Chapitre 1 : Cadre de travail
Ce chapitre est structuré en deux grandes parties. La
première partie traite des aspects théoriques et
méthodologiques autour desquels le présent travail de recherche
est construit. Les aspects théoriques sont traités dans la
première section, et comprennent la revue de la littérature, la
problématique, les hypothèses et les objectifs de recherche.
S'agissant du cadre méthodologique, il porte sur la recherche
documentaire, la collecte des données, leur traitement et analyse. Quant
à la seconde partie, elle présente la zone d'étude dans
ses caractéristiques physiques, socio-économiques et
démographiques.
1.1 Cadre théorique
1.1.1. Contexte et justification du choix du
sujet
La bande Sahélienne et particulièrement la
partie Ouest Nigérienne est une région fragile. Les
dernières décennies ont été
caractérisées par des changements profonds en termes d'occupation
du sol, résultats de changement climatique et des complexes interactions
entre les sociétés et leur environnement. Ces processus, qui
règlent et transforment le paysage, s'expriment à plusieurs
échelles spatiales et temporelles et se traduisent par une dynamique de
dégradation du couvert végétal. Les effets du changement
climatique sont plus ressentis dans cette partie du monde (A. Reisinger et
al., 2007) en raison de la forte dépendance des populations aux
ressources naturelles.
Le Niger en tant que pays sahélien, enclavé et
dont les trois quarts de son territoire sont occupés par le
désert, dans sa partie septentrionale fait face à ce
phénomène de dégradation des terres, notamment dans sa
partie sud-ouest. Il dispose de 12 millions d'hectares de terres
forestières qui produisent en moyenne plus de 9 millions m3
de bois de chauffe par an (PDES, 2017-2021). Sur la période 2012-2015,
348.750 ha des terres forestières, agricoles et pastorales ont
été réhabilités et/ou traités contre
l'érosion éolienne ou hydrique. En outre, 197.377 ha des
plantations forestières, en blocs ou en lignes (brise-vent et
haie-vives) ont été réalisés. Face à
l'ampleur de la dégradation, ces résultats n'ont pas
été à la hauteur des attentes (PDES, 2017-2021). En effet,
seulement 36% des superficies prévues ont été couvertes
avec les techniques d'agroforesterie fondées sur la
régénération naturelle assistée et ouvrages de
restauration des terres (PDES, 2017-2021).
Les précipitations dans les pays sahéliens de
l'Afrique de l'Ouest, sont marquées par une forte variabilité
spatio-temporelle (T. Lebell et al, 2009). Avec un Indice
Standardisé de la
![](Dynamique-du-couvert-vegetal-autour-de-la-ville-de-Niamey-dans-un-rayon-de-75-km13.png)
Pluviométrie (ISP) variant de -2,54 à 2,24, les
précipitations constituent l'un des principaux facteurs climatiques
influençant la dynamique environnementale (H. Sani Ousmane, 2022). Notre
zone d'étude, constituée des environs de Niamey (dans un rayon de
75km), est soumise constamment aux pressions diverses liées à
l'avancée du front agricole, à l'exploitation abusive du bois, au
surpâturage et surtout au développement urbain (CNEDD, 2017). Ces
perturbations ont conduit à une fragmentation de cet
écosystème entrainant des changements profonds au niveau des
unités d'occupation du sol. D'où, la nécessité de
réaliser cette étude sur la «Dynamique du couvert
végétal autour de la ville de Niamey dans un rayon de
75km». En effet, au cours de cette étude, une analyse de
l'état de l'évolution du couvert végétal a
été réalisée à travers la
télédétection et le Système d'Information
Géographique. Ces techniques ont démontré leur
efficacité pour estimer et évaluer l'état du couvert
végétal au fil du temps.
La technique de télédétection
utilisée pour cette étude, est basée sur une approche
diachronique. Des nombreuses études basées sur cette approche ont
été effectuées par des auteurs comme M. Sarr, (2009) ; K.
Yéro, (2013) et O. Marega, (2016).
1.1.2. Revue de la littérature
Plusieurs travaux ont été effectués dans
la partie Ouest du Niger par diverses institutions et programmes de recherche
dans les domaines variés. La synthèse de ces travaux donne un
aperçu sur les études antérieures rapportant soit sur
notre thème de recherche soit sur le site d'étude.
Dans les régions sèches d'Afrique Subsaharienne,
un questionnement scientifique existe sur les interactions réciproques
entre désertification et changement climatique. La variabilité du
climat dans cette région renvoie plus précisément à
l'aléa pluviométrique. Le changement climatique se traduit par
une réduction de la pluviométrie qui accélère la
dégradation du couvert végétal et l'érosion des
sols, déclenchant les mécanismes de désertification (Y.
Hountondji, 2008). La sécheresse sévère et
généralisée qui a touché l'Afrique de l'Ouest au
cours des années quatre-vingts représente le plus fort signal
climatique observé sur terre depuis la disponibilité des mesures
météorologiques (J. Goutorbe et al., 1997). Comme le
décrit W. Zida, 2020, le Sahel a souffert des sécheresses des
années 1970-1980 ayant entrainées au niveau environnemental la
dégradation des terres et du couvert végétal. En effet,
depuis 1950, l'emprise de l'homme s'est considérablement accrue (forte
croissance démographique, conséquences des sécheresses
sévères des années 1970 et 1980) : les surfaces
![](Dynamique-du-couvert-vegetal-autour-de-la-ville-de-Niamey-dans-un-rayon-de-75-km14.png)
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cultivées ou laissées en jachère courte
sont ainsi passées de 12 % à 63 %. La profonde modification du
couvert végétal induit un changement de redistribution de l'eau
de pluie à la surface et dans le sous-sol et donc de la recharge de la
nappe (Y. Hountondji, 2008). À l'aide de la reconnaissance et la
cartographie des unités de paysages à partir des images
satellitaires, une analyse sur le long terme est faite afin de mieux cerner les
changements environnementaux dans la région sahélienne (D. Brami,
2006). En effet, la première utilisation des Systèmes
d'Information Géographique (SIG) en relation avec le couvert
végétal remonte aux débuts de la technologie des SIG dans
les années 1960 et 1970. À l'époque, les applications
liées au couvert végétal étaient principalement
axées sur la cartographie et la surveillance environnementale. Aux
besoins classiques de suivi des aménagements forestiers et de
communication entre les différents acteurs de la filière «
forêt-bois », s'ajoutent une volonté de la part des
responsables de la planification de disposer d'informations sur
l'évolution qualitative et quantitative des ressources
forestières, à différentes échelles de temps et
d'espace (E. Andre et al., 2004). Les techniques de cartographie et
d'estimation de la ressource à partir de la
télédétection évoluent dans une perspective de
produire aux gestionnaires, ou à des fins de recherche et
développement, une information suffisamment précise et
exploitable. Aux technologies du domaine optique qui s'améliorent pour
la cartographie et la distinction des essences, s'ajoutent maintenant celles du
Lidar et du Radar orientées sur l'amélioration des
méthodes pour fournir des données spatialisées sur la
hauteur et la densité de la forêt, et donc d'estimation des
volumes de bois (V. Cheret, 2016). À travers l'opération de
télédétection spatiale appliquée à la
recherche géographique en milieu tropical aride et semi-aride, les
images spatiales présentent l'usage qui peut être fait des
données issues de la télédétection en vue de
l'inventaire général de territoires vastes et encore
insuffisamment connus dans certains de leurs aspects (Y. Poncet, 1986).
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