1.3. Le rôle patrimonial et paysager :
L'une des principales voies pour la reconsidération de
l'agriculture dans les milieux urbains réside dans sa capacité
à participer à la construction d'une identité
territoriale, car audelà du paysage, les agriculteurs apportent aux
périurbains des enseignements qui leur permettent de s'enraciner dans
leur territoire de résidence (Charvet, 2003).
Compte tenu de l'origine multiple de leurs habitants, les
villes nouvelles ont plus que jamais besoin d'exploiter tous ce qui est
susceptible de contribuer à la construction d'une identité
commune sur leurs territoires. Dans ce contexte, l'activité agricole
pourrait jouer un rôle non négligeable dans la mise en place de
liens entre les populations citadines et leur territoire commun ; toutefois,
l'exploitation de ce rôle territorial de l'activité agricole doit
souvent passer par des démarches de patrimonialisation de l'agriculture
(Fleury et Serrano, 2002). Celles-ci interviennent lorsque l'agriculture est
protégée non pas pour son rôle nourricier mais parce
qu'elle est considérée comme faisant partie du patrimoine
identitaire de la ville, dans ce cas, divers outils peuvent être
utilisés selon les composantes des milieux concernés.
La création de zone de protection du patrimoine urbain
et paysager (ZPPAUP) est un moyen très approprié pour la
protection des espaces contenant à la fois des paysages ouverts
(forêts, espaces cultivés...) et des constructions (monuments
historiques, village ancien...).
Il s'agit d'un outil juridique créé par la loi
du 7 janvier 1983 qui se matérialise par un document contractuel ne
pouvant s'élaborer qu'avec la volonté de la municipalité
après enquête d'intérêt publique et en concertation
avec l'Etat. La décision finale appartient au préfet de la
région qui s'entoure des conseils d'une instance juridique et
scientifique (la commission régionale du patrimoine et des sites). La
ZPPAUP s'impose ensuite aux
particuliers et l'architecte des bâtiments de France a
pour mission de vérifier que les démarches d'autorisation des
travaux soient conformes aux dispositions de la ZPPAUP (ministère de la
culture, 2006).
A l'initiative de la municipalité de Cergy un projet de
ZPPAUP est créé en 1999, il est mis en application en 2000.
La phase de diagnostic a permis de repérer les espaces
publics et paysagers qui sont considérés comme constituants de la
mémoire de la commune de Cergy. Le village de Cergy, Ham ainsi que les
bords de l'Oise, les coteaux, les étangs, le bois de Cergy et la zone
maraîchère, au total 532 ha ont été choisis pour
être protégés. Trois grands secteurs ont été
définis :
1. Les secteurs urbains, susceptibles d'accueillir des
constructions (village ancien, port de Cergy et ses abords, maisons
isolées et constructions maraîchères)
2. Les secteurs naturels (espaces boisés et coteaux,
grands enclos - comme le parc de la Maison Gérard Philipe, espaces de
transition - comme les vergers et les terrains de cultures)
3. Les secteurs de projets, comprenant des espaces aussi bien
bâtis que naturels, ils sont destinés à des
aménagements spécifiques comme l'axe majeur ou la place de
l'église Saint Christophe (ville de Cergy, 2004).
Au moment où la zone maraîchère demeure
pour les agriculteurs un lieu d'exercice de leur métier sur lequel ils
ont installé des serres, des clôtures et d'autres moyens de
productions, elle accède à un statut de patrimoine culturel et
paysager prescrit par la ville : une fois de plus la fonction
nourricière de l'agriculture se trouve écartée par
d'autres priorités urbaines, le maintien de l'activité agricole
en zone maraîchère doit désormais tenir compte de toutes
ces revendications citadines qui la chargent de la préservation et la
transmission du patrimoine culturel et paysager aux générations
futures.
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