INTRODUCTION
L 'idée de la création d'un mouvement
international de protection des sites dans
d'autres pays est née après la Première
guerre mondiale.
Ce n'est qu'en 1972, lors de la Conférence
générale de l'UNESCO à sa 17ème session tenue
à Paris, que les Etats membres de l'organisation ont adopté une
Convention concernant la protection du patrimoine culturel et naturel. Elle
entra en vigueur lorsque
20 pays l'eurent ratifiée en 19751.
La dite Convention était le
résultat d'un long processus, et la fusion de deux courants distincts :
le premier, centré sur les dangers menaçant les sites culturels,
et le
second, axé sur la préservation de la
nature2 .
Les nations ou Etats parties qui adhèrent à la
Convention (177 pays signataires en mars 2004) constituent une
communauté internationale, unie par une mission commune : celle
d'identifier et de préserver pour les générations futures
des témoignages de la nature et la culture ayant une valeur universelle
exceptionnelle. Toute en respectant le principe de la souveraineté
nationale et sans remettre en cause le droit de propriété
institué par les législations nationales, les Etats partie
à la convention reconnaissent que la responsabilité de la
protection du patrimoine mondial incombe à la communauté
internationale toute entière : le patrimoine mondial appartient
à tous.
Mais la question qui se pose est de savoir si : les
populations qui détiennent ce patrimoine sont-elles consenties à
partager leur patrimoine avec autrui ? Et dans l'affirmative, ce partage est-il
réel ou symbolique ? Dans la réalité, les
collectivités nationales se substituent aux collectivités locales
pour revendiquer l'universalité de certains de leurs sites culturels ou
naturels et sollicite de ce fait le concours de l'Unesco.
Celle-ci a développé son action en faveur du
patrimoine mondial, et qui consiste à :
· encourager les pays à adhérer à la
Convention de 1972 et à assurer la protection de leur patrimoine naturel
et culturel ;
· encourager les Etats parties à la Convention
à proposer des sites sur leur territoire national pour inscription sur
la Liste du patrimoine mondial ;
· encourager les Etats parties à mettre en place des
systèmes de suivi de l'état de conservation des sites du
patrimoine mondial situés sur leurs territoires;
1 Cf. Léon Pressouyre, La Convention, vingt ans
après, Editions UNESCO, 1993 (p.9)
2 Cf. Kit d'information du Patrimoine Mondial (Bref
historique),Centre du Patrimoine Mondial-Unesco, 2000.
· aider les Etats parties à sauvegarder les sites
du patrimoine mondial en leur fournissant une assistance technique et une
formation professionnelle ;
· fournir une assistance d'urgence aux sites du patrimoine
mondial en cas de danger immédiat ;
· appuyer les activités menées par les Etats
parties pour sensibiliser le public à la préservation du
patrimoine mondial ;
· encourager la participation des populations locales
à la préservation de leur patrimoine culturel et naturel ;
· encourager la coopération internationale dans le
domaine de la conservation du
patrimoine culturel et naturel1.
Plus que jamais, les gouvernements, les organisations, les
associations et les
particuliers se sentent impliqués et deviennent
engagés dans le processus de sauvegarde de l'ensemble des sites du
monde.
Le Maroc, à, l'instar de nombreux membres de l'UNESCO,
fut l'un des premiers pays à ratifier la Convention, en 1975. Il affirme
de ce fait, son attachement aux préoccupations de la communauté
internationale bien avant, à travers la Convention de LaHaye de
1954 relative à la protection des biens culturels en cas de conflit
armé ; et perpétuée peu après en ratifiant celle de
Ramsar de 1980 relative aux zones humides.
Au-delà de cet attachement et ce dévouement aux
valeurs de la communauté internationale, assure -t-il une gestion de son
patrimoine inscrit sur la Liste de l'Unesco, conformément aux normes
internationales ? Comment traite -t-il son patrimoine avec toute la
diversité qu'il présente, à l'image des ses villes
historiques, ses sites archéologiques et ses ensembles architecturaux,
ou ses espaces culturels ?
Comment procède- t-il pour concilier les principes
éthiques de sauvegarde avec les impératifs de
développement et ce qui en résulte comme menace sur les biens
inscrits : tourisme de masse, développement anarchique
d'activités humaines préjudiciables aux biens culturels,
urbanisation galopante, etc.
Comment affronte-t-il le développement de certains
phénomènes sociaux tels l'abandon des tissus anciens ou la
gentrification de certaines de ses villes historiques à l'image
de Marrakech et Essaouira ?
Tant de questions et de problématiques auxquelles sont
confrontés et le chercheur et le gestionnaire du patrimoine culturel, et
que ce travail se propose de traiter à travers les biens situés
en territoire marocain et inscrits sur la Liste du Patrimoine Mondial.
Néanmoins, ce mémoire présente quelques
restrictions : d'abord, l'étude est limitée au patrimoine
culturel pour la simple raison que le patrimoine naturel échappe
à
1 Kit d'information du Patrimoine Mondial (Objectif de la
mission).
notre champs de compétence, et que le Maroc ne dispose
sur la Liste de l'Unesco que des biens culturels ; la seconde restriction
relève de la contrainte de choisir un site classé patrimoine
mondial qui présente les problématiques majeures au sein du
contexte dans lequel il est situé, sauvegardé et
géré : à savoir la village communautaire des Alt Ben
Haddou dit Ksar Alt Ben Haddou.
Avant de se pencher sur la situation du village en question
(Deuxième Partie) par rapport à son contexte physique, social et
économique (chapitre 1) et établir un constat sur la situation en
diagnostiquant les dysfonctionnements en matière de gestion du site
(chapitre 3), il sera question d'abord de mettre la lumière sur le
contexte international et national au niveau du Maroc, dans lequel ce
patrimoine s`inscrit (Première Partie), pour aboutir enfin
(Troisième Partie) sur ce qui pourrait être comme solutions
optimales en matière de sauvegarde (chapitre 1), de
réhabilitation (chapitre 2) et de gestion du ksar (chapitre 3) qui vit
une réalité particulière dont les facettes sont encore
très problématiques.
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