 32 % des médecins connaissent plutôt bien les
compétences de la sage-femme, seulement 21 % en avaient conscience.
Il est surprenant de constater que 40 % de ceux ayant fait plus
de 4 erreurs croyaient plutôt bien connaître le rôle de la
sage-femme.
Même si ces pourcentages semblent significatifs, le test du
Chi 2 montre qu'il n'y a pas de lien entre l'appréciation donnée
et le nombre d'erreurs (p = 0,30).
Les médecins ont quand même des
difficultés à évaluer leurs connaissances dans ce domaine,
d'autant que plusieurs questionnaires étaient raturés, montrant
une hésitation, ou un changement d'avis à posteriori, que ce soit
pour la question 5 comme pour la 6.
Les médecins suivant des grossesses ne connaissent ni
mieux ni moins bien que leur collègues les compétences des
sages-femmes.
Nous avons, de la même façon, comparé ceux
ayant reçu une formation et ceux ayant fait le moins d'erreurs. On
constate d'après le test du Chi 2 qu'il n'y a pas non plus de lien : p =
0,20. On peut supposer que lors de la formation continue portant sur
l'obstétrique ou la gynécologie, les médecins n'ont pas
reçu d'information sur leurs collaboratrices sages- femmes ou qu'ils ne
l'ont pas retenue.
En revanche, les médecins ayant donné au moins cinq
bonnes réponses sur les compétences de la sage-femme, ne semblent
pas orienter plus souvent les patientes vers une
sage-femme. Si les médecins connaissaient mieux les
compétences de la sage-femme, collaboreraient-ils davantage? Les
réponses que nous avons ici ne nous permettent pas de conclure, nous ne
pouvons généraliser après avoir évalué
seulement ces huit points. Nous ne pouvons ni confirmer, ni infirmer cette
hypothèse seulement avec ce questionnaire, trop restrictif et
représentant un faible échantillon. Pour mieux répondre
à cette question, nous pourrions par exemple évaluer
l'évolution de la collaboration après une information des
médecins généralistes.
Les sages-femmes libérales, comme les médecins
généralistes, tout critère confondu, ont plutôt une
mauvaise perception des compétences et du rôle de chacun en ce qui
concerne la prise en charge de la femme enceinte.
Nous ne pouvons pas répondre à la question : une
meilleure connaissance du rôle de la sage- femme par les médecins
généralistes permettrait-elle une meilleure collaboration ?
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