1) Pour les grandes entreprises
hôtelières : la transformation d'une contrainte en moteur de
changement (ACCOR, ENVERGURE, HILTON, BARRIERE.....) :
Bien que les responsables des grandes entreprises aient
été, dans l'ensemble, hostiles au passage aux 39 heures,
ceux-ci, faisant preuve de pragmatisme, ont pour la plupart cherché
à tirer le meilleur parti des dispositifs législatifs, du point
de vue des aides incitatives et de celui des possibilités de
flexibiliser le travail.
Contrairement aux PME, les grandes entreprises ont eu les
moyens financiers de bénéficier des conseils nécessaires
tant pour comprendre une législation, on l'a vu, particulièrement
complexe, que pour trouver les solutions à mettre en oeuvre pour
permettre une nouvelle organisation du travail.
M. Rouilleault* : Directeur général de
l'Agence Nationale pour l'Amélioration des Conditions de Travail
En outre, elles ont bénéficiées de par
l'importance de leurs effectifs, d'une taille suffisante pour envisager des
réorganisations de travail, par la modulation du temps de travail et
l'augmentation de l'utilisation de la durée des équipements. En
permettant de jouer sur la suppression des temps morts, la réduction du
temps de travail a été pour les grandes entreprises l'occasion de
flexibiliser la production, que ce soit pour des raisons de variations
saisonnières d'activité ou d'urgence, et ainsi permis de mettre
en oeuvre un mode d'organisation plus compétitif. En mettant fin au
modèle traditionnel de l'horaire collectif, les négociations ont
abouti à l'invention de formes diverses d'aménagement du temps de
travail : horaires variables, travail en équipe, travail par roulement,
modulation du temps de travail, ou encore raccourcissement de la journée
de travail, octroi de journées ou demi-journées de RTT, compte
épargne temps....
Pour la plupart des grandes entreprises, la mise en place des
39 heures a ainsi eu de réels impacts en termes de
flexibilité. Comme l'indique le rapport Rouilleault, les grands groupes,
qui ont soit négocié un accord-cadre, soit dans chaque
établissement, ont tous lié la question de la réduction du
temps de travail à celle de son aménagement.
Il convient, toutefois, de ne pas surestimer le
bénéfice de l'apport des 39 heures aux grandes
entreprises. Si celles-ci ont été en mesure de
tirer le meilleur parti de cette législation, il n'en demeure pas moins
que la réduction du temps de travail a été vécue
comme une entrave supplémentaire à leur bonne marche.
En effet, il demeure un domaine où les RTT semblent
avoir laissé une trace profonde dans les grandes entreprises. Il
apparaît que les RTT ont initiées une déstabilisation
néfaste de l'encadrement. Les chefs d'entreprise, à leur grand
étonnement, se sont trouvés confrontés à une
démobilisation de leurs cadres dans l'hôtellerie restauration, qui
ont souhaité bénéficier des 39 heures au même
titre que l'ensemble des salariés. La situation a été
d'autant plus délicate que, dans la mesure où l'encadrement
était soumis au champ d'application de la loi, les entreprises n'ont eu
d'autre choix que de négocier sur la durée de travail des
cadres.
Ainsi, l'on est passé, en quelques années,
d'une situation où les cadres étaient parfois soumis à une
durée du travail communément jugée excessive, à une
situation où ils cumulent désormais cinq, voire six ou sept
semaines de congés payés, et leurs journées de
réduction du temps de travail, qui peuvent dépasser 20 jours
annuels.
En revanche, n'oublions pas que
pour les grands groupes, cité ci-dessus, la politique de recrutement fut
booster par les RTT. Ceux-ci constituent un avantage de taille au niveau du
recrutement et par rapport à leurs concurrents.
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