WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La gestion des sites du patrimoine mondial au Maroc: Le cas du Ksar Ait Ben Haddou (province de Ouarzazate)

( Télécharger le fichier original )
par Hassan ZAKRITI
Université internationale de langue française au service du développement africain - DEPA 2005
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2.3. Infrastructures et équipements collectifs de base :

L'amélioration des conditions de vie des habitants constitue un axe prioritaire dans

la stratégie de sauvegarde et de réhabilitation du site. Elle repose sur une démarche transversale et multisectorielle qui doit placer la réhabilitation du ksar dans son environnement le plus large. Parmi les actions majeures à mener il convient de citer :

2.3.1. La protection des terres agricoles et des berges de l'Oued el-maleh

Le Cerkas avait mené une action exemplaire mais qui n'a pas eu de suite.

L'administration des Eaux et Forêts est maintenant disposée à contribuer au reboisement des abords du ksar (une centaine d'hectares) si la commune rurale d'Aït Zineb s'engage à mobiliser les terrains collectifs nécessaires. Cette action s'inscrit dans le Plan directeur de reboisement (PDR) dont l'objectif porte sur 6 000 ha en 10 ans. Dans ce sens, il y a également lieu de traiter les bassins versants autour du site : travaux anti-érosion et traitement des ravins ; le concours de la population est envisagé en compensation d'insuffisance de fonds.

2.3.2. La gestion de l'eau et l'optimisation de son usage

Cette action s'opère à deux niveau : l'irrigation et l'eau potable. La population

est en mesure de participer largement à la gestion de leur ressource hydrique. En attendant l'alimentation en eau des ménages par l'ONEP, la population est disposé à s'organiser pour la gestion de l'eau potable et celle de l'irrigation en s'inspirant des modèles de gestion communautaires. Cette démarche est d'autant plus bénéfique qu'il convient d'encourager pour maîtriser la consommation et la gestion dans le souci optimiser le rapport coût-consommation dans un environnement où l'eau n'est pas abondante.

2.3.3. La mise en place d'infrastructures et de service de base

Elle constitue la démarche la plus problématique en raison de la diversité des

acteurs et l'interdépendance de certains éléments d'action. Elle s'articule autour de trois thèmes majeurs : l'eau/l'assainissement, l'électricité, et le pont sur fleuve.

a. l'eau/l'assainissement

Dans le cadre du Programme d'approvisionnement groupé en eau potable des

populations rurales (PAGER), L'O.N.E.P s'est engagé à élaborer une étude technique pour l'adduction d'eau potable. Cette étude porte sur l'installation de trois ou quatre bornes fontaines dans le ksar comme première phase.

Les bornes fontaines sont disposées le long de la rue principale. Celle-ci présente l'avantage d'une plus grande concentration des utilisateurs potentiels et correspond aux points les plus bas du ksar. Inspirée d'un puit traditionnel, chaque fontaine prend une forme déterminée en fonction de son emplacement et s'intègre dans son environnement immédiat.

A long terme et en fonction du développement futur du site l'équipement pourra être généralisé à l'ensemble des propriétés. Vue la sensibilité des constructions en terre aux problèmes de l'eau, la conception des détails techniques et l'étude d'un système d'assainissement adapté au site doivent être élaborées par des spécialistes.

Le financement sera assuré par le conseil communal dans le cadre du projet d'adduction d'eau potable au nouveau village déjà en cours.

L'assainissement liquide est intimement lié à l'adduction en eau potable.

Cependant, la pertinence de ce procédé est assez problématique étant donné le risque que cela comporte pour les structures fragiles en terre. D'autre part, la réalisation du réseau d'assainissement relève de la compétence de la commune, or celle-ci n'est pas équipée pour réaliser ce projet et assurer la maintenance du réseau.

Dans l'attente de l'élaboration d'une étude spécifique au site, la réalisation de fosses sceptiques collectives sera la solution adoptée. Les études techniques relatives à

cette opération ainsi qu'à celle de l'évacuation des eaux de pluies seront établies par l'O.N.E.P. Celles-ci nécessitent des levés topographiques et l'analyse des débits.

b. l'électricité

L'électrification du ksar ne pose pas de réels problèmes techniques même par

rapport à la nature des structures bâties. Le recours au réseau enterré s'est avéré onéreux et peut être remplacé par un réseau de câbles protégés et fixés en façades, une solution largement utilisée dans la restauration des structures anciennes. Toutefois, cette solution reste cependant subordonnée au problème du franchissement de l'Oued el-Maleh. On avait envisagé le recours à l'énergie solaire par l'installation d'une centrale solaire ou des plaques solaires vu la durée de solarisation dont profite le site. Cette solution a été écarté en raison du coût d'investissement (matériel onéreux) et d'autre part, les panneaux allaient créer un paysage inadéquat. Il fallait donc intégrer le site dans le Programme d'électrification rurale généralisé (PERG). En attendant, Il a été décidé dans un premier temps qu'un câble électrique aérien relie les deux rives en amont de l'oued el-Maleh à environ deux cent mètre du site. Le financement des travaux sera assuré par le conseil provincial. Des modèles ont été conçus pour la mise en place de coffrets, de niches pour l'éclairage des ruelles, de luminaires pour l'éclairage des sabas (passages couverts), de niches pour projeteurs creusées dans le sol (pour l'éclairage du ksar d'en bas), ainsi qu'un plan de répartition des points lumineux.

Le réseau électrique - une fois établi - servira de support auquel va se greffer le réseau de câbles téléphoniques, pour que le ksar soit en liaison avec le reste du pays en terme de communication. Ainsi, grâce au branchement aux deux réseaux, des outils du multimédia peuvent trouver place dans l'ancien village si des structures d'animations seront éventuellement mises en place.

c. la liaison par le pont

Il s'agit de la pierre angulaire du projet de réhabilitation et le thème le plus

débattu de tous. Ainsi, la dimension de l'ouvrage, ses matériaux, son emplacement, et sa morphologie sont autant d'éléments d'une extrême importance, auxquels il faut accorder une grande réflexion et une consultation à tous les niveaux.

