2.3. Infrastructures et équipements collectifs de
base :
L'amélioration des conditions de vie des habitants
constitue un axe prioritaire dans
la stratégie de sauvegarde et de réhabilitation
du site. Elle repose sur une démarche transversale et multisectorielle
qui doit placer la réhabilitation du ksar dans son environnement le plus
large. Parmi les actions majeures à mener il convient de citer :
2.3.1. La protection des terres agricoles et des berges de
l'Oued el-maleh
Le Cerkas avait mené une action exemplaire mais
qui n'a pas eu de suite.
L'administration des Eaux et Forêts est maintenant
disposée à contribuer au reboisement des abords du ksar (une
centaine d'hectares) si la commune rurale d'Aït Zineb s'engage
à mobiliser les terrains collectifs nécessaires. Cette action
s'inscrit dans le Plan directeur de reboisement (PDR) dont l'objectif porte sur
6 000 ha en 10 ans. Dans ce sens, il y a également lieu de traiter les
bassins versants autour du site : travaux anti-érosion et traitement des
ravins ; le concours de la population est envisagé en compensation
d'insuffisance de fonds.
2.3.2. La gestion de l'eau et l'optimisation de son
usage
Cette action s'opère à deux niveau : l'irrigation
et l'eau potable. La population
est en mesure de participer largement à la gestion de
leur ressource hydrique. En attendant l'alimentation en eau des ménages
par l'ONEP, la population est disposé à s'organiser pour
la gestion de l'eau potable et celle de l'irrigation en s'inspirant des
modèles de gestion communautaires. Cette démarche est d'autant
plus bénéfique qu'il convient d'encourager pour maîtriser
la consommation et la gestion dans le souci optimiser le rapport
coût-consommation dans un environnement où l'eau n'est pas
abondante.
2.3.3. La mise en place d'infrastructures et de service de
base
Elle constitue la démarche la plus problématique
en raison de la diversité des
acteurs et l'interdépendance de certains
éléments d'action. Elle s'articule autour de trois thèmes
majeurs : l'eau/l'assainissement, l'électricité, et le pont sur
fleuve.
a. l'eau/l'assainissement
Dans le cadre du Programme d'approvisionnement groupé
en eau potable des
populations rurales (PAGER), L'O.N.E.P s'est
engagé à élaborer une étude technique pour
l'adduction d'eau potable. Cette étude porte sur l'installation de trois
ou quatre bornes fontaines dans le ksar comme première phase.
Les bornes fontaines sont disposées le long de la rue
principale. Celle-ci présente l'avantage d'une plus grande concentration
des utilisateurs potentiels et correspond aux points les plus bas du ksar.
Inspirée d'un puit traditionnel, chaque fontaine prend une forme
déterminée en fonction de son emplacement et s'intègre
dans son environnement immédiat.
A long terme et en fonction du développement futur du
site l'équipement pourra être généralisé
à l'ensemble des propriétés. Vue la sensibilité des
constructions en terre aux problèmes de l'eau, la conception des
détails techniques et l'étude d'un système
d'assainissement adapté au site doivent être
élaborées par des spécialistes.
Le financement sera assuré par le conseil communal dans
le cadre du projet d'adduction d'eau potable au nouveau village
déjà en cours.
L'assainissement liquide est intimement lié à
l'adduction en eau potable.
Cependant, la pertinence de ce procédé est assez
problématique étant donné le risque que cela comporte pour
les structures fragiles en terre. D'autre part, la réalisation du
réseau d'assainissement relève de la compétence de la
commune, or celle-ci n'est pas équipée pour réaliser ce
projet et assurer la maintenance du réseau.
Dans l'attente de l'élaboration d'une étude
spécifique au site, la réalisation de fosses sceptiques
collectives sera la solution adoptée. Les études techniques
relatives à
cette opération ainsi qu'à celle de
l'évacuation des eaux de pluies seront établies par l'O.N.E.P.
