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Etude de la distribution et de la qualité des médicaments vétérinaires au Cameroun

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par Florent MESSOMO NDJANA
Ecole Inter-Etats des Sciences et Médecine Vétérinaires de Dakar (EISMV) - UCAD - Doctorat d'Etat en Sciences et Médecine Vétérinaires 2006
  

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III.1.2- Distribution des médicaments vétérinaires

III.1.2.1- Réglementation

Même si la « loi n° 90/033 du 10 août 1990 relative à l'organisation de la profession vétérinaire » au Cameroun confère l'exercice de la pharmacie vétérinaire aux seuls docteurs vétérinaires, elle reste toutefois muette quant aux modalités de cette activité. En effet cette loi ne précise ni les conditions d'AMM, ni celles de préparation industrielle, d'importation, de détention et de distribution en gros et au détail des médicaments vétérinaires. Ces défaillances se traduisent sur le terrain par l'existence d'un système d'assurance de la qualité des médicaments vétérinaires défectueux caractérisé par l'absence de procédure même administrative d'AMM et de système national d'inspection contrôlant l'application effective des textes réglementaires relatifs à la pharmacie vétérinaire. Toutefois, dans le but de corriger ces insuffisances, les autorités camerounaises en charge de l'élevage ont élaboré un projet de loi qui a été voté par l'Assemblée Nationale et promulgué par le Chef de l'Etat en 2000 pour devenir la loi n° 2000/018 du 19 décembre 2000 portant réglementation de la pharmacie vétérinaire au Cameroun. Cette loi est spécifique à la pharmacie vétérinaire. Elle vise à promouvoir la professionnalisation de la pharmacie vétérinaire, à réguler l'installation des praticiens en clientèle privée en vue de répondre de manière appropriée à la demande des éleveurs. Elle définit un cadre juridique adéquat pour la préparation industrielle, la vente et la distribution des médicaments vétérinaires. Elle fixe également les conditions d'importation des médicaments vétérinaires, de leur mise

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sur le marché et précise les dispositions juridiques de lutte contre la contrebande, les contrefaçons et toutes les pratiques irrégulières utilisées en la matière. Cette loi si heureusement votée devrait permettre une meilleure organisation de la filière des médicaments vétérinaires au Cameroun, ce qui n'est malheureusement pas encore le cas, faute de textes d'application. C'est à ce titre que HAMADOU et BANIPE (2001) estiment que l'exercice de la pharmacie vétérinaire au Cameroun se fait dans une situation de << vide juridique >>.

III.1.2.2- Organisation du circuit de distribution

Les résultats de cette étude ont montré que la distribution des médicaments vétérinaires au Cameroun se fait dans deux grands secteurs ou circuits : le circuit officiel et le circuit parallèle.

Le circuit officiel

Comme dans les autres pays de l'Afrique subsaharienne, le circuit officiel de distribution des médicaments vétérinaires au Cameroun est caractérisé par une diversification accrue des produits vétérinaires et de leurs origines, l'absence d'une segmentation effective des activité de vente en gros et de vente au détail des médicaments vétérinaires.

Le nombre important de sources d'approvisionnement et de marques de médicaments vétérinaires disponibles sur le marché serait lié à deux facteurs. En effet, la logique économique oblige les acteurs (importateurs-grossistes) à privilégier les médicaments les moins chers. Cette situation expliquerait l'importance des médicaments vétérinaires provenant de l'Asie sur les marchés africains en général et camerounais en particulier, mais qu'en est-il de leur qualité car comme le dit SCHMIDT (1999), << le moins cher n'est pas toujours le meilleur >> et quand on sait en plus que l'Asie est classée numéro 1 mondial de la contrefaçon (SCHMIDT, 1999). A ce facteur s'ajoute l'absence de liste de firmes pharmaceutiques vétérinaires homologuées par le ministère en charge de l'élevage. Cette situation permet certes de

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diversifier les sources d'approvisionnement et donc d'améliorer la disponibilité des médicaments vétérinaires de toute sorte, mais, elle constitue un réel handicap à la maîtrise de la qualité de ces derniers. En effet l'identification, la connaissance et le choix des firmes pharmaceutiques « fournisseurs » sont des impératifs à la garantie de la qualité des médicaments vétérinaires commercialisés dans un pays tant il est vrai que l'unité de production est le premier maillon de la filière qui doit garantir la qualité du produit.

