SECTION 2 : KALININGRAD ENTRE RUSSIE ET UNION EUROPEENNE
Suite aux discussions consacrées à Kaliningrad
lors du sommet UE-Russie de Moscou, le Conseil européen de
Séville a invité la Commission "à présenter,
à temps avant sa réunion de Bruxelles, une étude
complémentaire sur les possibilités qui s'offrent pour
résoudre de manière efficace et souple la question des transits
de personnes et de marchandises vers et à partir de l'oblast de
Kaliningrad, dans le respect de l'acquis et en accord avec les pays candidats
concernés".61(*)
Paragraphe 1 : Kaliningrad et la coopération
russo-européennes
La question à résoudre n'est pas uniquement
celle de la mobilité des personnes entre grande et petite Russie ou
entre Kaliningrad et l'Union européenne. Il s'agit, de manière
plus fondamentale, du choix d'un modèle de développement pour la
région, de sa spécialisation, en particulier internationale et de
son intégration dans un espace économique cohérent.
Cette question doit être résolue dans le
cadre d'un dialogue entre la Russie et l'Union européenne. Toute
tentative de traitement unilatéral sera vouée à
l'échec. C'est sans doute l'occasion d'un dialogue renforcé entre
Européens et Russes qui devrait permettre d'avancer sur le mouvement des
biens, des capitaux et des personnes et, au-delà, sur la question de la
construction d'un espace économique européen commun. Kaliningrad
devra réellement être une région pilote, comme l'ont
déclaré MM. Poutine et Prodi, pour une plus grande
intégration entre la Russie et l'Europe.
Afin de prévenir tout isolement des habitants de
Kaliningrad, il paraît souhaitable de simplifier au maximum les
procédures d'émission des visas et de permettre l'acquisition de
visas Schengen de plus longue période pour les Kaliningradois. Les
réticences à ce jour existent de part et d'autre. Une plus grande
intégration entre la Russie et l'Union européenne pourrait mener
à un abandon du régime des visas et, de fait, solutionner les
problèmes de transit pour la région de Kaliningrad. Cependant, il
s'agit de perspectives de long terme qui ne répondent pas aux urgences
du quotidien.
Le souci majeur reste néanmoins celui de modèle
de développement économique que suivra la région pour
faire face à ces nouvelles conditions économiques et politiques.
Kaliningrad est une économie largement ouverte du fait de sa petite
taille et de sa position intermédiaire entre la Russie et l'Union
européenne.
Son taux d'ouverture (ratio commerce extérieur sur
produit régional brut) est de 270%. Elle se situe
géographiquement « entre » et « au sein » des deux
espaces et possède une spécialisation économique
intermédiaire entre l'UE largement basée sur les activités
de services et des industries à haut contenu technologique et une Russie
traditionnellement fournisseuse de matières premières et de
produits intermédiaires.
L'élargissement prochain, couplé à
l'adhésion de la Russie à l'OMC, bien que la Russie n'ait jamais
eu le statut de partie contractante du GATT62(*), changera substantiellement la donne concernant les
barrières à l'échange, tarifaires et non tarifaires, les
règles concernant les standards et certifications. A défaut de
réellement avancer sur l'émergence de l'espace économique
européen commun, des projets pourraient naître pour
améliorer les choses. Il s'agit, par exemple, de la mise en place d'un
fonds de développement régional impliquant la participation de la
dimension septentrionale, de propositions de création d'un centre
russo-européen des normes et des standards aidant aux rapprochements des
systèmes institutionnels, voire d'une université des
humanités oeuvrant pour une meilleure compréhension des cultures.
Les idées ne manquent pas.
* 61 Commission des
communautés européennes Communication de la commission au
conseil ; « Kaliningrad: Transit » ; COM
(2002)510 final ; Bruxelles ; 18 septembre 2002.
* 62 Jean Raux et
Vladimir Korovkine ; « le partenariat entre l'Union
Européenne et la fédération de
Russie » ; APOGEE ; Rennes, 1998,p 199.
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