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La problématique de l'intégration de l'approche sexospécifique dans les droits de la personne: Etat des lieux et perspectives

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par Cica Mathilda DADJO
Université de Nantes, Paris II, Paris X - DU Droits fondamentaux 2006
  

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Paragraphe 2 Les plans d'actions des Nations Unies.

Pour encourager le respect des diverses conventions et surtout l'adoption par les Etats des mesures visant a éliminer les discriminations fondées sur le sexe, les Nations Unies ont pris plusieurs initiatives. La première de ces actions était la proclamation par l'Assemblée Générale de l'année 1975 comme année internationale de la femme dont l'un des objectifs était de promouvoir l'égalité entre les hommes et les femmes94. Consacrée par la Conférence mondiale de l'Année Internationale de la Femme, cette année a donné lieu a l'adoption d'un des premiers plans d'actions pour la réalisation de l'égalité des sexes par les Nations Unies. Ce plan d'action qui liait la situation d'infériorité des femmes au sous-développement socio-économique a suscité la proclamation de la décennie des Nations Unies pour la femme (1976 a 1985) dont les trois objectifs étaient Egalité, Développement et Paix. La deuxième conférence mondiale sur les femmes tenue en 1980 a Copenhague a élaboré le programme d'action pour la réalisation de ces trois objectifs. Clôturée par la conférence de Nairobi en 1985, l'évaluation de la décennie de la femme a engendrée le plan d'action de Nairobi basé sur le fait qu'une contribution essentielle au renforcement de la paix et de la sécurité internationales serait apportée par

94 SYMONIDES, J., VOLVODINE, V., Droits des Femmes, recueil de textes normatifs internationaux, Paris, UNESCO, 1998, p. 16

l'élimination de toutes les formes d'inégalité entre les Hommes et les Femmes95. Des mécanismes spécifiques ont donc été mis en place pour suivre la mise en ceuvre des stratégies élaborées a Nairobi et adoptées par l'Assemblée générale des Nations Unies. Il s'agit de la Commission de la condition de la femme, ainsi que la mise en place par le Conseil Economique et Social des Nations Unies d'une procédure de soumission de rapport sur la question.

La question de l'égalité des sexes était donc jusque-là traitée par les Nations Unies comme une question en dehors du système de protection des droits de l'Homme. De plus, la recherche de l'égalité entre hommes et femmes était justifiée par des nécessités de développement et/ou de paix.

Il a fallut attendre 1993, a la conférence de Vienne sur les droits de l'Homme, pour que les graves violations des droits fondamentaux des femmes soient reconnues comme faisant partie du programme des droits fondamentaux des Nations Unies. Le fait que (les droits des femmes sont des droits fondamentaux a été réaffirmé lors de cette conférence et toutes les instances des Nations Unies ont été appelées a éliminer la violence contre les femmes dans les sphères publiques et privées. La conférence recommanda a cet effet que les organismes des droits de l'Homme ainsi que les Etats intègrent une approche sexospécifique dans leurs programmes et plans d'action. Il s'agit ainsi pour les structures concernées d'incorporer les questions qui affectaient de manière différente et disproportionnée les différents sexes et particulièrement les femmes dans leurs analyses et modes d'interventions.

Cette tendance a été réaffirmée et approfondie lors des conférences suivantes des Nations Unies, particulièrement lors de la conférence internationale sur la population et le développement du Caire en 1994 et lors de la quatrième conférence mondiale sur les femmes de Beijing en 1995. Cette dernière a donnée lieu a un Plan d'actions internationalement reconnu qui devait permettre d'aboutir a une égalité substantive des sexes a travers la protection et la promotion des droits fondamentaux des femmes.

95ibide

Le premier point de ce plan d'action basé sur une analyse différenciée selon les sexes concerne les droits de l'Homme. Tout en réaffirmant que les droits des femmes sont d'abord des droits de l'Homme96, Beijing a mis en exergue les spécificités féminines dont la protection devrait découler des mêmes droits reconnus a tous. De ces spécifiés dues a des roles biologiques mais également a des construits sociaux se dégageait la nécessité d'introduire une analyse différenciée suivant les sexes dans les droits fondamentaux. Pour concrétiser les engagements pris par rapport a l'égalité des sexes, les Nations Unies devraient intégrer la problématique homme-femme dans l'analyse des normes et mécanismes existant en matière de droits fondamentaux et dans leur application97.

Malgré son caractère essentiellement politique, le plan d'action de Beijing est une instrumentalisation des dispositions et mesures exigées par la CEDAW qui est opposable juridiquement aux Etats. Même si elle n'a pas une force juridique obligatoire, le Plan d'action de Beijing est un instrument assez contraignant pour les Etats avec un mécanisme de suivi fonctionnel. Ainsi la conférence de 1995 a t-elle été suivie de deux autres, une en 2000 a New York et la dernière en 2005 a Pékin.

Sans être des instruments juridiques en ce qui concerne l'égalité des sexes, les déclarations de Vienne et de Beijing ont introduit le débat sur une nouvelle approche de la question de l'égalité des sexes. Il s'agit de l'approche sexospécifique formulée pour la première fois dans le cadre des droits fondamentaux par la déclaration de Vienne. Etroitement liée au concept genre et développement, cette démarche dans le cadre de l'égalité des sexes constitue une nouvelle voie d'instrumentalisation qui a de nombreuses implications sur la compréhension même de la notion d'égalité.

96 Et ce, malgré la polémique qu'induisait le terme droits de l'homme >> ainsi que l'existence de texte concernant exclusivement les droits de la femme.

97 AMNESTY INTERNATIONAL, op. cit., P.5

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