3.4. Impact des facteurs anthropiques
Le facteur anthropique, qui fait référence
à la tendance naturelle d'un système à évoluer vers
le désordre ou le chaos, a eu un impact significatif sur la dynamique du
couvert végétal. Notre analyse montre que, la coupe abusive du
bois, souvent liée à des pratiques de déforestation non
durables, a contribué de manière notable à l'accroissement
de l'entropie dans la région. Cette coupe abusive a des
conséquences directes sur la dynamique des écosystèmes
forestiers, car elle entraîne la perte de la biodiversité, la
dégradation des sols, la diminution des ressources en eau et la
perturbation des équilibres écologiques. La très forte
augmentation des zones cultivées se traduit par une dégradation
importante du couvert végétal (L. Christian et L. Maud (1997).
Également la proximité de la ville de Niamey, la présence
des routes, des couloirs de passage sont autant des facteurs qui jouent sur le
recul ou la densification du couvert ligneux. Ainsi, les analyse des images
satellites Landsat qu'a mené G. Assoumane (2015) a permis de
préciser la question du rôle de la proximité de la ville de
Niamey et l'impact de l'exploitation du bois sur l'évolution du couvert
végétal. Dans le même ordre d'idée, la
dégradation supposée de la végétation au Sahel
semble contredire la théorie d'E. Boserup (1970) selon laquelle "more
people, less erosion" (plus de population, moins d'érosion). En effet,
Boserup a avancé l'idée que l'augmentation de la densité
de la population pouvait encourager des pratiques culturales plus intensives et
durables, ce qui, en fin de compte, entraînerait une réduction de
l'érosion des sols. Cependant, la réalité dans le Sahel
est complexe et multifactorielle. L'augmentation de la densité de la
population, associée souvent à des pratiques agricoles non
durables, a en réalité une influence directe sur les
transformations du milieu biophysique (M. Demont et P. Jouve, 1999). Et cela,
se traduit par une réduction de la durée de la jachère,
une augmentation de la fréquence des cultures, et par conséquent,
la dégradation du couvert forestier, des systèmes de production
agricole, et la baisse des rendements. Ce qui concorde avec notre observation
sur la période de 1990 à 2020 où la classe culture
pluviale n'a cessé de s'accroître chaque année jusqu'en
2020 ou

cette classe couvre plus de 50% de la superficie totale de
notre zone d'étude et cela malgré les efforts consentie de l'Etat
et ses partenaires. Il est important de comprendre que l'effet de
l'augmentation de la population sur la dynamique de la végétation
dépend fortement des pratiques agricoles mises en oeuvre. Dans certaines
situations, une gestion agricole appropriée peut en effet contribuer
à prévenir l'érosion, comme le suggère E. Boserup
(1970). Cependant, lorsque les pratiques agricoles ne sont pas durables et que
la pression sur les terres s'accroît, les conséquences
néfastes sur l'environnement peuvent être manifestes. Outre les
cultures, l'exploitation des bois énergie joue un rôle crucial
dans la détérioration du couvert végétal. Selon le
SDACD-N (2017), dans presque toutes les communes, la consommation des
populations locales est désormais supérieure à la
production de bois, dans 48 communes sur 54, la consommation rurale
excède la possibilité annuelle. Il y a une surexploitation des
ressources ligneuses des terroirs, avant tout par les ruraux eux-mêmes.
Ce qui montre combien de fois l'homme joue un rôle très important
dans la transformation de son environnement notamment comme le démontre
notre analyse, l'homme a joué de façon significative dans la
dégradation du couvert végétal.
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