Une autre limite aux capacités locales de gestion est
la question du transfert effectif des compétences pour que les
collectivités locales puissent disposer des moyens logistiques
nécessaires a la gestion des communes. La cession de ces moyens est
subordonnée au transfert de compétences.
5.1.2.1 Le retard dans les transferts de
compétences
A l'heure actuelle, très peu des compétences
nouvelles recommandées ont été réellement
transférées aux collectivités locales. Si
théoriquement, la loi demande le transfert des compétences, ce ne
sont que les compétences exercées par les anciennes sous
préfectures qui sont effectivement transférées aux
communes. Or, les sous préfectures étant simplement des
administrations de commandement placées sous l'autorité des
préfets, on se rend bien compte que les communes n'ont pas encore
l'autonomie décisionnelle édicté par le principe de la
décentralisation béninoise.
Les ministères sectoriels et les administrations
déconcentrées hésitent a se dessaisir de leurs
prérogatives au bénéfice des communes. De ce fait, les
maires n'ont pas réellement la maItrise de la gestion de leur
localité. Il leur est donc difficile de mettre en uvre des programmes de
lutte contre la pauvreté dans des domaines dont ils n'ont pas encore la
gestion.
Par ailleurs ce défaut de transfert prive les communes
des moyens logistiques et techniques qui leur auraient été
transmis en méme temps que l'exercice des compétences (entretiens
personnels). Cela constitue donc un frein majeur a une lutte efficace contre la
pauvreté par les collectivités locales. Pour le directeur de la
Maison des Collectivités Locales, il ne s'agit que de
l'inévitable résistance au changement. Il y a
nécessairement une période de latence qui permet aux
différents acteurs de prendre la mesure des changements politiques
institutionnels et relationnels que la décentralisation induit dans
divers secteurs d'activité (Issa Démolé Moko, interview
accordé au Municipal, n° 067-070 décembre 2003: 6-7). Le
représentant du PDM interrogé a cet effet estime qu'il est
indispensable d'organiser des séances de sensibilisation en direction
des cadres de l'administration centrale pour qu'ils soient plus
réceptifs aux changements de la décentralisation.
Actuellement, il a été mis sur pied une
commission paritaire composée des représentants des
ministères et des communes pour déterminer les modalités
pratiques de transfert des compétences. Il est demandé a chaque
ministère de faire le point des compétences que la loi
transfère et d'établir un chronogramme de transfert effectif des
compétences (entretiens personnels).
Toutefois, il existe encore des blocages au niveau des cadres
qui ne veulent pas se départir de leurs anciennes prérogatives.
Seul le ministère de l'environnement a amorcé la phase de
transfert effectif des compétences.
Les communes devront organiser un lobbying et entrer en
négociations avec l'exécutif qui doit leur céder tout ou
partie des compétences a court, moyen et long terme. En effet, on
imagine mal comment elles pourront gérer leurs communes quand par
exemple les crédits de construction d'écoles, de centres de
santé, de routes (qui relèvent des compétences des
communes) sont inscrits dans les budgets des ministères oU se combinent
toutes les pesanteurs pour bloquer le transfert.
5.1.2.2 Les moyens logistiques
Le défaut de transfert de compétences
décrit plus haut entraIne au niveau des collectivités locales un
manque crucial de moyens logistiques. Les communes ayant hérité
pour l'heure uniquement des biens des sous préfectures se trouvent
particulièrement démunis. A part les trois communes a statut
particulier et quelques communes urbaines importantes les autres communes sont
entièrement dépourvues de matériels de travail et
d'équipements techniques.
Dans la majorité des communes, la mairie ne dispose en
général que d'une seule ligne téléphonique. Quant
aux fournitures et équipements de bureau, ce sont les communes
privilégiées qui peuvent s'enorgueillir de posséder par
exemple un microordinateur. L'essentiel se résumant simplement a
quelques tables et chaises et a des machines a écrire mécaniques.
En ce qui concerne les voitures et les équipements nécessaires
pour assurer la voirie et l'entretien des routes, ils ne sont disponibles que
dans les communes urbaines. Les autres communes doivent en cas de besoin faire
appel a la préfecture ou aux différentes directions
départementales concernées, la loi prévoyant le soutien et
l'assistance technique des services de l'administration centrale aux communes.
Mais comme le fait remarquer l'un des élus communaux interviewés,
les communes relevant d'un même département peuvent être
assez nombreuses et les cadres de ces administrations font preuve d'un manque
de bonne foi pour répondre a leurs sollicitations (entretiens
personnels).
Les ministères doivent donc suivre l'exemple de leur
confrère du MEHU en rapprochant les services publics des communes. Il
faudra alors procéder a un redéploiement de leurs services vers
les entités déconcentrées et les doter de moyens
techniques supplémentaires. Ainsi, ils pourront jouer efficacement leur
role d'assistance aux collectivités locales.
Toutefois, les communes pour s'assurer une autonomie
effective devront se doter d'un minimum de moyens logistiques. Mais pour cela
il faut qu'elles puissent entrer en pleine possession de l'exercice de leurs
compétences. C'est seulement dans ces conditions qu'elles pourront
planifier de manière conséquente leurs programmes
d'investissement et de développement.
L'insuffisance des capacités locales de gestion
constitue un handicap non négligeable pour la mise en uvre des
stratégies de lutte contre la pauvreté encore
aurait-il fallut que les communes disposent des moyens
financiers nécessaires a la mise en uvre desdites stratégies.