II -IMPACTS DE L'UTILISATION DES INTRANTS AGRICOLES
SUR LES POPULATIONS
Dans la commune de Ségbana, le constat
général est que les paysans ne respectent pas les modes
d'utilisation des intrants agricoles (engrais et pesticides). Plusieurs raisons
expliquent ce comportement.
A - Difficultés d'utilisation des intrants agricoles
par les agriculteurs
L'activité agricole prédominante, dans la
commune, est la culture du coton, une culture qui impose aux paysans
l'utilisation des engrais chimiques et pesticides.
Toutes les dispositions sont prises par les distributeurs
pour approvisionner les paysans en intrants.
De 1998 à 2003, près de 16.423 tonnes d'engrais
et près de 3.775.546 litres de pesticides ont été
utilisés dans la commune de Ségbana comme l'indique le tableau
III : suivant.
Tableau III : Utilisation
des engrais et pesticides dans la commune de Ségbana
Unité :
· engrais en tonne
· pesticides en litre
Année
Intrants
|
1998-1999
|
1999-2000
|
2000-2001
|
2001-2002
|
2002-2003
|
TOTAL
|
Engrais
|
2994,75
|
3041,75
|
3371,75
|
2882,35
|
4132,95
|
16423,55
|
Pesticides
|
90.570
|
95.409
|
97.728
|
74.494
|
93.839
|
3.775.546
|
Source : Rapport d'activité du
CARDER Borgou - Alibori, 2003.
La disponibilité des intrants agricoles ne constitue
donc pas un problème. Mais il faut reconnaître que les techniques
ou les consignes d'utilisation de ces intrants restent à
maîtriser.
Les agents d'encadrement exigent des producteurs de coton
l'observance d'un certain comportement lors du traitement des champs dont le
port d'un vêtement de protection adéquat pour le traitement
phytosanitaire, le port de gant pour l'épandage d'engrais. Mais ces
consignes ne sont pas respectées (Photo 4).
Près de 194 soit 99% sur 196 paysans interrogés
déclarent que le vêtement du traitement phytosanitaire
composé d'un ensemble pantalon et chemise à manches longues
(5000F), des lunettes (500F), des gants (750F), d'un cache-nez (500F) et des
bottes (3500F), coûte cher et n'est pas à leur portée. Le
prix officiel de cet accoutrement communiqué par le CARDER Borgou lors
de l'étude est de 10.250FCFA. Mais la réalité est que sur
le terrain ce prix varie entre 15.000F et 18.000F pour des raisons internes
à la commune. Outre la cherté de l'accoutrement de traitement
phytosanitaire des champs de coton, les autres problèmes soulevés
par les producteurs de coton sont la chaleur dégagée par cet
accoutrement et le poids contraignant des bottes, des difficultés qui ne
favorisent pas le traitement aisé et rapide des champs de coton. La
quasi-totalité des paysans choisissent simplement de faire le traitement
des champs sans protection adéquate (photo 5).
Photo 4 : Epandage d'engrais dans
un champ de coton à Koutè par un paysan sans
protection des mains et suivi
de son enfant
Source :(KISSIRA
Aboubakar septembre 2004)
Photo 5 : Traitement phytosanitaire
d'un champ de coton par un paysan de Ségbana
sans mesure de protection (vêtements, cache-nez, gants,
lunettes ...)
Source : (KISSIRA Aboubakar,
septembre 2004)
Les paysans n'ont pas encore perçu l'utilité de
la protection lors du traitement phytosanitaire. Seuls quelques responsables de
l'Union Communale des Producteurs se sont approvisionnés en
vêtement. Mais le constat est qu'ils utilisent souvent dans leurs champs
de coton des ouvriers agricoles qui refusent de se protéger contre les
risques d'exposition aux pesticides. Le vêtement de protection est
contraignant disent-ils. Il se pose à ce niveau la non adaptation du
vêtement de protection au climat chaud du milieu des paysans. Pour leur
bien-être lors du traitement phytosanitaire la plupart des paysans ont
émis le voeu de voir confectionner des vêtements de protection
moins contraignants et moins chers.
Un autre comportement observé lors du traitement
phytosanitaire des champs de coton est l'implication des enfants dans cette
activité réservée aux adultes. Avant quinze (15) ans,
l'âge d'être un actif agricole, les enfants sont associés au
traitement. Le lavage du matériel de traitement à la fin de
l'opération leur revient quelques fois. Ce qui les expose ainsi, comme
leurs parents, aux dangers liés aux insecticides.
D'autres pratiques font courir aux paysans des risques
liés à la manipulation des pesticides et aux engrais.
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