2) Les RTT sont égales à une montée
du stress des salariés (cf. annexe 3) :
Les conditions de travail se dégradent. On pense, par
exemple, aux « pointeuses ou badgeuses » pour les cadres ou aux
décomptes auto-déclaratifs que les entreprises mettent en place
pour répondre aux lois Aubry I et II. Une majorité de
salariés a moins de temps pour les mêmes tâches, est plus
stressée dans son travail, a de nouvelles tâches en plus de son
travail, et effectue un travail moins soigné.
Les conditions de travail se dégradent pour 44,8 % des
hommes et 47,7 % des femmes. C'est d'autant plus marqué que les
qualifications sont faibles. Le rapport Viard* donne des éléments
de réponse à ce constat. Il relève des différences
de modalités de RTT selon les statuts et en particulier une
inégalité d'accès aux journées et aux
demi-journées. Deux extrêmes apparaissent. D'un côté,
les ouvriers sont très nombreux à n'avoir qu'une réduction
journalière du temps de travail alors que d'un autre, les cadres
supérieurs bénéficient exclusivement de jours de vacances
et de demi-journées.
3) Les Français les moins qualifiés pas
satisfaits du passage aux RTT :
Le rapport Viard, constate que la RTT a
développé des effets positifs sur la vie quotidienne des
salariés (plus de temps libre, week-end libéré). Des
pratiques nouvelles se créent. Des vacances plus fréquentes et
moins longues : les professionnels du tourisme profitent de la RTT. De son la
DARES confirme l'évolution dans une enquête de début 2000 :
59 % des salariés à temps complet ayant connu une RTT ont
constaté une « amélioration de leur vie quotidienne »,
13 % ont constaté une « dégradation », 28 % n'ont pas
constaté de changement. Les cadres sont plus satisfaits (66 %). Quant
aux conditions de travail, 26 % ont constaté une «
amélioration », 28 % ont constaté une «
dégradation ». Les salariés estiment que la mise en place de
la RTT a entraîné d'abord, une exigence de polyvalence accrue (48
%), moins de temps pour les mêmes tâches (42 %), plus de stress au
travail (32 %) et de nouvelles tâches en plus (23 %). Les salariés
les plus satisfaits sont ceux qui bénéficient d'une ½
journée ou d'une journée à prendre
régulièrement. Il faut constater une dégradation de la vie
quotidienne pour 20,4 des emplois féminins non qualifiés. Les
faibles revenus sont clairement mois favorisés par ces dispositifs. Par
exemple, les parents travaillant encore 39 heures et voulant passer à
temps partiel sont obligées de diminuer leur temps de travail à
28 heures pour bénéficier de l'Allocation parentale
d'éducation (APE) au lieu de 32 heures auparavant.
D'autres problèmes demeurent trop peu
évoqués comme le travail illégal, l'économie
souterraine qui risque d'augmenter. Les salariés disposent en effet de
temps libre, mais avec une diminution de leurs heures supplémentaires,
ils voient leur pouvoir d'achat diminuer. Au total, les Français ont un
jugement réaliste sur cette mesure. Selon un sondage, 62 % des
français pensent que les RTT ont un impact plutôt négatif
sur l'économie. 38 % estiment que la vie quotidienne a été
améliorée grâce à ce dispositif.
Un dernier sondage est particulièrement
éclairant : 76 % des français souhaitent l'assouplissement des 35
heures et la possibilité pour les entreprises de recourir davantage aux
heures supplémentaires, ne serait-ce que pour pouvoir le cas
échéant, « travailler plus pour gagner plus ».
(articles de la Cfdt 2004)
Le rapport Viard* : Jean Viard : Directeur de
Recherche au centre d'étude de la vie politique Française
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