Jusqu'à maintenant, une étude de faisabilité d'une passerelle franchissant le fleuve a déjà été réalisée, mais n'a pas encore abouti à cause du débat.

La dimension du pont dépendra du choix de l'accessibilité ou non au site par les véhicules. Si on envisage installer des structures à caractère socioéconomique (auberges, restaurants, ateliers..) et y stimuler une dynamique socioéconomique, la réalisation d'un pont carrossable s'impose d'elle-même. Mais ceci comporte le risque de

dénaturer le site, étant donné qu'on aura certainement besoin d'une aire de stationnement à proximité du ksar.

La longueur du pont pose également problème dans la mesure où on ne s'est pas encore fixé sur l'emplacement de l'ouvrage, et par ailleurs, cela dépend de la nature de l'aménagement du site du ksar. Sur ce volet, deux options se sont présentées:

- un pont de 150 m de long, qui déboucherait sur une des entrées du ksar, dans le prolongement de la rue commerçante des vendeurs en bazars du nouveau village;

- une passerelle située vers l'amont, de 70m de long qui déboucherait à l'arrière du ksar (moins fréquenté). L'accès au pont est facilité par une rue verticale à la grande route.

On a tendance à retenir cette dernière option, en raison de son coût inférieur à la première.

Quant à la nature du pont en termes de conception et de matériaux, deux options ont opposé deux experts internationaux : André Stevens (PNUD) et Jean-Louis Michon (UNESCO) : le premier avait préconisé (1993) une passerelle en matériaux légers qui « relèverait d'une création originale en milieu historique, et renforcerait le caractère

permanent des lieux, en associant légèreté et technologie du XXIème siècle1. Le second a proposé que « soit construit un pont en maçonnerie traditionnelle, inspiré des ouvrages construits autour de Marrakech par les Almohades, dont le pont sur le

Tens ift toujours utilisé dans le circuit de la palmeraie »2

C'est la proposition de Jean-Louis Michon qui a été retenue, et le pont sera conçu uniquement pour piétons, montures, et éventuellement pour charrettes tirées. La réalisation ultérieure d'un pont à plusieurs kilomètres du site (probablement à Tameddakht) assurera malgré tout, une liaison commode pour des engins plus lourds. La conception de l'ouvrage selon les termes retenus a été confiée à un bureau d'études spécialisé.

Suite à cette décision, deux variantes ont été dégagées de cette étude :

- la première - élaborée sur la base de la proposition de l'expert de l'UNESCO- pour une simplicité d'exécution, propose une ossature qui sera réalisée en béton armé avec un habillage en pierre.

- La seconde suggère que les éléments porteurs seront constitués de murs parallèles placés en retrait par rapport à la dalle pour ne laisser apparaître que le plan horizontal reliant les deux rives. Les éléments horizontaux recevront un revêtement en bois, les éléments verticaux un parement en pierre. Les dalles seront munies des réservations

1 Rapport FMR/CLT/CH/93/202 (PNUD) 2Jean-louis Michon, Rapport de mission, 2000 ( p.8)

nécessaires au passage des câbles électriques et de téléphone ainsi que les conduites d'eau.

Le PDAR de la commune d'Aït Zineb (dont fait partie le site) prévoit l'aménagement d'un radier situé à l'est du village au débouché de << l'allée des bazars » par laquelle les visiteurs arrivant de Ouarzazate descendent vers l'oued pour effectuer << la traversée ». la présence d'un radier à l'emplacement indiqué a été fortement déconseillé, car il risque d'amener des véhicules sur la berge opposée de l'oued, où ils stationneraient dans un espace qu'on envisage protéger pour l'intégrité visuelle du ksar.

La question du pont est d'autant plus cruciale qu'il faut la traiter dans une vision d'ensemble du site où il y a lieu d'intégrer dans la réhabilitation non seulement le ksar mais également le nouveau village. A long terme, c'est le pont de Tameddakht qu'il faut réaliser.

2.3.4. L'installation d'équipement d'accueil et l'aménagement d'itinéraires

Vu l'attrait touristique dont bénéficie la région de Ouarzazate et le ksar des Aït

Ben Haddou en particulier, il serait judicieux d'équiper le site en structures d'accueil : Bureau d'information pour les visiteurs, une structure assurant les services sanitaires adéquats (infirmerie, toilettes publiques), unité mobile de soins, publiphones, maisons d'hôtes, gîtes, aires de repos, etc.

Le Département chargé du Tourisme a exprimé son engagement dans cette dynamique ; il prendra en charge la réalisation des panneaux signalétiques ainsi que le balisage des circuits.

2.3.5. la réhabilitation de l'école

L'Education nationale a engagé un programme en partenariat avec le Fonds

d'équipement communal (FEC) qui vise la réhabilitation des locaux des écoles de la localité, dans le cadre du Programme de lutte contre la sécheresse.

L'Unicef est également partenaire du Département de l'Education Nationale dans 34 établissements scolaires de la Province dans les domaines de l'amélioration des activités pédagogique et des équipements des écoles. Le site du Ksar Aït Ben Haddou pourrait bénéficier d'actions similaires, dans le cadre des partenariats déjà engagés.

Les transformations à venir en matière d'infrastructures et d'équipements, bien

qu'elles soient porteuses d'une qualité de vie meilleure, comporte néanmoins le risque d'une accélération des mutations communautaires et architecturales, et pourraient menacer l'équilibre précaire de la sauvegarde du site.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo