PARTIE 1 : LE CONTEXTE
HISTORIQUE ET PROBLEMATIQUE GENERALES
Dans cette première partie, il s'agira de
présenter l'itinéraire historique de système
éducatif agricole béninois, expliquer les facteurs à
prendre en compte pour mesurer l'efficacité d'un système
éducatif.
Chapitre 1 :
Itinéraire historique du système éducatif agricole
béninois
Depuis son indépendance à nos jours, La
formation professionnelle agricole et rural au Bénin a connu deux phases
au plan structurel et administratif. La première phase correspond
à l'époque où le ministère chargé de
l'Agriculture était responsable de la direction de l'enseignement
agricole et des établissements d'enseignement technique agricole.
À partir de 1975, commence la deuxième phase où le
Ministère chargé de l'Éducation est chargé de
superviser les collèges et lycées agricoles. Au moment où
le Ministère de l'Agriculture était chargé de la direction
de l'enseignement agricole, la stratégie de formation professionnelle
agricole développée était en accord avec les objectifs de
la politique agricole nationale. Par ailleurs, il existait une parfaite
synergie entre les flux d'apprenants pour les formations d'entrée, d'une
part, et les besoins réels des professions ouvertes et du marché
du travail, d'autre part.
Cependant, depuis 1975, tous les établissements
d'enseignement technique secondaire et de la formation professionnelle ont
été placés sous la juridiction du ministère
national de l'Éducation, et il n'y a plus de réformes de
l'enseignement agricole directement liées aux politiques agricoles.
Toutes les réformes conçues et mises en oeuvre ont
été intégrées dans le cadre global du sous-ensemble
auquel elles appartiennent désormais, à savoir «
l'Enseignement Technique et la Formation Professionnelle (ETFP) ». Ainsi,
de 1960 à nos jours, le Bénin a connu deux réformes
majeures en matière de formation professionnelle agricole à
savoir : la ruralisation de l'éducation mise en oeuvre dans la
première décennie après l'indépendance et la
Promotion de l'entrepreneuriat agricole.
Ruralisation de l'éducation : Pour
soutenir la politique agricole dans la « lutte contre l'exode
rural », le ministère national de l'Éducation a
créé le Plan de développement économique et social
(PDES) en 1966, qui se concentre sur la ruralisation de l'éducation. Le
programme vise à initier les technologies agricoles à un nombre
suffisant de jeunes écoliers pour faciliter leur intégration
post-études dans le secteur agricole productif. Sa première
partie s'adresse à un public qui entend continuer à apprendre. Il
s'agit d'élèves du primaire et du secondaire de l'enseignement
général. Dans cette optique, plusieurs écoles primaires
ont été sélectionnées à travers le pays. Ces
écoles pilotes sont appelées : « écoles primaires
ruralisées ». Au niveau secondaire également, quatre
collèges d'enseignement agricole moderne (CEMA) ont été
créés à Adjohoun, Come, Kandi et Savalou. Les
étudiants de ces écoles et collèges recevaient des cours
de sciences agricoles en plus de l'enseignement classique et effectuaient des
heures de travaux pratiques dans des domaines gérés par les
établissements d'enseignement. Du matériel technique et des
livres agricoles publiés par le Bureau de recherche technique et de
documentation (BTED), l'organisme directeur, ont été
distribués aux enseignants. Des examens Pratiques Agricole comptaient
à la fois pour l'évaluation continue des connaissances et
à l'examen du Brevet d'Etude du Premier Cycle (BEPC). Les
étudiants inscrits à ces cours ont la liberté de
poursuivre leurs études classiques au lycée ou à
l'université, selon leur propre choix. Les jeunes agriculteurs et
artisans qui souhaitent devenir des centres d'innovation technologique dans
leur environnement bénéficient d'une formation de courte
durée dans le deuxième pilier du programme de
développement économique et social. Ces écoles partenaires
offrent une formation pratique aux élèves de niveau CM2
après deux années de préparation. Les apprenants
participent activement à la gestion collective des ressources de
formation pour cultiver un esprit coopératif dans le milieu agricole.
L'École normale de Porto Novo et le Centre de formation des
maîtres d'agricoles Ouidah ont été utilisés pour
former les enseignants de ces écoles d'enseignement
général ruralisées et coopératives (écoles
pratiques agricoles). Malheureusement, la réforme éducative, qui
articulait fortement la politique agricole à celle éducative dans
tous ses domaines, n'a duré que six ans. L'initiative s'est
estompée en 1973 par manque de volonté politique devant relayer
les bailleurs de fonds dans la prise en charge du fonctionnement du dispositif
mis en place(SNFAR versionvalidée de Décembre 2014
p.16.)
En 1972, la "révolution"a créé
l'École Nouvelle, qui représente la nouvelle philosophie
éducative. Le programme basé sur la professionnalisation de
l'éducation a continué entre 1974 et 1989 à travers :
· la mise en place d'un dispositif d'orientation
post-primaire vers les métiers en faveur des apprenants
précocement éjectés du circuit scolaire ;
· la généralisation des coopératives
scolaires de production dans tous les établissements publics du pays.
Cette ère a été marquée au niveau
du système éducatif par une seule réforme :
La réforme de 1975 portant sur l'École Nouvelle
et qui préconisait une meilleure professionnalisation de l'enseignement.
