Le cadre général du diagnostic des
émetteurs souverains, proposé par le FMI a permis de conduire
aussi, un diagnostic similaire avec les mêmes finalités, pour
l'Etat de Côte d'Ivoire. Il est désormais clair que pour recourir
à l'option d'un endettement extérieur par émission
d'obligations internationales, le profil de risque devrait présenter un
risque pays (risque politique et risque économique) minimal voire
inexistant.
Ainsi, concernant la Côte d'Ivoire, notre tableau du
profil général d'efficacité nous conduit au terme de notre
diagnostic à exposer ce qui suit:
- le risque politique est élevé en raison de la
crise militaropolitique qui la secoue depuis le 19 septembre 2002 et
aggravé par l'échec jusque là, de la quasi-totalité
des accords politiques. Sur la base de la notation COFACE (niveau D de risque
politique), nous assignons le score de « C » dans notre tableau du
profil général d'efficacité;
- le fait d'être classé PPTE par la Banque
Mondiale et éligible à l'initiative de la réduction de la
dette, démontre sans gymnastique quantitative que la Côte d'Ivoire
n'est pas dans un état de «soutenabilité» de sa dette.
Le Ministère de l'Economie et des Finances a reconnu cette situation
dans le Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté
édité en Janvier 2002 à l'endroit des prêteurs
multilatéraux et bilatéraux : le score correspondant est donc de
« C»;
- la relative stabilité que connaît le pays,
à laquelle s'ajoute le retour des bailleurs de fonds en dépit du
climat délétère et le satisfecit affiché par
rapport à la maîtrise des fondamentaux de
l'économie, démontre une capacité
réelle des autorités ivoiriennes à infléchir
partiellement sur le niveau du risque pays. En outre, notre analyse
substantielle fait ressortir une capacité de négociation moyenne
des dirigeants (si l'émission se fait en euro): le score correspondant
est donc de « B ».
Nous nous retrouvons en conséquence, avec
un rating interne de «CCB » et selon le tableau 5 (tableau du profil
général d'efficacité pays, page 39), il ne serait pas
indiqué pour l'Etat de Côte d'Ivoire via le Trésor Public,
de recourir en ce moment à l'euromarché pour une levée de
fonds par emprunt obligataire. Nous nous situons dans le 3ème
compartiment du tableau, ce qui pourrait expliquer l'affection de l'Etat
pour le marché financier sous régional.
Toutefois, si dès à présent les
autorités entreprennent les réformes nécessaires pour
atteindre le point d'achèvement de l'initiative PPTE, tout en
adhérant aux Normes Spéciales de Diffusion de Données
(NDDS) élaborées par le FMI, le rating du risque
économique pourrait s'améliorer. L'Etat de Côte d'Ivoire
pourrait ainsi passer du score actuel de « C» à celui de
«B » voire «A ». Ce, dans la mesure où selon
l'initiative PPTE, atteindre le point d'achèvement serait synonyme de
« soutenabilité » de la dette. Cela pourrait durer environ 3
à 4 ans selon les termes de Cologne.
En outre, la fin de la crise armée viendrait parfaire
le rating du risque politique, qui se traduirait par une évolution
notable du score actuel de « C » qui lui aussi peut passer à
«B » puis à «A ».
Dans un tel contexte, l'Etat de Côte d'Ivoire se
retrouverait au moins dans la deuxième partie du 1er
compartiment de notre tableau des options stratégiques. Cela
impliquerait à ce moment là, que la mobilisation de ressources
sur l'euromarché serait aisée avec comme
vecteur d ' endettement, l' émission d
'euro-obligations. Aussi, dans l'hypothèse d'une telle
opportunité, comment pourrait s'effectuer la mise en oeuvre de
l'opération d'euro-émission? Quelles seraient les
caractéristiques du vecteur d'endettement utilisé à cette
fin? N'existet-il pas de moyens pour réduire le coût de
l'endettement, sachant que l'objectif comme cela a été
souligné dans l'introduction, est de réduire la dette
onéreuse? En définitive, à quoi l'Etat de Côte
d'Ivoire devrait s'attendre au cours d'une telle opération?
Ces questions nous conduisent à analyser maintenant
dans la seconde partie de l'étude, le mode opératoire de
l'émission d'euro-obligations qui prend en compte ces
préoccupations-ci.