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Efficacité du système éducatif agricole béninois


par Achraf ISSIAKOU
Ecole Nationale Supérieure de Formation de l'Enseignement Agricole - Master 1 2023
  

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PARTIE 1 : LE CONTEXTE HISTORIQUE ET PROBLEMATIQUE GENERALES

Dans cette première partie, il s'agira de présenter l'itinéraire historique de système éducatif agricole béninois, expliquer les facteurs à prendre en compte pour mesurer l'efficacité d'un système éducatif.

Chapitre 1 : Itinéraire historique du système éducatif agricole béninois

Depuis son indépendance à nos jours, La formation professionnelle agricole et rural au Bénin a connu deux phases au plan structurel et administratif. La première phase correspond à l'époque où le ministère chargé de l'Agriculture était responsable de la direction de l'enseignement agricole et des établissements d'enseignement technique agricole. À partir de 1975, commence la deuxième phase où le Ministère chargé de l'Éducation est chargé de superviser les collèges et lycées agricoles. Au moment où le Ministère de l'Agriculture était chargé de la direction de l'enseignement agricole, la stratégie de formation professionnelle agricole développée était en accord avec les objectifs de la politique agricole nationale. Par ailleurs, il existait une parfaite synergie entre les flux d'apprenants pour les formations d'entrée, d'une part, et les besoins réels des professions ouvertes et du marché du travail, d'autre part.

Cependant, depuis 1975, tous les établissements d'enseignement technique secondaire et de la formation professionnelle ont été placés sous la juridiction du ministère national de l'Éducation, et il n'y a plus de réformes de l'enseignement agricole directement liées aux politiques agricoles. Toutes les réformes conçues et mises en oeuvre ont été intégrées dans le cadre global du sous-ensemble auquel elles appartiennent désormais, à savoir « l'Enseignement Technique et la Formation Professionnelle (ETFP) ». Ainsi, de 1960 à nos jours, le Bénin a connu deux réformes majeures en matière de formation professionnelle agricole à savoir : la ruralisation de l'éducation mise en oeuvre dans la première décennie après l'indépendance et la Promotion de l'entrepreneuriat agricole.

Ruralisation de l'éducation : Pour soutenir la politique agricole dans la « lutte contre l'exode rural », le ministère national de l'Éducation a créé le Plan de développement économique et social (PDES) en 1966, qui se concentre sur la ruralisation de l'éducation. Le programme vise à initier les technologies agricoles à un nombre suffisant de jeunes écoliers pour faciliter leur intégration post-études dans le secteur agricole productif. Sa première partie s'adresse à un public qui entend continuer à apprendre. Il s'agit d'élèves du primaire et du secondaire de l'enseignement général. Dans cette optique, plusieurs écoles primaires ont été sélectionnées à travers le pays. Ces écoles pilotes sont appelées : « écoles primaires ruralisées ». Au niveau secondaire également, quatre collèges d'enseignement agricole moderne (CEMA) ont été créés à Adjohoun, Come, Kandi et Savalou. Les étudiants de ces écoles et collèges recevaient des cours de sciences agricoles en plus de l'enseignement classique et effectuaient des heures de travaux pratiques dans des domaines gérés par les établissements d'enseignement. Du matériel technique et des livres agricoles publiés par le Bureau de recherche technique et de documentation (BTED), l'organisme directeur, ont été distribués aux enseignants. Des examens Pratiques Agricole comptaient à la fois pour l'évaluation continue des connaissances et à l'examen du Brevet d'Etude du Premier Cycle (BEPC). Les étudiants inscrits à ces cours ont la liberté de poursuivre leurs études classiques au lycée ou à l'université, selon leur propre choix. Les jeunes agriculteurs et artisans qui souhaitent devenir des centres d'innovation technologique dans leur environnement bénéficient d'une formation de courte durée dans le deuxième pilier du programme de développement économique et social. Ces écoles partenaires offrent une formation pratique aux élèves de niveau CM2 après deux années de préparation. Les apprenants participent activement à la gestion collective des ressources de formation pour cultiver un esprit coopératif dans le milieu agricole. L'École normale de Porto Novo et le Centre de formation des maîtres d'agricoles Ouidah ont été utilisés pour former les enseignants de ces écoles d'enseignement général ruralisées et coopératives (écoles pratiques agricoles). Malheureusement, la réforme éducative, qui articulait fortement la politique agricole à celle éducative dans tous ses domaines, n'a duré que six ans. L'initiative s'est estompée en 1973 par manque de volonté politique devant relayer les bailleurs de fonds dans la prise en charge du fonctionnement du dispositif mis en place(SNFAR versionvalidée de Décembre 2014 p.16.)

En 1972, la "révolution"a créé l'École Nouvelle, qui représente la nouvelle philosophie éducative. Le programme basé sur la professionnalisation de l'éducation a continué entre 1974 et 1989 à travers :

· la mise en place d'un dispositif d'orientation post-primaire vers les métiers en faveur des apprenants précocement éjectés du circuit scolaire ;

· la généralisation des coopératives scolaires de production dans tous les établissements publics du pays.

