III.1.3.1- Non-conform ité
pharmaceutique
Le contrôle de la qualité des
échantillons de médicaments vétérinaires que nous
avons prélevés sur le terrain a montré que 33 sur 48
d'entre eux, soit 69% sont nonconformes. Avec une limite de tolérance de
+/- 10% alors que la marge d'erreur acceptable n'est que +/-5%, les
résultats que nous avons obtenu dans la présente étude
semblent correspondre aux estimations de l'OMS (SIDIBE, 2001) selon lesquelles
au moins 60% de médicaments en Afrique seraient des faux.
95
Le contrôle de la qualité des
échantillons de médicaments vétérinaires qui ont
fait l'objet de notre étude s'est limité à
l'identification et au dosage des principes actifs, au contrôle des
emballages et des caractères galéniques et physico-chimiques. Ce
contrôle ne pouvait donc pas détecter les médicaments
non-conformes sur d'autres paramètres que ceux étudiés.
Par exemple, certains échantillons pourraient contenir d'autres
substances que celles mentionnées sur l'étiquette ou encore des
excipients toxiques. Il découle de cette observation que des <<
échantillons non-conformes >> non identifiés pourraient
figurer dans le groupe des médicaments déclarés conformes.
Nous pouvons donc penser que le taux de non-conformité réel de
notre étude est supérieur au taux obtenu.
Malgré cette limite, le résultat de cette
étude (69% de médicaments vétérinaires non
conformes) est bien supérieur aux 47% de non-conformité obtenus
dans l'enquête préliminaire (ABIOLA, 2001b). La différence
entre ces deux résultats se justifierait par l'augmentation des sites de
prélèvements, de molécules et du nombre
d'échantillons qui ont fait l'objet de la présente étude.
Ce résultat est également supérieur aux taux de
non-conformité obtenus au Bénin -Togo (48%), au Mali (43%) et en
Mauritanie (59%) mais, il est plus proche de celui trouvé au Tchad
(61%). Le rapprochement du résultat obtenu au Tchad avec celui de notre
étude pourrait se justifier par l'existence d'importants mouvements
commerciaux entre les deux pays qui, en outre, partagent presque un même
voisin, le Nigéria ; le Tchad étant séparé de ce
dernier par le << Lac Tchad >> dont la traversée se fait
simplement en pirogue.
III.1.3.2- Non-conformités dans les deux
circuits du marché
Les médicaments vétérinaires
non-conformes révélés par notre étude proviennent
aussi bien du circuit officiel que du circuit parallèle.
En effet, 18 échantillons de médicaments
vétérinaires sur 28 que nous avons prélevés dans le
circuit officiel, soit 64% sont non-conformes contre 15 sur 20, soit 75% dans
le circuit parallèle. D'après ces résultats, il y'aurait
plus de médicaments vétérinaires de mauvaise
qualité dans le circuit paralèle que dans le circuit officiel
au
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Cameroun. Le fort taux de non-conformité obtenu dans
le circuit parallèle ou illicite serait lié d'une part aux
mauvaises conditions de stockage de médicaments
vétérinaires, ces derniers étant
généralement exposés à des températures
élevées et sur le sol et d'autre part, aux sources
d'approvisionnement douteuses des médicaments vétérinaires
commercialisés dans ce circuit.
Le taux de non-conformité obtenu dans le circuit
officiel n'est non plus négligeable. Il nous semble d'ailleurs
inacceptable pour un secteur légal ou de référence du
marché des médicaments vétérinaires dans un pays.
Cette situation résulterait des nombreuses lacunes que nous avons
décrites dans le marché des médicaments
vétérinaires au Cameroun et dont certaines méritent
d'être rappelées ici à savoir la multiplicité des
sources d'approvisionnement, le manque de contrôle de la qualité
des médicaments vétérinaires importés, l'absence de
procédure d'AMM et d'inspection de la pharmacie
vétérinaire.