Celles-ci nécessitent des levés topographiques et l'analyse des
débits.
b. l'électricité
L'électrification du ksar ne pose pas de réels
problèmes techniques même par
rapport à la nature des structures bâties. Le
recours au réseau enterré s'est avéré
onéreux et peut être remplacé par un réseau de
câbles protégés et fixés en façades, une
solution largement utilisée dans la restauration des structures
anciennes. Toutefois, cette solution reste cependant subordonnée au
problème du franchissement de l'Oued el-Maleh. On avait
envisagé le recours à l'énergie solaire par l'installation
d'une centrale solaire ou des plaques solaires vu la durée de
solarisation dont profite le site. Cette solution a été
écarté en raison du coût d'investissement (matériel
onéreux) et d'autre part, les panneaux allaient créer un paysage
inadéquat. Il fallait donc intégrer le site dans le Programme
d'électrification rurale généralisé (PERG). En
attendant, Il a été décidé dans un premier temps
qu'un câble électrique aérien relie les deux rives en amont
de l'oued el-Maleh à environ deux cent mètre du site. Le
financement des travaux sera assuré par le conseil provincial. Des
modèles ont été conçus pour la mise en place de
coffrets, de niches pour l'éclairage des ruelles, de luminaires pour
l'éclairage des sabas (passages couverts), de niches pour
projeteurs creusées dans le sol (pour l'éclairage du ksar d'en
bas), ainsi qu'un plan de répartition des points lumineux.
Le réseau électrique - une fois établi -
servira de support auquel va se greffer le réseau de câbles
téléphoniques, pour que le ksar soit en liaison avec le reste du
pays en terme de communication. Ainsi, grâce au branchement aux deux
réseaux, des outils du multimédia peuvent trouver place dans
l'ancien village si des structures d'animations seront éventuellement
mises en place.
c. la liaison par le pont
Il s'agit de la pierre angulaire du projet de
réhabilitation et le thème le plus
débattu de tous. Ainsi, la dimension de l'ouvrage, ses
matériaux, son emplacement, et sa morphologie sont autant
d'éléments d'une extrême importance, auxquels il faut
accorder une grande réflexion et une consultation à tous les
niveaux.
Jusqu'à maintenant, une étude de
faisabilité d'une passerelle franchissant le fleuve a déjà
été réalisée, mais n'a pas encore abouti à
cause du débat.
La dimension du pont dépendra du choix de
l'accessibilité ou non au site par les véhicules. Si on envisage
installer des structures à caractère socioéconomique
(auberges, restaurants, ateliers..) et y stimuler une dynamique
socioéconomique, la réalisation d'un pont carrossable s'impose
d'elle-même. Mais ceci comporte le risque de
dénaturer le site, étant donné qu'on aura
certainement besoin d'une aire de stationnement à proximité du
ksar.
La longueur du pont pose également problème dans
la mesure où on ne s'est pas encore fixé sur l'emplacement de
l'ouvrage, et par ailleurs, cela dépend de la nature de
l'aménagement du site du ksar. Sur ce volet, deux options se sont
présentées:
- un pont de 150 m de long, qui déboucherait sur une des
entrées du ksar, dans le prolongement de la rue commerçante des
vendeurs en bazars du nouveau village;
- une passerelle située vers l'amont, de 70m de long
qui déboucherait à l'arrière du ksar (moins
fréquenté). L'accès au pont est facilité par une
rue verticale à la grande route.
On a tendance à retenir cette dernière option,
en raison de son coût inférieur à la première.
