CHAPITRE II : PROFIL PLAQUETTAIRE DU NOUVEAU-NE ET
TROUBLES DES PLAQUETTES II.1. PROFIL PLAQUETTAIRE DU
NOUVEAU-NE
Le chiffre moyen de plaquettes retrouvé chez le foetus
sain à partir de la 17e semaine de gestation est de 250.000/l. Ce
chiffre ne varie pas jusqu'au terme. Dès la fin de la première
semaine, le chiffre moyen de plaquettes augmente significativement. Pendant
cette période, les valeurs normales se situent entre 150 000/l et
650000/l. une étude américaine a montré que le chiffre de
plaquettes est sujet à de nombreuses variations pendant la
période néonatale. Il suit une courbe sinusoïdale pendant
les 9 premières semaines de vie avec un premier pic entre la 2e et 3e
semaine puis un second pic entre la 6e et la 7e semaine et peut atteindre
jusqu'à 750000/l. Ces chiffres élevés sont en rapport avec
une production accrue de thrombopoïètine (TPO) dès le 2e
jour de vie et jusqu'à la fin du premier mois. Le nombre de plaquettes
diminue ensuite progressivement pour devenir comparable à celui de
l'adulte (150-450.000/l) vers l'âge de 12 ans.[1]
Tableau I : Intervalles de
référence de la numération globulaire et plaquettaire de
la naissance à 2 mois.[25]
Catégories
|
Hématies
|
Hématocrite
|
Hémoglobine
|
VGM
|
TCMH
|
CCMH
|
IDR
|
Réticulocytes
|
Plaquettes
|
VMP
|
Erythroblaste
|
d'âge
|
1012 /l
|
%
|
g/dl
|
fl
|
pg
|
g/dl
|
%
|
109/l
|
109/l
|
fl
|
109/l
|
Nouveau-né
|
3.9-6.4
|
43.4-67.5
|
14.1-21.6
|
96.5-
|
32-39
|
|
15-
|
160-300
|
|
8.7-
|
0-1
|
|
|
|
|
114
|
|
|
18
|
|
|
11.6
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
150-400
|
|
|
2 jours
|
3.8-6.1
|
40.6-64.1
|
13.8-22.1
|
95-
|
180-325
|
0-0.2
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
116
|
|
31.5-
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
36.5
|
|
|
|
|
|
3 à7 jours
|
3.8-6.2
|
39.2-62.7
|
13.5-21.9
|
92-
|
170-323
|
<0.005
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
112
|
|
|
|
|
|
|
|
8 à 14 jours
|
3.7-5.7
|
35.7-58.5
|
12.3-19.9
|
88.5-
|
30-
|
|
|
20-200
|
|
9-
|
0
|
|
|
|
|
110
|
37.5
|
|
|
|
|
12.2
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
150-600
|
|
|
15 jours
|
3.1-5.2
|
30.2-49.5
|
10.8-17.5
|
88.5-
|
28-
|
|
|
25-65
|
|
|
0
|
à 1 mois
|
|
|
|
110
|
36.5
|
|
|
|
|
|
|
2 mois
|
3.1-4.3
|
27.341.2
|
9.7-13.5
|
80.5-
|
27-
|
|
|
|
|
8.5-
|
0
|
|
|
|
|
101
|
33.3
|
|
|
|
|
11.4
|
|
8
Mémoire rédigé par Chegninzebou Ngomsi
Blestel
II.2. LES VARIATIONS ANORMALES DU TAUX DES
PLAQUETTES
La thrombocytose est définie comme une
numération plaquettaire supérieure à la limite normale
pour l'âge. Il est décrit qu'après la première
semaine postnatale, la limite supérieure des numérations des
plaquettes chez les nouveau-nés à terme ou proches du terme est
systématiquement supérieure à la valeur adulte standard de
450 000/l.[1]
La thrombopénie néonatale est définie par
un taux plaquettaire inférieur à 150 000/mm3 quel que soit le
terme ; un taux plaquettaire inférieur à 50 000/mm3 est une
thrombopénie sévère et un taux plaquettaire
inférieur à 30 000/mm3 constitue une thrombopénie
très sévère.[26]
La thrombopénie néonatale représente
l'anomalie d'hémostase du nouveau-né la plus fréquente.
