2. Etat des lieux de la collaboration
Dans notre étude, il ressort que les sages-femmes
trouvent en général la collaboration plutôt mauvaise,
qu'elles aient ou non informé le médecin de leur secteur, sur
leurs activités, tout critère confondu (milieu d'exercice,
année d'installation). (Graphique 6)
Les médecins ont répondu globalement de la
même façon. (Graphique 15)
Si 73 % des sages-femmes disent orienter
régulièrement des patientes vers le médecin
généraliste, une large majorité des médecins ne
reçoit jamais ou rarement des patientes orientées par une
sage-femme. Les différences peuvent s'expliquer par
l'interprétation des adjectifs « souvent »,
« parfois », « rarement », mais aussi par
la démographie médicale : il y a beaucoup plus de médecins
généralistes que de sages-femmes libérales, ainsi la
population orientée par les sages-femmes se trouve très
éparpillée parmi les médecins traitants.
Nous pouvons nous demander à quelles occasions la
sage-femme jugerait nécessaire de faire appel au médecin.
Certaines pathologies, non spécifiques de la grossesse et
nécessitant une prise en charge médicamenteuse ne pouvant
être assurée par la sage-femme, peuvent justifier l'intervention
du médecin généraliste. Nous pouvons citer quelques
exemples : affection pulmonaire, grippe, gastro-entérite, blessures du
type entorse...Il est vrai que nombre de patientes consulteront directement le
médecin dans ces cas-là, car si les compétences de la
sage-femme semblent difficiles à cerner, celles des médecins
généralistes sont en général bien connues du grand
public. Dans les faits, on peut supposer que les sages- femmes ont rarement
besoin d'orienter elles-mêmes les patientes.
Dans l'autre sens de la collaboration, les médecins
généralistes qui suivent des grossesses sont environ la
moitié à orienter des patientes vers les sages-femmes,
plutôt régulièrement, et la majorité des
sages-femmes disent les recevoir.
2.1. L'influence des activités proposées
Les médecins qui ne suivent pas de grossesse
n'orientent jamais de patiente à une sage-femme. Est-ce un choix ?
Savent-ils que la sage-femme libérale est en capacité de suivre
la grossesse? Voila des questions que nous pouvons nous poser à
posteriori.
Les sages-femmes proposent plusieurs activités quel que
soit le milieu ou elles exercent (Graphique 1) : 60 % des rurales et 59 % des
urbaines proposent au moins la préparation à la naissance, la
rééducation, l'entretien du quatrième mois, le suivi des
grossesses pathologiques et les consultations de grossesse. La
préparation à la parentalité est assurée par 98 %
de l'échantillon [100 % ; 93%]. Les sages-femmes exerçant en
milieu rural semblent pratiquer davantage de consultations de suivi de
grossesse (82 % versus 62 % et p = 0,30) même si la différence
n'est pas statistiquement significative.
Les médecins orientent les patientes essentiellement
pour la préparation et la rééducation. Il est vrai que ces
deux activités sont les plus connues, tant par les professionnels que
par les patientes. Après plusieurs campagnes informant les parturientes
de l'intérêt de ces pratiques, elles sont devenues de plus en plus
courantes. L'activité la moins proposée par les sages- femmes
c'est-à-dire la consultation, vient en troisième position des
demandes de médecin : ils sont 17 sur 44 à adresser des patientes
pour cela.
Ainsi, une information des médecins sur cette
possibilité permettrait peut être davantage l'orientation vers la
sage-femme, et pourrait réduire « l'errance des femmes enceintes
» et peut être le nombre de grossesses mal suivies, pour les raisons
évoquées dans la première partie de notre travail.
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