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Processus d'externalisation en Grande-Bretagne et privatisation de la sécurité: Quels rapports, quels enjeux ?

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par Hugues de Bonnières
Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr -  2007
  

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B. La Réglementation est-elle une réponse adaptée à l'Externalisation et à la Privatisation de la Sécurité ?

Nous avons vu dans notre première partie que la principale caractéristique de la situation en Grande-Bretagne est celle d'une situation très complexe, dans laquelle nous pouvons sentir confusément que de bonnes choses peuvent être tirées du parti de l'externalisation. Cependant, quelques points particuliers attirent notre attention sur la nécessité de changer certaines règles de ce jeu moderne de l' externalisation. Que l' on considère cette dernière comme une véritable tendance, ou comme simple effet de mode, ses processus sont à reprendre, de manière à recadrer ses effets. La problématique de cette partie est de savoir si les problèmes occasionnés par l'externalisation sont suffisants pour créer une volonté de changement assez importante qui sera à l'origine de la création d'un nouveau cadre d'action à l'externalisation de fonctions de la Défense. Cette question en appelle une autre : comment réglementer un tel secteur ? Sur qui doit-on peser pour obtenir une clarification de la situation ? Enfin, et tout naturellement, nous nous posons la question de savoir si une réglementation serait une réponse adaptée à ce phénomène de « sur - externalisation » ?

1. Les difficultés de l' externalisation et de la privatisation.

a) La question épineuse de la rentabilité effective de la privatisation.

Si la question du coût était un problème épineux lors même du passage à l'externalisation, il n'a toujours pas été prouvé que les processus d'externalisation soient rentables. Du reste, l'emploi du secteur privé pour remplir des missions d'ordre public a pour conséquences de créer des difficultés dans plusieurs domaines, comme ceux de « l'intangible » et dans le contrôle de l'externalisation. Nous pouvons ici considérer que l'externalisation est un échec relatif, eu égard simplement aux coûts qu'elle engendre.

En effet, et bien que le but officiel premier de l' externalisation soit la recherche d' économies substantielles, force nous est de constater l' absence de résultats clairs et

convaincants dans ce domaine. La question de la rentabilité se trouve être plus simple à expliquer à l'aide d'un graphique. Le premier graphique nous montre deux courbes, A et B.

Symbolisant le coût d'une prestation lorsqu'elle est fournie par le secteur public, A est volontairement horizontale pour simplifier le problème (nous ne prenons pas en compte une éventuelle inflation, les amortissements...). B, quand à elle, représente le coût de la même prestation, fournie par le secteur privé. La zone hachurée représente l'économie réalisée par l'externalisation, proportionnelle aux qualités que présente le secteur privé. En effet, contrairement au secteur public, les sociétés privées ont recours aux outils du capitalisme : ce sont des gestions de stocks différentes, des recours aux aides informatiques, la mise en application de concepts comme le JIT ( Just In Time), les flux tendus, le zéro stock, etc.

Prenons maintenant la même situation, mais avec un facteur extérieur perturbateur.

Nous avons étudié le cas de l'externalisation de la formation au pilotage d'hélicoptères. Supposons un changement dans la dotation de l'armée britannique, qui engendre de nouveaux coûts pour le sous-traitant ; ces derniers se traduisent dans le coût de l'externalisation, comme le schéma précédent l'indique. La courbe des coûts de l'externalisation augmente lorsque le facteur perturbateur se dévoile. Certes, la courbe des coûts de la prestation si elle avait été réalisée par le service public aurait augmenter aussi, mais probablement moins. En effet, l'effort d'adaptation est plus important à l'échelle d'une société privée, qui dispose de moins de ressources que l'Etat. Par ailleurs, l'Etat sous traite sa formation d'hélicoptères à plusieurs sociétés. Chacune doit donc acquérir de nouveaux simulateurs en petites quantités, tandis que l'Etat, en regroupant tous ses besoins aurait pu bénéficier d' économies substantielles. C' est pourquoi certains cas montrent bien les limites de la privatisation à des sociétés d'importance plus modeste que le commanditaire.

Le problème est donc le suivant : seule l'expérience montre la rentabilité du système de l'externalisation. En effet, beaucoup de variables ont des effets considérables sur les coûts de ce système. Un changement de matériel, une mise à niveau (comme les problèmes de calibres, de réseau de transmission interopérables, etc.) comme celles que peuvent engendrer les normes de l'OTAN sur les armées, une pénurie de matière première, etc. sont autant de risques. Mais le fait pour un Etat d' externaliser les fonctions de son secteur public ne signifie pas la fin de ces risques et de leurs répercussions sur les finances publiques. Tôt ou tard l'Etat assumera ces coûts. Reste à savoir si les économies réalisées entre le début de l' externalisation et l' arrivée d'un facteur perturbateur sont supérieures aux pertes engendrées par ces perturbations, comme le montre ce schéma :

Ainsi donc, à la vue de ces trois schémas expliquant les mécanismes de rentabilité, seule la durée peut donner une véritable réponse à la question de la rentabilité de l'externalisation. Cependant, rappelons que si la rentabilité reste le principal objectif de la privatisation, beaucoup d'autres aspects entrent en ligne de compte dans le bilan qu'il faut en faire. Et c'est le cas avec tout ce que l'on ne peut mesurer précisément.

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