2.2. L'approche du CERKAS : la consultation de la
population
Le CERKAS, en effectuant son enquête sur la
situation foncière du ksar en 2001, a
procédé également par la consultation des
propriétaires du ksar pour sonder leur conception et leur position quant
à la réhabilitation de leur village.
Il est ressorti de cette enquête que 64,9 %
d'habitants souhaitent retourner à leur ksar si les conditions de
vie étaient améliorées, alors que les projets à
caractère économique occupent pour eux la deuxième place.
La conversion des maisons en équipements socioculturel ou en lieux
d'hébergement et d'accueil pour les touristes ne les motive pas
tellement (fig. 16).
1 Les étudiants de l'ENA (Ecole nationale
d'architecture) et ceux de l'INAU (Institut National d'aménagement et de
l'urbanisme) peuvent être éventuellement associés à
cette dynamique scientifique.
proposition de réhabilitation
80,00% 60,00% 40,00% 20,00% 0,00%
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habitat équip.socio équipement
culturel touristique
Fig. 16- Fonctions éventuelles des biens aux yeux
des propriétaires (Source : CERKAS)
La vente des biens immobiliers à une catégorie
ethnique étrangère aux lignages originaires du ksar est
considérée, selon leur tradition, comme un péché.
L'importance de la terre comme élément de base dans
l'organisation socio-économique est très manifeste. Il ressort de
l'enquête que les gens sont presque à l'unanimité contre la
vente de leurs biens, et seulement 1,55% y sont favorables. Néanmoins,
ils se déclarent en majorité pour l'exploitation à des
fins personnels (87,71%).
Mais, pour des raisons économiques, on a constaté
qu'une tranche de 7, 01 % des
habitants sont favorables à la location. Cependant,
chez la plupart des personnes consultées, on a noté une certaine
réticence quant à un partenariat particulièrement avec les
organismes privés et les associations (respectivement 7,88% et 18,42%).
En revanche, l'enquête a montré aussi que 31,57% des
propriétaires ne sont pas tout à fait fermés au
partenariat avec l'Etat (fig.17).
50.00% 40.00% 30.00% 20.00% 10.00% 0.00%
Fig. 17- Proposition de réhabilitation : partenariat
(Source : CERKAS)
Toutefois, il convient de signaler qu'une enquête
similaire a été menée en 1991 par Mohamed Aït Hamza
(dans le cadre d'une étude du PNUD - Projet Mor/90/003
2ème
phase)1 ; la position de la population -
à quelques exceptions près - est resté presque la
même : on est contre la vente, et pour l'exploitation directe de son
bien. Par contre, on note une légère évolution par rapport
à la location des locaux : on était largement
1 M. Aït Hamza, op. cit.
contre, au moment de la première enquête. Quant
aux projets d'activités, les gens étaient favorables à un
commerce lié au tourisme, à des activités artisanales. En
outre, on était favorable à l'intervention de l'Etat en
matière de réhabilitation, à la participation des
propriétaires ainsi que l'association locale (Association Aït
Aïssa) dans cette action. Par ailleurs, on était contre
l'intervention des étrangers sauf en qualité
d'associés.
Cependant, force est de signaler également que chez les
propriétaires consultés en 1991, les activités
liées au tourisme (commerce, artisanat, restauration, auberges, loisirs)
étaient de loin les plus dominantes (64,2%). Les équipements
collectifs (four, hammam, école, dispensaire, club) n'étaient
évoqués que par 13,2% des personnes interviewées (il
s'agissait surtout de jeunes hommes instruits et de femmes), et curieusement la
fonction d'habitat n'a été évoquée que par 10,5%.
L'auteur de l'enquête - précisant d'abord que la population
favorable à cette fonction est constituée de ménages
dépassant 12 personnes - avance que le ksar serait un habitat annexe
pour ces ménages qui vivaient dans des maisons en manque d'espace
d'extension.
Tout compte fait, les ksouriens légitimes
envisagent leur retour au ksar à condition
que les problèmes de l'eau, de
l'électricité, du pont soient résolus, et que les
conditions de vie soient améliorées par la promotion des
activités viables.
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