L'action du CERKAS en faveur du ksar s'est manifestée
depuis la création de
cette structure en 1989, et s'est concrétisée
à partir de 1991 par les travaux de restauration et d'aménagement
qui ont cessé en 1995, faute de soutien financier permanent (la
coopération avec le PNUD et l'Unesco avait atteint son terme). Cette
intervention a touché principalement les équipements collectifs
(la mosquée et ses dépendances) et les espaces collectifs
(voiries, place, abords des terrains agricoles) et accessoirement certains
biens privés (les façades des cinq qasbas), témoignant
d'une concertation et d'un esprit de coopération qui venait de
renaître.
Néanmoins, l'action du Centre en faveur du ksar n'a
pas cessé depuis 1995. Elle consiste à développer les axes
porteurs d'éléments de protection, de conservation et de
réhabilitation. Ces axes portent essentiellement sur :
- la sensibilisation : auprès de la population,
des autorités locales et des
institutions, à l'importance culturelle et
socio-économique du ksar1.
1 Dans le but de faciliter une meilleure organisation de
l'action de sensibilisation, une étude intitulée « Marketing
et Communication » a été réalisée par un
bureau d'études spécialisé dans le domaine de
communication. Elle avait pour but contribuer à faire ressortir les
paramètres et les axes essentiels qui permettraient au Cerkas de mieux
conceptualiser et orienter sa communication et son marketing.
- la mise en place de mécanismes de gestion et de
sauvegarde du ksar, notamment la création d'une commission de
gestion du site (à partir de 2001), qui aurait pour mission la
conservation et la gestion du site ; elle ferait office de « gardienne
du site ». Cette structure devrait disposer d'un règlement
intérieur et d'un budget régulier.
- la plan ification de la gestion grâce
à un plan de gestion conformément aux recommandations du
Comité du Patrimoine Mondial qui insiste de plus en plus sur ce volet.
Le plan de gestion du Ksar Aït Ben Haddou est en cours
d'élaboration par un groupe de travail, mais il n'est pas prêt
d'être finalisé à cause de l'irrégularité des
travaux du groupe en question et des difficultés liées à
la budgétisation du plan.
- la recherche, l'étude et l'expertise
grâce à l'accueil systématique des experts, et
l'hébergement (souvent) des chercheurs dont les travaux profitent
largement au site en termes de techniques de sauvegarde, de moyens de
réhabilitation et de gestion. Le CERKAS, lui-même, a
développé seul ou en partenariat des recherches dont la plus
récente est celle qui porte sur la situation foncière du ksar, et
qui demeure l'un des volets épineux de toute démarche de
sauvegarde et de réhabilitation.
- le développement du statut du CERKAS et le
renforcement de ses capacités en le dotant d'un statut légal
approprié à sa fonction, c'est-à-dire le statut de
SEGMA (voir section 2.3. du chapitre 2 de la Deuxième
Partie).
- la mise en oeuvre des mesures de protection à
l'image du Plan de Développement et d'Aménagement Rural
de la commune rurale d'Aït Zineb (PDAR) et du texte de classement du
site dont la procédure avait été entamée en 1994 et
relancée en 2001 par le CERKAS et qui a abouti en 2004.
La synthèse de la démarche future à
entreprendre vis-à-vis du ksar est illustrée par un tableau
synthétique ci-après (fig. 14), préparé
par le CERKAS.
Tout compte fait, le CERKAS semble en phase avec les
nouvelles
recommandations du Comité du patrimoine mondial
formulées à la suite d'une mission d'expertise menée par
Jean-Louis Michon en juillet 2000, sauf sur un point auquel le Maroc n'est pas
favorable : l'inscription du Ksar Aït Ben Haddou sur la Liste du
Patrimoine Mondial en péril.
Fig.14