Les 35 heures : un facteur de fragilisation des
salariés du bas de l'échelle et de ceux des petites entreprises
:
La réduction du temps de travail s'est traduite dans la
grande majorité des entreprises par une pression accrue sur les
travailleurs, créant une intensification des conditions de travail pour
l'ensemble des catégories de salariés. Mais si les cadres ont
été le plus souvent à même de compenser cet
accroissement par une plus grande liberté dans l'organisation de leur
travail, la flexibilisation a souvent rimé pour les salariés les
moins qualifiés et les moins bien placés dans l'entreprise avec
un accroissement des contraintes professionnelles exercées sur eux, sans
réelle compensation en termes de dégagement de temps personnel,
alors même que la modération salariale est venue obérer
leur pouvoir d'achat.
La fragilisation des salariés du bas de
l'échelle a donc pris la double forme d'une intensification des
conditions de travail et d'un frein à l'évolution des
rémunérations de ces salariés.
L'intensification des conditions de travail :
Les 35 heures ont ainsi fragilisé encore la position
des salariés les moins favorisés dans l'entreprise, et accru un
peu plus les clivages existant entre les différentes catégories
de salariés. Pour les plus fragiles d'entre eux, plus que le temps
libéré, c'est la nature des règles relatives aux
délais de prévenance et au choix des journées de
réduction du temps de travail qui apparaissent importantes ; or,
les salariés les moins bien placés dans l'échelle
hiérarchique ainsi que dans les petites entreprises n'ont pas toujours
été en mesure de négocier ces règles à
leur avantage.
Dans bien des cas, les salariés ont vu
disparaître des tolérances, qui leur semblaient acquises, sur les
temps de pause informels (pause « café », pause
déjeuner un peu plus longue que prévue,...). Les employeurs,
contraints à se montrer sourcilleux, ont développé une
intolérance à ce genre de pratiques, pourtant essentielle aux
bonnes conditions de travail de leurs employés.
La modulation des horaires a pu de ce fait se traduire
pour certains salariés par une véritable tyrannie exercée
par le temps de travail sur le hors travail.
Les 35 heures ont donc été un facteur aggravant
des difficultés préexistantes. L'intensification des conditions
de travail a été d'autant plus durement ressentie que les
travailleurs étaient ou non formés, en bonne santé,
contraints par leur vie familiale, bien placés dans la hiérarchie
de l'entreprise.... Pour celui qui a dû faire face à un
accroissement de sa charge de travail sans bénéfice en termes
d'amplitude horaire, voire même au contraire avec des contraintes
d'organisation accrues du fait de la modulation des horaires, les
35 heures ont pu devenir source, au mieux de mécontentement, et au
pire de souffrance.
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