2. Un secteur mature.
a) un secteur mature
L' éventail des activités des SMP est un exact
parallèle des activités de Défense que l'on trouvait il y
a quelques années dans un gouvernement national. A l'époque de la
conscription et de la guerre froide, les Etats faisaient réaliser tout
le spectre des activités touchant de près ou de loin au secteur
de la Défense par leurs forces armées. L'armée
construisait les bases, les gérait, fournissait le personnel
nécessaire à l'entretien, au service de restauration, de
santé, s'occupait de maintenir en état opérationnel les
véhicules, les armes... Suite à la focalisation des armées
sur le « coeur du métier » qu' ont connus les pays
développés, les fonctions préalablement remplies et
assurées par l' armée elle-même sont maintenant
dévolues à des entreprises civiles. Ainsi, chaque maillon de la
chaîne miitaire a son équivalent dans une entreprise civile de
sécurité et de Défense, à l'exception des
combattants, qui n'ont comme équivalents que les mercenaires. Les
raisons de tels changements se trouvent dans la volonté de continuer
à mener les missions qui dépendent de l'armée, comme les
opérations de guerre, sans pour autant se disperser dans des
opérations de soutien, de logistique, qui exigent du temps et des moyens
en terme de personnel et de financement. C'est pourquoi sont apparus les
concepts que nous avons vus plus haut : le PPP et la PFI.
Avec un budget de 33,2 milliards de livres en 2005-2006 (soit
près de 50 milliards d'euros), le Ministry of Defence se place au
deuxième rang mondial en terme de budgets militaires, loin après
les Etats-Unis d'Amérique, mais juste devant la France. Comme dans tous
les budgets militaires, la majeure partie des ressources est consacrée
aux personnels : 11,3 milliards de livres sterling (17 milliards d' euros) sont
consacrés aux salaires, pensions et retraites des soldats de Sa
Majesté. En 2004-2005, le MoD a dépensé 14,5 milliards de
livres (21,7 milliards d' euros) avec l' industrie britannique, ce
qui a permis l'emploi de plus de 310 000 personnes. Ces
chiffres montrent bien l'importance et le poids financier qu'ont les
activités de Défense dans une économie nationale. Plus
encore, le ministère de la Défense a passé en 2005 - 2006
près de 26 000 contrats pour une valeur totale de 18,2 milliards de
livres (27 milliards d'euros). Le nombre de contrats passés par la
Défense, comprenant les contrats passés au titre de la PFI, a
diminué, tandis que la valeur de ces derniers a augmenté de 3,4
milliards (5,1 milliards d'euros), soit 22,5 % en un an7. Il faut
noter, évidemment, que les paiements de ces contrats ne sont pas
effectués dans l'année, mais sont échelonnés sur la
durée des contrats, qui peut atteindre plusieurs décennies. C'
est ici qu' interviennent deux concepts importants dans les mécanismes
favorisant la PFI : les Value for Money et Whole Life Costing.
Le Whole Life Costing est l'évaluation du coût total
d'un projet sur l' ensemble du processus d' acquisition depuis le concept
initial, et en inté grant l' ensemble des coûts (conception,
fabrication, entretien,...). C'est probablement l'une des principales
difficultés de la conception économique de la privatisation :
comment peut-on envisager, de manière précise, le coût
réel d'un projet ? Même si les études de marché et
l' expérience permettent d' apprécier les coûts, les marges
d' erreurs restent importantes. Il suffit de se rappeler les chocs
pétroliers des années 1970 pour comprendre aisément que
les paris sur l'avenir comportent tous leurs parts d'incertitude. Le concept de
Value for Money est l'association entre le Whole Life Costing
et la qualité du service ou du produit qui correspond le mieux aux
besoins exprimés. Autrement dit, la quête de la PFI consiste
à se tourner vers le secteur privé afin de se procurer au
meilleur coût le meilleur produit ou service. Mais cette quête est
donc délicate, car les démarches effectuées
préalablement à la signature d'un nouveau contrat exigent
beaucoup de temps, et par là même mobiisent beaucoup de moyens et
de personnes.
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