Elle est définie par un chiffre de plaquettes inférieur à
150 000/mm3 (< 100 000 chez le prématuré ou l'hypotrophe et
est sévère si inférieur à 30 000 (< 50 000 chez
le prématuré ou l'hypotrophe). La conséquence principale
de cette affection est la survenue d'hémorragie intracrânienne
à l'origine de décès ou de séquelles
neurologiques.[16,27]
II.3. ETIOLOGIES DES THROMBOPENIES NEONATALES
II.3.1. Thrombopénie néonatale en
rapport avec une pathologie maternelle II.3.1.1. La thrombopénie
gestationnelle
Ici, le risque de thrombopénie néonatale est
exceptionnel. Elle résulte d'une thrombopénie
modérée, tout à fait isolée, survenant entre le
5eme et le 8ème mois de grossesse et peut être
décelée chez certaines femmes en dehors de toute pathologie. Le
mécanisme est mal connu, mais semble pouvoir s'expliquer par
l'hémodilution notée au cours de la grossesse.[28]
1I.3.1.2. La thrombopénie auto-immune
Lors de la grossesse, les auto-anticorps maternels de type IgG
peuvent franchir le placenta et provoquer une thrombopénie chez le
foetus. Ces auto-anticorps peuvent persister dans le sérum maternel au
long cours, Le risque de thrombopénie néonatale concerne 15
à 30 % des nouveau-nés de mère ayant des
antécédents de thrombopénie auto-immune et le risque de
thrombopénie sévère est évalué à 5
à 10 %. Chez le nouveau-né, la thrombopénie peut
apparaître secondairement avec un nadir entre le 4ème et le
7ème jour et avoir une durée variable de 10 à 60 jours.
Cependant l'intervention d'autres facteurs individuels actuellement
9
Mémoire rédigé par Chegninzebou Ngomsi
Blestel
mal connus pourrait expliquer l'atteinte isolée de l'un
des deux jumeaux lors de certaines grossesses gémellaires.[4]
II.3.2. Thrombopénie néonatale en
rapport avec des Complications liées à la
grossesse
II.3.2.1. L'éclampsie et HELLP (hemolysis
eleveted liver enzymes low platelets) Syndrome
Les pathologies réno-vasculaires, hypertensives,
s'intégrant ou non dans le cadre d'une pré éclampsie font
également courir un risque de thrombopénie néonatale.
Cette dernière a pu être décrite chez 9,2 % des
nouveau-nés de mères présentant une hypertension
artérielle gravidique contre 2,2 % des nouveau-nés de
mères normo tendues. En cas de HELLP syndrome, la thrombopénie
maternelle peut entraîner de façon inconstante, une
thrombopénie néonatale dont le mécanisme reste mal
connu.[29]
II.3.2.2. Le retard de croissance intra-utérin
(RCIU)
L'incidence de la thrombopénie néonatale est six
à vingt fois plus élevée chez les nouveau-nés
hypotrophiques que chez les eutrophiques. Les mécanismes sont multiples
(périphériques, centraux et mixtes) et souvent intriqués.
L'hypothèse d'une déviation de l'hématopoïèse
au profit de la lignée rouge et aux dépens des deux autres
lignées, expliquerait la polyglobulie, la leuco neutropénie et la
thrombopénie observées chez le nouveau-né hypotrophique.
Cependant, dans 25 à 67 % des cas, la thrombopénie est dite
idiopathique. L'HTA gravidique et l'hypoxie per-natale sont des facteurs de
risques supplémentaires de thrombopénie néonatale. Le plus
souvent, la thrombopénie est modérée avec un nadir
à deux trois jours de vie et évolue spontanément de
façon favorable en huit à dix jours.[30]
II.3.2.3. Infection par le VIH
Au cours des infections par le VIH, la thrombopénie
maternelle est d'ordre immunologique et fait donc courir un risque de
thrombopénie au nouveau-né. Plus rarement, l'origine est
multifactorielle : défaut de production médullaire en rapport
avec une toxicité directe du VIH sur les mégacaryocytes,
infections opportunistes, toxicité médicamenteuse.[31]
10
Mémoire rédigé par Chegninzebou Ngomsi
Blestel
II.3.2.4. Les thrombopénies immunoallergiques
d'origine médicamenteuse
Le médicament ou son métabolite pris par la
mère forme en se liant à une protéine une structure
antigénique responsable de la synthèse d'anticorps. La prise
médicamenteuse sensibilisante peut être ancienne ou récente
mais l'éviction du médicament doit être définitive
du fait de la persistance au long cours de cette sensibilité. La liste
des principaux agents médicamenteux en cause est longue ; il s'agit
essentiellement de la méthyl dopa, des pénicillines, du valproate
de sodium et de l'héparine (le risque de thrombopénie induite par
l'héparine est plus élevé chez les femmes enceintes, mais
le risque foetal est minime car l'héparine ne passe pas la
barrière placentaire). Plus rarement, les barbituriques, le rimifon, le
diamox, les thiazidiques, les sulfamides, la quinine et la quinidine, l'hydroxy
chloroquine, les digitaliques, les glycopeptides.[31]
II.3.3. Thrombopénie en rapport avec une
pathologie néonatale II.3.3.1. L'allo immunisation
La thrombopénie néonatale par allo-immunisation
foeto-maternelle est le résultat de la destruction des plaquettes
foetales par les immunoglobulines de type G dirigées contre les
antigènes plaquettaires (HPA) d'origine paternelle et absents chez la
mère. Cette affection est le résultat d'un conflit entre les
antigènes plaquettaires du foetus et des anticorps maternels. Les
anticorps maternels traversent la barrière placentaire dès 14
semaines et les antigènes foetaux s'expriment dès 18 semaines. Le
nouveau-né, en bonne santé par ailleurs, présente une
thrombopénie avec un purpura ou des pétéchies survenant
tout de suite ou quelques heures après la naissance.[7]
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