1 LA PLACE ET LE DEVELOPPEMENT DES TIG DANS
LES COLLECTIVITES TERRITORIALES
1.1 VERS UNE DEFINITION DES TIG
Cette première partie a pour ambition de fournir une
présentation des TIG au sens large, en expliquant leurs origines, leurs
évolutions et leurs fonctionnements, mais aussi en présentant
leurs diverses dimensions en tant qu'objets de recherche. Ce sera
également le moment de définir une base
épistémologique et de définitions pour la suite de ce
travail.
1.1.1 Historique des TIG
1.1.1.1 Origines et évolution des TIG
L'histoire des TIG est indissociable de celle de
l'informatique. En effet, les applications informatiques ont été
introduites dans la cartographie dès les années 1960, et
l'informatisation de la cartographie a permis l'automatisation de certaines
tâches et de plus grandes possibilités en termes d'applications.
L'association de ces deux techniques a donné naissance à la
cartographie numérique que l'on peut considérer comme
précurseur des SIG. Ces nouveaux outils vont vite évoluer vers
des applications qui associent à la fois des données graphiques
et textuelles. On passe alors d'une application type DAO7
(information graphique) à une application SIG (information
géographique) dans laquelle l'objet géographique est
associé à des informations descriptives (attributs). Des
années 1960 jusqu'aux années 1970, les premiers SIG correspondent
surtout à des travaux de recherches effectués de façon
indépendante avec des approches et des méthodes
différentes.
Des années 1970 aux années 1980, les solutions
d'automatisation puis de traitement se développent. Les ordinateurs
étant moins coûteux et plus performants, ils deviennent de plus en
plus accessibles aux techniciens. La transition entre le monde de la recherche
et le système opérationnel débute, notamment avec la
création de l'Environnemental Systems Research Institute
(ESRI)8 en 1969. On passe alors d'une démarche scientifique
à une démarche scientifico-technique. En France, on assiste aux
premières utilisations de l'informatique pour les traitements de
données urbaines en cartographie numérique. C'est l'apparition
des BDU (Banques de Données Urbaines) qui se déploient dans les
services informatiques des grandes villes. Les premières BDU apparais
sent, comme à Lille en 1972 et Marseille en 1973. Cette même
année, la Direction Générale des Impôts (DGI) met en
place son plan de numérisation du plan parcellaire des grandes villes
(Paris, Lyon, Bordeaux, etc.). Dans les années 1980, on assiste au
lancement de nombreuses applications urbaines et à l'arrivée de
nouveaux
7 Dessin Assisté par Ordinateur : ce sont des outils de
dessin en deux dimensions
8 Cet institut, initialement association à but non
lucratif, se positionne aujourd'hui comme leader mondial sur le marché
des logiciels SIG.
utilisateurs (lancement de la BDU de Toulouse en 1984). En
1982, l'Institut Géographique National (IGN) se lance dans la mise en
place de ses plus grandes bases de données BD CARTO et BD TOPO®. On
est dans une phase de création des données, désormais les
utilisateurs ne partent plus de zéro sans outils dédiés,
mais ils disposent de logiciels standardisés et de nombreuses bases de
données. Ces nouvelles solutions sont très centralisées.
A. Del considère ces applications comme « des projets techniques de
techniciens travaillant pour des techniciens » 9. On
commence alors à parler de géomatique. Les SIG vont peu à
peu sortir de la sphère des spécialistes et se
démocratiser. Pour preuve la création du CNIG10 et de
l'AFIGEO11, deux organismes nationaux ayant pour but de promouvoir
l'information géographique.
Les années 1990 voient l'apparition de nouvelles
solutions bureautiques avec des logiciels plus conviviaux comme Geoconcept ou
Maxmap. Les SIG, qui étaient réservés aux techniciens
possédant la compréhension et la maîtrise de ces outils,
deviennent plus accessibles aux non techniciens. Avec cet élargissement
du panel d'utilisateurs, on assiste à une diversification des
traitements de l'information géographique. C'est le début de la
géomatique de masse. Les SIG multiplient leurs domaines d'intervention,
comme en France où les services techniques des collectivités
découvrent des "applications métier" adaptées à
leurs besoins.
Après la phase de centralisation liée aux
moyens, suivie de celle de décentralisation liée aux
utilisateurs, la période actuelle semble vouloir concilier les deux. Il
s'agit d'une part de coordonner la gestion de données (mouvement de
centralisation pour la gestion) et d'autre part de répondre à des
logiques métiers avec des utilisateurs variés (mouvement de
décentralisation des traitements). C'est le début des
technologies d'informations localisées, appelées aussi
aujourd'hui TIG ou outils géomatiques.
Avec l'arrivée d'Internet et plus
généralement l'avènement des réseaux,
l'accessibilité et la disponibilité deviennent des notions
indispensables. Depuis quelques années, on assiste à la
banalisation de l'usage de l'information géographique (cartographie sur
Internet, calcul d'itinéraires routiers, utilisation de
GPS12, etc.). Nous retiendrons que l'origine et l'évolution
des SIG, et plus généralement des TIG, suivent de près les
progrès informatiques tant en termes logiciel, matériel que
méthodologique.
9 DEL A., 2001, colloque « SIG outils de
l'aménagement urbain », Ecole Nationale des Sciences
Géographiques
10 Conseil National de l'Information Géographique
crée en 1985.
11 Association Française pour l'Information
Géographique créée en 1987.
12 Global Positioning System : système étasunien de
positionnement par satellite.
|