Cette ère a été marquée au niveau du système éducatif par une seule réforme :

La réforme de 1975 portant sur l'École Nouvelle et qui préconisait une meilleure professionnalisation de l'enseignement. Il était même prévu un dispositif d'orientation vers les métiers à partir de la fin du cours primaire pour récupérer les « rebuts » du système éducatif. La Promotion de l'entreprenariat agricole : À travers la crise économique et financière qu'a connu le Bénin dans années 80 a contraint le gouvernement, sous l'injonction de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International, à signer un Programme d'Ajustement Structurel. L'une des conséquences de ce programme a été le gel de recrutement systématique dans la fonction publique avec le dégraissage du personnel Agent Permanent de l'Etat (APE). En réponse à cette conjoncture socio- économique difficile, le gouvernement a procédé à la révision des programmes de formation dans les collèges et lycées agricoles. Les nouveaux programmes ainsi mis en place dès 1996 reposaient sur trois piliers fondamentaux que sont la polyvalence, la technicité et la culture entrepreneuriale. Cette nouvelle orientation de l'enseignement technique agricole tournée vers la formation à l'auto-emploi va être confirmée dans le « Document de réforme et d'orientation de l'Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle » de 2001.

La polyvalence qui consacre l'abandon des spécialités au profit d'un profil plus généraliste. Cette décision vient du fait que les exigences de l'auto-emploi vont au- delà de la maîtrise des compétences pointues pour couvrir un champ de compétences plus large en raison de la gamme variée des activités (cultures, élevage, pêche, constructions rurales, comptabilité, transformation...) et de la mobilité qu'elles demandent aux promoteurs.

La technicité : l'installation en agriculture exige la maîtrise d'un ensemble de savoir et de savoir-faire indispensables à la réussite de l'entreprise. Il a été prévu également que l'apprenant, à défaut de s'installer, puisse justifier de ses compétences techniques pour assurer des prestations de service à des tiers. La culture entrepreneuriale : la création et la gestion d'une entreprise agricole exigent des aptitudes cognitives qui vont au-delà des savoirs techniques. Elle doit également prendre en compte les aspects liés à la conquête du marché, la gestion des ressources matérielles et financières, le management ainsi que la capacité de s'adapter à toutes les situations qu'impose l'évolution de la profession.

En marge des établissements classiques de formation agricole, plusieurs centres de formation professionnelle agricole ont vu le jour. Il s'agit de la création des :

· Centres de Promotion Rurale (CPR) et des Centres Féminins de Promotion Rurale (CFPR) ;

· Maisons Familiales et Rurales (MAFAR) ;

· Écoles de métiers de l'ONG BORNE fonden.

A ces centres s'ajoutent :

· Le Centre Songhaï mis en place depuis 1985 ; et

Les dispositifs informels de renforcement de capacités des ressources humaines du secteur agricole toutes catégories confondues, des initiatives des ONG et des projets et programmes de développement rural.

Aujourd'hui encore, les orientations en matière de formation professionnelle agricole mettent l'accent sur l'insertion professionnelle à réaliser grâce à l'exercice d'emplois décents et à l'auto-emploi, en développant le partenariat public et privé (PPP). Pour mettre en oeuvre ces nouvelles orientations, une des stratégies adoptées est la spécialisation des métiers agricoles en augmentant les capacités des offres de formation se traduisant par la création des nouveaux Lycées agricoles et la généralisation des centres Songhaï, comme moteur de développement de l'agriculture. L'objectif majeur poursuivi est d'adapter les produits au marché du travail. A cet effet, il faut :« La mise en place d'un système de pilotage de la formation technique et professionnelle (FTP) par la demande, avec pour corollaire une offre de formation diversifiée, s'inscrivant dans le cadre des priorités de développement fixées par l'Etat ».

La mise en place d'un cadre de concertation entre acteurs et partenaires de la FTP, en particulier à travers le Conseil National de la FTP pour impliquer davantage les professionnels dans la conception, la mise en oeuvre et l'évaluation des formations.

La définition d'un cadre juridique pour développer le partenariat entre les centres et établissements de formation et l'entreprise » Si l'augmentation de l'offre de formation s'inscrit dans la mise en oeuvre d'orientations prises, sa pertinence se heurte toutefois à différents obstacles qui handicapent à priori la qualité des produits attendus par rapport aux exigences du marché du travail :

· L'insuffisance de ressources humaines ;

· L'insuffisance et l'inadaptation des équipements et matériels techniques (c'est ce qui explique sans doute l'opération 120 jours pour équiper les Lycées techniques);

· Peu d'enseignants des Lycées techniques agricoles sont formés à leur métier, en particulier pour être des formateurs (et non uniquement des enseignants) dans le cadre de la mise en oeuvre de l'APC ;

· L'existence de zones agro écologiques bien définies (avec indication des cultures à privilégier) n'est pas prise en compte pour spécialiser les formations (en effet, à l'heure actuelle, les Lycées techniques agricoles utilisent le même programme de formation) ;

Dans l'enseignement supérieur, si le nombre de structures spécialisées augmente (universités thématiques, centres universitaires spécialisés etc.), il est à noter qu'il se pose à la fois des questions de gestion des flux, d'équipements et de formation des enseignants.

Revue des politiques de formation technique et professionnelle au Bénin (2013).

Schéma du dispositif national de Formation Professionnelle Agricole au Bénin

« Extrait du document intitulé "Les dispositifs et les systèmes de financement de la formation agricole et rurale au Bénin - Vol. 1, du réseau FAR »

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