1.2.4.2 L'approche théorique de la diffusion
En nous appuyant sur les travaux de E.M. Rogers59,
nous pouvons percevoir la diffusion comme un processus en cinq phases, pas
nécessairement successives :
- La connaissance : l'individu est
exposé à l'innovation, aux nouveaux outils. Il
acquière des notions de base sur le fonctionnement et la
pratique des TIG. - La persuasion : l'individu amorce une
prise de position au sujet des TIG.
- La décision : l'individu s'engage dans
des activités lui permettant d'adopter ou de
rejeter les TIG dans ses pratiques quotidiennes.
- L'implantation : l'individu utilise les TIG au
quotidien et les évalue.
- La confirmation : l'individu tente d'obtenir
des informations lui permett ant de renforcer son choix.
Les individus qui deviennent des usagers sont classés
selon cinq types : « les innovateurs, les premiers utilisateurs, la
première majorité d'utilisateurs, la seconde et enfin les
retardataires »60. Au final, ce sont les
caractéristiques de l'innovation telles qu'elles sont perçues par
les individus qui déterminent son taux d'adoption.
1.2.4.3 L'approche de l'appropriation
A la différence de l'approche de la diffusion et de
l'innovation qui s'attachent à constater et à expliquer les
disparités en différenciant les profils d'usagers, l'approche de
l'appropriation met en évidence les disparités entre les usages
et les usagers, et place au coeur de la réflexion les manières
dont les acteurs s'approprient les technologies et les rendent
opérantes.
Nous parlerons ici de la question du statut de l'objet, de sa
construction sociale, ce qui revient à essayer de comprendre ce que les
TIG représentent pour les usagers, de quelles manières ils se
greffent dans leur environnement de travail, et cela dans « le contexte de
la vie quotidienne » de la collectivité, indissociable des
tendances sociales de fond.
Un premier élément est la connaissance et la
maîtrise technique qui ne sont que des pré requis
nécessaire aux usages. Dans les contextes professionnels, quelle que
soit la mission, on ne peut faire l'impasse sur les rapports qui existent entre
l'offre technologique, les stratégies organisationnelles et
l'appropriation sociale de ces outils. L'appropriation marque un seuil
irréversible dans la formation des usages. Elle ne s'opère qu'au
terme de phases préalables qui sont la découverte des TIG et la
formation à leur utilisation. L'appropriation se forge au fur et
59 ROGERS E.M., 1983, Diffusion of innovations, Free
press, 96 p.
60 ROCHE S. (dir.), 2004, Aspects organisationnels des SIG,
Ed. Hermès, 313 p.
à mesure que se construit l'objet chez les
utilisateurs. Le contexte dans lequel l'usage des TIG se développe
conditionne la durée de l'appropriation.
Les variables déterminantes du processus
d'appropriation peuvent êtres liées au profil des usagers
(formation, intérêt pour les TIG), aux TIG eux-mêmes, au
contexte d'utilisation des TIG, aux perceptions des usagers et à la
nature et la forme des informations géographiques utilisées et
diffusées. Les TIG au même titre que les TIC ne sont que
ce que leurs usagers veulent bien en faire et cela
indépendamment de leurs compétences techniques.
En guise de conclusion sur cette partie concernant l'approche
des usages et des modèles d'adoption des TIG, nous pouvons
considérer l'approche de l'innovation technique comme étant une
réflexion centrée sur le moment de la conception des objets
techniques. Celle de l'appropriation se situe quant à elle sur le plan
de leur mise en oeuvre dans la vie sociale. Enfin l'approche de la diffusion
s'attache à l'étude des usages en termes d'appropriation sociale
des TIG, ce qui renvoie à l'analyse de leur formation du point de vue
des usagers.
Après avoir fait le point sur les TIG en
général et avoir abordé leur dimension organisationnelle
et sociale, il convient maintenant de passer au dernier point de cette
première partie qui traitera des TIG dans le cadre des
collectivités territoriales, en abordant leur développement, les
raisons de leur utilisation et leurs champs d'applications.
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