D) LES 35 HEURES GENERATRICE
D'EXCLUSION ET DE REDUCTION DU LIEN SOCIAL :
La réduction du temps de travail est
génératrice d'exclusion au moins à deux niveaux. D'une
part, en comprimant les heures disponibles, et en poussant les salariés
à être de plus en plus productifs, les RTT ont fermé la
porte de l'entreprise aux personnes les moins performantes car les responsables
d'entreprise sont à la recherche des salariés les plus productifs
avec une rentabilité horaire la plus importante possible.
D'autre part, elles ont accru encore les différences de
statuts entre salariés de la fonction publique et du secteur
privé d'un côté, et bénéficiaires de la
réduction du temps de travail et ceux n'en bénéficiant
pas, de l'autre.
1) Les RTT facteur d'exclusion
des salariés les moins performants :
Si les salariés les plus performants ou employés
par des structures « solides » ont pu tirer leur
épingle du jeu, il n'est pas sûr que ce soit le cas des personnes
les plus précaires, qui ont du mal à trouver leur place dans des
entreprises où les salariés sont de plus en plus soumis à
des impératifs de performance et de rentabilité. Si cette
situation n'est évidemment pas uniquement due aux 35 heures,
celles-ci ont toutefois encore augmenté la pression, au détriment
d'un certain rôle social et intégrateur de l'entreprise.
2) Les RTT facteur
d'accroissement des clivages entre secteur public et secteur privé et
entre bénéficiaires ou non bénéficiaires des
RTT :
Les RTT ont encore accru les clivages au sein du monde du
travail entre secteur public et secteur privé. En effet, le contraste
entre secteur marchand et fonction publique s'est pour le moins
consolidé, dans la mesure où la RTT au sein des fonctions
publiques d'Etat et territoriale s'est faite selon la modalité la plus
favorable pour les salariés, à savoir l'octroi de jours de RTT,
en l'absence quasi-totale de réorganisation pouvant être à
l'origine de contraintes nouvelles. Le même type de contraste existe
aussi entre ceux qui bénéficient des 35 heures et ceux qui
n'en bénéficient pas.
Il existe en effet, les oubliés des RTT. Seulement 60
%. des personnes travaillant dans le secteur marchand sont concernées
par les 35 heures : il y a donc 40 % des actifs dans le secteur
marchand, à l'instar des chefs de PME qui ont dû travailler plus
pour compenser les RTT accordée aux salariés, qui ont pour la
plupart, du fait du sentiment de devoir payer les 35 heures aux autres,
développé une certaine amertume risquant d'aboutir à un
véritable communautarisme social.
Dans une enquête publiée en juin 2003, le
magazine Liaisons sociales remarquait que « la France
carbure aux deux-temps. Il y a ceux qui partent en congé ou en week-end
prolongé et ceux qui les regardent partir. ». Les auteurs
notaient, à juste titre, que
« l'exaspération des exclus des 35 heures est
aujourd'hui perceptible » et que « la
goutte d'eau des 35 heures a fait déborder le vase des rancoeurs
accumulées par les salariés des petites entreprises et par la
vaste galaxie de tous ceux qui travaillent à leur
compte «.
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