Quant à la nature du pont en termes de conception et de
matériaux, deux options ont opposé deux experts internationaux :
André Stevens (PNUD) et Jean-Louis Michon (UNESCO) :
le premier avait préconisé (1993) une passerelle en
matériaux légers qui « relèverait d'une
création originale en milieu historique, et renforcerait le
caractère
permanent des lieux, en associant
légèreté et technologie du XXIème
siècle1. Le second a proposé que « soit
construit un pont en maçonnerie traditionnelle, inspiré des
ouvrages construits autour de Marrakech par les Almohades, dont le pont sur
le
Tens ift toujours utilisé dans le circuit de la
palmeraie »2
C'est la proposition de Jean-Louis Michon qui a
été retenue, et le pont sera conçu uniquement pour
piétons, montures, et éventuellement pour charrettes
tirées. La réalisation ultérieure d'un pont à
plusieurs kilomètres du site (probablement à Tameddakht)
assurera malgré tout, une liaison commode pour des engins plus
lourds. La conception de l'ouvrage selon les termes retenus a été
confiée à un bureau d'études spécialisé.
Suite à cette décision, deux variantes ont
été dégagées de cette étude :
- la première - élaborée sur la base de
la proposition de l'expert de l'UNESCO- pour une simplicité
d'exécution, propose une ossature qui sera réalisée en
béton armé avec un habillage en pierre.
- La seconde suggère que les éléments
porteurs seront constitués de murs parallèles placés en
retrait par rapport à la dalle pour ne laisser apparaître que le
plan horizontal reliant les deux rives. Les éléments horizontaux
recevront un revêtement en bois, les éléments verticaux un
parement en pierre. Les dalles seront munies des réservations
1 Rapport FMR/CLT/CH/93/202 (PNUD)
2Jean-louis Michon, Rapport de mission, 2000 ( p.8)
nécessaires au passage des câbles
électriques et de téléphone ainsi que les conduites
d'eau.
Le PDAR de la commune d'Aït Zineb (dont fait
partie le site) prévoit l'aménagement d'un radier situé
à l'est du village au débouché de << l'allée
des bazars » par laquelle les visiteurs arrivant de Ouarzazate descendent
vers l'oued pour effectuer << la traversée ». la
présence d'un radier à l'emplacement indiqué a
été fortement déconseillé, car il risque d'amener
des véhicules sur la berge opposée de l'oued, où ils
stationneraient dans un espace qu'on envisage protéger pour
l'intégrité visuelle du ksar.
La question du pont est d'autant plus cruciale qu'il faut la
traiter dans une vision d'ensemble du site où il y a lieu
d'intégrer dans la réhabilitation non seulement le ksar mais
également le nouveau village. A long terme, c'est le pont de
Tameddakht qu'il faut réaliser.
2.3.4. L'installation d'équipement d'accueil et
l'aménagement d'itinéraires
Vu l'attrait touristique dont bénéficie la
région de Ouarzazate et le ksar des Aït
Ben Haddou en particulier, il serait judicieux
d'équiper le site en structures d'accueil : Bureau d'information pour
les visiteurs, une structure assurant les services sanitaires adéquats
(infirmerie, toilettes publiques), unité mobile de soins, publiphones,
maisons d'hôtes, gîtes, aires de repos, etc.
Le Département chargé du Tourisme a
exprimé son engagement dans cette dynamique ; il prendra en charge la
réalisation des panneaux signalétiques ainsi que le balisage des
circuits.
2.3.5. la réhabilitation de l'école
L'Education nationale a engagé un programme en
partenariat avec le Fonds
d'équipement communal (FEC) qui vise la
réhabilitation des locaux des écoles de la localité, dans
le cadre du Programme de lutte contre la sécheresse.
L'Unicef est également partenaire du
Département de l'Education Nationale dans 34 établissements
scolaires de la Province dans les domaines de l'amélioration des
activités pédagogique et des équipements des
écoles. Le site du Ksar Aït Ben Haddou pourrait
bénéficier d'actions similaires, dans le cadre des partenariats
déjà engagés.
Les transformations à venir en matière
d'infrastructures et d'équipements, bien
qu'elles soient porteuses d'une qualité de vie
meilleure, comporte néanmoins le risque d'une accélération
des mutations communautaires et architecturales, et pourraient menacer
l'équilibre précaire de la sauvegarde du site.
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