CONCLUSION GENERALE
Le travail présenté ici constitue une
contribution dans la compréhension de la problématique de l'eau
en Haïti. Les recherches documentaires effectuées et les personnes
rencontrées ont permis de faire le constat suivant : 'En Haïti,
l'eau fait l'objet de nombreuses interventions sectorielles et
fragmentées qui rendent difficile sa gestion. Le grand nombre
d'intervenants dans le domaine de la gestion de l'eau provoque par ailleurs un
morcellement des interventions sur la ressource hydrique. Les responsables sont
sans cesse confrontés à la multiplicité et à la
complexité des lois et des règlements relevant du domaine de
l'eau.
En plus de ce constat, le travail fait ressortir les enjeux
d'une bonne gestion de l'eau pour la société haïtienne. En
effet, l'eau, en tant que bien nécessaire à la vie, ne peut pas
être traitée comme un bien de consommation quelconque. Elle est en
outre une ressource naturelle dont la Constitution de 1987 fait un
élément du patrimoine commun de la Nation. La
spécificité de l'eau doit se traduire dans un certain nombre
d'actes et de dispositions législatives. Le fait de considérer
que l'eau relève du service public comporte en effet plusieurs
conséquences. Par exemple, les conditions de garantie d'accès de
tous à l'eau doivent être prévues, quels que soit le lieu
géographique ou la situation sociale du citoyen haïtien. De
même, il faut mettre en place une facturation de l'eau aussi
proportionnelle que possible au volume d'eau consommé afin de limiter
les gaspillages. Le bon fonctionnement du service public de l'eau doit
être assuré grâce à l'exercice de la
démocratie locale, c'est-à-dire du débat local ouvert et
transparent. Chacun d'entre nous doit être en mesure de comprendre et
s'approprier les questions liées au service public de l'eau. Donc, la
question de l'eau apparaît clairement aujourd'hui comme un enjeu majeur
pour l'avenir d'Haïti.
A la question posée : Quelles sont les mesures
nécessaires pour améliorer l'efficacité dans la gestion et
l'utilisation de l'eau en Haïti par les divers secteurs ? Le chapitre
quatrième fournit un premier élément de réponse :
'l'adoption d'un cadre juridique', réglementaire et administratif
adéquat, permettant d'orienter et de développer les affectations
sectorielles, et de mettre en valeur les ressources en eau. L'intervention de
l'Etat est souhaitée pour reconnaître le caractère national
des ressources en eau et pour faire jouer la solidarité nationale. Cette
intervention se manifestera par la mise en place d'un 'outil institutionnel'
doté de l'autorité publique sur les ressources en eau.
Enfin, le travail réalisé souligne que si
certaines mesures ont été adoptées récemment pour
mener à bien une politique globale de l'eau, telle que la tenue de
conférences - débats, de séminaires, de colloques,
etc...., le chemin qui reste à parcourir pour en arriver à une
gestion globale et équilibrée de l'ensemble des eaux d'Haïti
n'est pas complété et plusieurs facettes doivent être
considérées pour en arriver à un consensus commun.
À ce titre, des décisions quant au leadership de l'eau, quant
à la valeur collective de la ressource et quant à la protection
de l'environnement doivent être prises et assumées par les
gouvernants.
Somme toute, il faut arriver à une gestion dans un
contexte de développement durable, c'est-à-dire un modèle
qui prendra en compte les aspects environne mentaux, économiques et
socioculturels. Ce mémoire 'pour une loi cadre sur l'eau en
Haiti' offre une piste, un choix et ouvre surtout la voie au
débat : comment assurer une saine gestion de l'eau, pour qui la mettre
en place et à qui profitera-t-elle ? Bref, que voulons-nous faire de
notre eau ? Les réponses sont multiples et la population haïtienne
a soif.
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