C) LES RTT ONT RENFORCÉS LES LIGNES DE FRACTURE AU SEIN DU MONDE DU TRAVAIL :
Quelle a été l'influence de la réduction
du temps de travail sur l'évolution des conditions de travail au sein de
l'entreprise ?
L'impact de la mise en oeuvre de la réduction du temps
de travail n'est ni uniforme ni univoque. Les conséquences des 35 heures
sur les conditions de travail dans l'entreprise sont ainsi diverses et
fonctions de divers paramètres se cumulant tels que la taille de
l'entreprise, sa bonne ou mauvaise santé économique, et la place
des salariés dans la hiérarchie. Ainsi les 35 heures ont-elles en
fait accentué les lignes de clivage qui leur préexistaient entre,
d'une part, petites et grandes entreprises, et, d'autre part, cadres et non
cadres. Au total, il est indéniable qu'il existe des gagnants et des
perdants des 35 heures.
1) L'accentuation du clivage
entre les salariés des PME et des grandes entreprises :
Un constat s'impose : la réduction du temps de travail
a malheureusement encore creusé le fossé séparant les
salariés des petites entreprises et ceux des grandes.
Un premier clivage a été institué entre
les entreprises passées aux 35 heures et celles n'y étant pas
passées, qui sont essentiellement des très petites
entreprises. Une hiérarchie entre les entreprises, fonction de
l'état de la réduction du temps de travail, s'est
instaurée dans l'esprit des demandeurs d'emploi : tous les chefs
d'entreprises interrogés par la mission ont constaté que
l'existence ou non d'un accord sur la réduction du temps de travail est
devenue la question principale des candidats à l'embauche, que ceux-ci
postulent à des postes d'ouvriers ou à des postes de cadres.
Par ailleurs, lorsque des accords ont été
négociés dans les PME, ceux-ci ont été le plus
souvent beaucoup moins favorables aux salariés que ceux conclus dans les
grandes entreprises.
Au-delà du fossé entre grandes et petites
entreprises, les RTT ont également accru les différences au sein
de ces dernières : celles passées aux 35 heures disposent
aujourd'hui d'un avantage comparatif comparable à celui que les grandes
entreprises détiennent sur l'ensemble des PME.
De fait, si les 35 heures n'ont pas créé
les difficultés d'attractivité des PME, elles sont toutefois
venues renforcer le clivage qui existait déjà entre les
salariés des grandes entreprises, bénéficiant d'avantages
sociaux (oeuvres sociales, formation...), et professionnels (mobilité,
possibilité d'évolution,...), et ceux des petites et moyennes
entreprises, pénalisés à la fois par des
rémunérations et des avantages sociaux plus faibles et une
durée du travail plus élevée.
Or, cette situation est préoccupante, dans la mesure
où, dans les années à venir, les PME vont être
confrontées à des difficultés de recrutement encore
supérieures à celles, pourtant considérables, qu'elles
connaissent actuellement.
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