Quant à l'absence de séparation effective des activités de grossistes-répartiteurs et celle de distributeurs-détaillants, il s'agit d'une conséquence logique du manque d'application des textes en vigueur en matière de réglementation de la pharmacie vétérinaire au Cameroun notamment la loi n° 2000/018 du 19 décembre 2000. En effet, tout vétérinaire installé en clientèle privée et disposant de moyens financiers nécessaires, importe, distribue en gros et au détail les médicaments vétérinaires, pour certains, de provenance et de qualité douteuses. Ce désordre peut entraîner une saturation très rapide du marché obligeant certains grossistes en quête d'une clientèle, à distribuer leurs produits même dans le circuit parallèle à l'instar de la situation décrite au Sénégal par THIAM (2002). Les conséquences sociales de ce phénomène ne sont non plus négligeables. En effet, à cause de la concurrence déloyale des grossistes qui offrent généralement des prix plus bas au détail, huit (8) vétérinaires installés en clientèle privée au Cameroun ont dû fermer leurs officines en 1999 et se sont retrouvés au chômage avant d'intégrer plutard la fonction publique (HAMADOU et NGATCHOU, 1999).

Le circuit parallèle

Le circuit parallèle de distribution des médicaments vétérinaires est animé en général par des acteurs non qualifiés. Ce circuit se développerait à la faveur de plusieurs facteurs parmi lesquels le manque d'application des textes régissant l'exercice de la pharmacie vétérinaire, le manque de répression de la part de l'Etat. En effet comment expliquer que les acteurs du marché parallèle de médicaments vétérinaires paient-ils des taxes officielles aux mairies pour exercer une activité

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illégale ? Dans certaines régions du pays, le marché parallèle des médicaments vétérinaires occupe un vide réel, probablement lié au déficit en personnel chargé de la santé animale. Le diagnostic de la situation par région montre que ce phénomène semble être plus développé dans les provinces du Nord-Ouest, du Sud-Ouest, de l'Extrême-Nord, du Nord, de l'Adamaoua et de l'Ouest que dans les autres provinces du pays. Cette différence serait liée à deux facteurs que les régions où la vente illicite des médicaments vétérinaires est plus développée ont en commun à savoir la proximité avec le Nigéria et/ou l'importance des activités d'élevage. Ce constat corrobore les observations faites par AKODA (2002) au Bénin et au Togo où le marché parallèle des médicaments vétérinaires est également plus important dans les zones frontalières avec le Nigéria.

Les conséquences de ce fléau sont d'ordres sanitaire, économique et social. Les préjudices sanitaire et économique indirecte découlent de la mauvaise qualité et du mauvais usage des médicaments vétérinaires que mobilise ce circuit. La persistance des maladies animales s'accompagne généralement d'une baisse de productivité freinant ainsi le développement de l'élevage dans le pays. Quant au préjudice économique direct, le marché parallèle des médicaments vétérinaires cause un important manque à gagner aux acteurs du marché officiel (Firmes pharmaceutiques, grossistes, détaillants, etc.).

III.1.2.3- Usage des médicaments vétérinaires

Cette étude révèle que le mauvais usage des médicaments vétérinaires est courant au Cameroun, ces derniers étant le plus souvent délivrés aux éleveurs sans ordonnance ou dans le marché parallèle, lesquels les administrent eux-mêmes à leurs animaux. Dans la pratique, les éleveurs ne pas les posologies indiquées soit par soucis d'économie en administrant des doses faibles aux animaux, soit par soucis de guérir rapidement la maladie en administrant des doses fortes supérieures aux doses indiquées. Dans la plupart du temps, les délais d'attente ne sont non plus respectés. Les conséquences de ces deux pratiques peuvent être aussi bien dommageables pour l'animal en l'occurrence l'absence de guérison ou l'empoisonnement que pour le

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consommateur qui s'expose aux risques des résidus médicamenteux. Ainsi, dans une étude portant sur les résidus d'antibactériens dans le foie et le gésier de poulets de chair dans les régions de Dakar et Thiès au Sénégal, DIOP (2003) a mis en évidence la présence au delà des LMR, les résidus de tétracyclines, de sulfamides, de macrolides et ou de bêtalactamines, de nitrofuranes et de chloramphénicol ; ces deux derniers faisant partie des substances dont la présence est interdite dans les produits animaux destinés à la consommation. En 2002, BIAGUI dénonçait déjà l'utilisation anarchique des produits même interdits dans les exploitations avicoles dans la zone des Niayes au Sénégal par des personnes non qualifiées.

Outre les risques sanitaires liés à la présence de résidus dans les denrées d'origine animale, le mauvais usage des médicaments vétérinaires peut également être à l'origine de résistances aux antimicrobiens chez les animaux destinés à la consommation avec des effets indésirables sur la santé humaine. En effet des études réalisées en Europe et aux Etats-Unis ont montré que l'emploi des fluoroquinolones chez les animaux peut induire la résistance des bactéries pathogènes des humains en particulier Campylobacter jejuni et Salmonella enterica (Santé Canada, 2002). Aussi, afin d'examiner la résistance à un groupe de 16 antibiotiques utilisés en médecine humaine et en médecine vétérinaire, FOFANA (2004) a isolé de la viande de poulet de chair au Sénégal des souches de Samonella spp et d'Escherichia coli présentant une résistance multiple à 5 antibiotiques.

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