Il était même prévu un dispositif d'orientation vers les
métiers à partir de la fin du cours primaire pour
récupérer les « rebuts » du système
éducatif. La Promotion de l'entreprenariat agricole : À travers
la crise économique et financière qu'a connu le Bénin dans
années 80 a contraint le gouvernement, sous l'injonction de la Banque
Mondiale et du Fonds Monétaire International, à signer un
Programme d'Ajustement Structurel. L'une des conséquences de ce
programme a été le gel de recrutement systématique dans la
fonction publique avec le dégraissage du personnel Agent Permanent de
l'Etat (APE). En réponse à cette conjoncture socio-
économique difficile, le gouvernement a procédé à
la révision des programmes de formation dans les collèges et
lycées agricoles. Les nouveaux programmes ainsi mis en place dès
1996 reposaient sur trois piliers fondamentaux que sont la polyvalence, la
technicité et la culture entrepreneuriale. Cette nouvelle orientation de
l'enseignement technique agricole tournée vers la formation à
l'auto-emploi va être confirmée dans le « Document de
réforme et d'orientation de l'Enseignement Technique et de la Formation
Professionnelle » de 2001.
La polyvalence qui consacre l'abandon des
spécialités au profit d'un profil plus généraliste.
Cette décision vient du fait que les exigences de l'auto-emploi vont au-
delà de la maîtrise des compétences pointues pour couvrir
un champ de compétences plus large en raison de la gamme variée
des activités (cultures, élevage, pêche, constructions
rurales, comptabilité, transformation...) et de la mobilité
qu'elles demandent aux promoteurs.
La technicité : l'installation en agriculture exige la
maîtrise d'un ensemble de savoir et de savoir-faire indispensables
à la réussite de l'entreprise. Il a été
prévu également que l'apprenant, à défaut de
s'installer, puisse justifier de ses compétences techniques pour assurer
des prestations de service à des tiers. La culture entrepreneuriale : la
création et la gestion d'une entreprise agricole exigent des aptitudes
cognitives qui vont au-delà des savoirs techniques. Elle doit
également prendre en compte les aspects liés à la
conquête du marché, la gestion des ressources matérielles
et financières, le management ainsi que la capacité de s'adapter
à toutes les situations qu'impose l'évolution de la
profession.
En marge des établissements classiques de formation
agricole, plusieurs centres de formation professionnelle agricole ont vu le
jour. Il s'agit de la création des :
· Centres de Promotion Rurale (CPR) et des Centres
Féminins de Promotion Rurale (CFPR) ;
· Maisons Familiales et Rurales (MAFAR) ;
· Écoles de métiers de l'ONG BORNE fonden.
A ces centres s'ajoutent :
· Le Centre Songhaï mis en place depuis 1985 ; et
Les dispositifs informels de renforcement de capacités
des ressources humaines du secteur agricole toutes catégories
confondues, des initiatives des ONG et des projets et programmes de
développement rural.
Aujourd'hui encore, les orientations en matière de
formation professionnelle agricole mettent l'accent sur l'insertion
professionnelle à réaliser grâce à l'exercice
d'emplois décents et à l'auto-emploi, en développant le
partenariat public et privé (PPP). Pour mettre en oeuvre ces nouvelles
orientations, une des stratégies adoptées est la
spécialisation des métiers agricoles en augmentant les
capacités des offres de formation se traduisant par la création
des nouveaux Lycées agricoles et la généralisation des
centres Songhaï, comme moteur de développement de l'agriculture.
L'objectif majeur poursuivi est d'adapter les produits au marché du
travail. A cet effet, il faut :« La mise en place d'un système de
pilotage de la formation technique et professionnelle (FTP) par la demande,
avec pour corollaire une offre de formation diversifiée, s'inscrivant
dans le cadre des priorités de développement fixées par
l'Etat ».
La mise en place d'un cadre de concertation entre acteurs et
partenaires de la FTP, en particulier à travers le Conseil National de
la FTP pour impliquer davantage les professionnels dans la conception, la mise
en oeuvre et l'évaluation des formations.
La définition d'un cadre juridique pour
développer le partenariat entre les centres et établissements de
formation et l'entreprise » Si l'augmentation de l'offre de formation
s'inscrit dans la mise en oeuvre d'orientations prises, sa pertinence se heurte
toutefois à différents obstacles qui handicapent à priori
la qualité des produits attendus par rapport aux exigences du
marché du travail :
· L'insuffisance de ressources humaines ;
· L'insuffisance et l'inadaptation des équipements
et matériels techniques (c'est ce qui explique sans doute
l'opération 120 jours pour équiper les Lycées
techniques);
· Peu d'enseignants des Lycées techniques
agricoles sont formés à leur métier, en particulier pour
être des formateurs (et non uniquement des enseignants) dans le cadre de
la mise en oeuvre de l'APC ;
· L'existence de zones agro écologiques bien
définies (avec indication des cultures à privilégier)
n'est pas prise en compte pour spécialiser les formations (en effet,
à l'heure actuelle, les Lycées techniques agricoles utilisent le
même programme de formation) ;
Dans l'enseignement supérieur, si le nombre de
structures spécialisées augmente (universités
thématiques, centres universitaires spécialisés etc.), il
est à noter qu'il se pose à la fois des questions de gestion des
flux, d'équipements et de formation des enseignants.
Revue des politiques de formation technique et professionnelle
au Bénin (2013).
Schéma du dispositif national de Formation
Professionnelle Agricole au Bénin
« Extrait du document intitulé "Les
dispositifs et les systèmes de financement de la formation agricole et
rurale au Bénin - Vol. 1, du réseau FAR »
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