Le marché des médicaments
vétérinaires en Afrique subsaharienne est inégalement
réparti sur le plan des classes de médicaments
commercialisés. En effet, ce marché est dominé par les
médicaments antiparasitaires regroupant les anthelminthiques, les
antiparasitaires externes et les trypanocides qui représentent une part
comprise entre 30 et 40% (BA, 2001). Cette répartition répond
à la situation zoosanitaire de la région, laquelle est
dominée par les maladies parasitaires. Elle
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correspond à la configuration du marché
mondiale oü les antiparasitaires représentent 29% (BA, 2001).
Cette prépondérance du médicament
antiparasitaire a été décrite en République
Centrafricaine par NAMKOISSE (1999), au Sénégal par NIANG (2004)
et au Bénin par ASSOGBA (2001), oü il représente
respectivement 80%, 60% et 54% du marché des médicaments
vétérinaires.
La configuration du groupe des antiparasitaires est
influencée elle-même par la composante des trypanocides dont
l'importance varie en fonction de l'incidence des trypanosomoses animales dans
les pays.
II. 1.2.1- Cas particulier des
trypanocides
Les lourdes pertes occasionnées par les trypanosomoses
animales dans le secteur de l'élevage font des trypanocides un groupe
particulier de médicaments vétérinaires en Afrique
subsaharienne. En effet, la FAO indique que les populations animales
exposées à la trypanosomose sont de 60 millions de bovins et 100
millions de petits ruminants (SIDIBE, 2001) et selon GOOL (2001), 38% seulement
de ces animaux sont traités annuellement avec 35 millions de doses de
trypanocides. Ces derniers représentent environ 8% du marché des
médicaments vétérinaires en Afrique soit un chiffre
d'affaires de 10 milliards de francs CFA (ABIOLA, 2001). L'importance de ce
marché dans chaque pays est étroitement liée à sa
situation sanitaire en ce qui concerne les trypanosomoses animales.
Ainsi, dans les pays à faible incidence
trypanosomienne, les trypanocides sont moins utilisés que les
anthelminthiques. Au Sénégal par exemple, BA (2001) a
estimé à 43% la part des anthelminthiques sur le marché
sénégalais alors que les trypanocides ne représentent
qu'une part marginale de 7,40% sur un chiffre d'affaires total estimé
à 1,35 milliards de francs CFA. Les mêmes trypanocides
représentent 10% du marché des médicaments
vétérinaires au Rwanda (MUHINDA, 2001).
Par contre, dans les pays à forte incidence
glossinaire, les trypanocides occupent une place importante dans le
marché des médicaments vétérinaires. En effet,
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ils font 42% du chiffre d'affaires au Bénin (ASSOGBA,
2001), 55% du chiffre d'affaires au Niger (BOISSEAU, 2005) et 60% du chiffre
d'affaires en République Centrafricaine (NAMKOISSE, 1999).
Selon CODJIA (2001), les formulations de trypanocides
généralement utilisées en Afrique subsaharienne sont
à base d'isométamidium, de diminazène acéturate, de
chlorure ou de bromure d'homidium. Le même auteur estime qu'environ dix
formulations différentes d'acéturate de diminazène et deux
d'isométamidium sont fréquemment rencontrées sur le
marché africain. Ces chiffres ont certainement évolué au
cours de ces dernières années. En effet, l'augmentation des
effectifs de bétail et l'intérêt accordé à la
lutte contre les trypanosomoses animales en Afrique subsaharienne suscitent un
grand engouement au marché des trypanocides chez les fabricants. Dans la
réalité, on ne connaît même pas approximativement, le
nombre de formulations en circulation sur le marché africain. Le tableau
III nous en donne quelques exemples dans les circuits officiels.
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Tableau III: Quelques trypanocides
rencontrés en Afrique subsaharienne et les espèces sensibles
Source: CIRAD, 2006 [http ://
epitrop.cirad. fr]
(1) C : Curatif P : Préventif
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En résumé, la répartition du
marché des médicaments vétérinaires en fonction des
classes thérapeutiques en Afrique subsaharienne est variable suivant les
pays. Mais, ce marché est en général dominé par les
médicaments antiparasitaires avec une composante importante
représentée par les trypanocides (tableau IV).
Tableau IV: Répartition du
marché des médicaments vétérinaires par classe
thérapeutique (en %) dans 5 pays de l'Afrique subsaharienne