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Dynamique du couvert végétal autour de la ville de Niamey dans un rayon de 75 km


par Abdoulaye Ayouba HamzaB
Université Abdou Moumouni - Master Professionnel en Aménagement du Territoire et Développement Durable 2023
  

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3.2. Exploitation de la réserve forestière

Il ressort de notre analyse une intense transformation humaine de la région qui se traduit par une exploitation poussée des ressources forestières, notamment dans le contexte de l'exploitation du bois-énergie, ainsi que par des efforts en vue de valoriser les terres. Ces constatations rejoignent les conclusions d'autres chercheurs, telles que l'étude menée par I. Bouzou Moussa et al., (2011), dans la région de l'Ouest du Niger. Leurs résultats mettent en évidence de manière convaincante l'impact conjoint des facteurs climatiques et anthropiques sur la dégradation des terres dans la zone. En outre, les travaux de P. Rognon (1989) montrent que la dégradation environnementale observée au Sahel est le résultat direct de plusieurs facteurs. En effet, la densification de l'occupation humaine a exacerbé la pression sur les ressources naturelles. L'exploitation abusive des arbres, sous forme de pâturage de

substitution pour le bétail et comme combustible, a eu des conséquences néfastes sur l'équilibre écologique de la région. Pour I. Mamadou (2005), l'exploitation du bois est la principale explication des défrichements récents et des coupes rases. Cette intensification de l'impact anthropique dans la zone aggrave la vulnérabilité de l'environnement face aux changements climatiques. Il est essentiel de noter que, la majeure partie de la population de la région est principalement rurale, atteignant 83,8 %, et dépend fortement de l'exploitation des ressources naturelles pour ses revenus, comme indiqué par le rapport du PANA Niger de 2006. Le rapport de la FAO de 2011 apporte un éclairage pertinent sur l'ampleur de la dégradation des terres causée par les activités humaines. Il révèle que la dégradation anthropique affecte environ 34 % des terres agricoles mondiales, l'équivalant de près de 1660 millions d'hectares. Cet important chiffre met en évidence la portée étendue de la détérioration des terres et souligne l'urgence de prendre des mesures pour prévenir et inverser cette tendance préjudiciable. De cela, il faut noter que la surexploitation du potentiel végétal entraîne la diminution, voire la disparition de certaines espèces végétales. Ce qui se traduit par la réduction des zones boisées au profit de vastes étendues dénudées sur les plateaux, comme l'a relevé A. Ingatan warzagan (2011). De plus, I. Bouzou Moussa et al., (2020), ainsi que M. Tankari Maifada (2022), ont identifié des facteurs naturels et anthropiques comme causes majeures de la dégradation des terres et des ressources naturelles dans leurs zones d'étude respectives. Ces constatations mettent en évidence l'impact de l'interaction complexe entre les forces environnementales et humaines sur la dégradation des terres. Une autre forme de pression significative est le prélèvement du bois par le biais du défrichement et de la coupe incontrôlée pour répondre aux besoins en bois-énergie de la ville de Niamey. Une activité qui est devenue un enjeu économique et financier majeur (S. Arouna Hamidou, 1997). Cette exploitation forestière non réglementée accentue la pression sur les ressources naturelles, contribuant ainsi à la détérioration des écosystèmes locaux. Ces zones, étant proches de Niamey, jouent un rôle vital dans son approvisionnement en bois-énergie. Les travaux de A. Ichaou menés entre 1995 et 2000 mettent en lumière l'importance de ces régions en termes d'approvisionnement en bois-énergie. Les données recueillies dans ces zones révèlent des quantités de bois produites allant de 0,1 à 1 stère par hectare par an conformément aux études de C. Delwaulle et Y. Roederer (1973), à 0,33 à 1 stère par hectare par an. Selon CTFT 1982, pour une pluviométrie de 500 mm, les quantités de bois produites allant de 0,06 à 0,4 mètres cubes par hectare par an, soit l'équivalent de 0,15 à 1 stère par hectare par an). Les résultats de l'étude intitulée "Diagnostic du Secteur Bois-Énergie" menée par Y. Seybou (2005) montre que, la quantité de bois acheminée vers la ville de Niamey a connu une

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croissance significative. Entre 1984 et 1990, la quantité de bois transportée a augmenté de 15 %. Cette tendance s'est poursuivie entre 1990 et 1996, avec une augmentation de la quantité de bois transportée de 18 %. La croissance de la population urbaine de la région explique en grande partie cette augmentation. Entre 1984 et 2001, la quantité de bois acheminée vers Niamey a augmenté de manière impressionnante de 41 %. Chaque année, plus de 300 000 tonnes de bois sont consommées, équivalant à la déforestation d'une superficie forestière d'environ 85 000 hectares si l'on considère qu'un stère équivaut à 0,4 mètres cubes de bois, comme indiqué dans la note d'information du Colloque international sur la gestion des ressources forestières périurbaines et le changement climatique en 2017. Par ailleurs, selon le SDACD-N (2016), la Bassin d'Approvisionnement en Combustibles Domestiques de Niamey (BACDN) se caractérise par des fortes densités démographiques, parmi les plus élevées du pays. Le taux de fécondité atteint 7,6 enfants par femme en moyenne (FAO, 2014). La croissance de la population est beaucoup plus prononcée en milieu urbain, avec un taux quasi doublé par rapport aux zones rurales. Cependant, en termes de nombre d'habitants, ce sont les zones rurales qui ont doublé leur population en l'espace de 30 ans, à un rythme de croissance supérieur à 2 % par an. Les populations rurales des régions du BACDN sont passées de 1 527 370 à 2 654 470 habitants entre 1977 et 2010, soit une augmentation impressionnante de 74 %. Cette forte croissance démographique dans les régions d'approvisionnement en combustible domestiques exerce une pression accrue sur les ressources forestières, intensifiant ainsi la dégradation des terres et la demande en bois-énergie. Il est clair que, la déforestation motivée par des besoins énergétiques et une utilisation accrue des terres, contribue à l'aggravation de la dégradation du couvert végétal.

Afin d'inverser cette tendance, il est impératif de promouvoir des pratiques de gestion durable des terres, de sensibiliser aux impacts de l'exploitation forestière excessive, et de mettre en oeuvre des stratégies de conservation des écosystèmes. Une approche intégrée qui tient compte à la fois des facteurs humains et climatiques est essentielle pour atténuer les effets de la dégradation des terres au sahel et assurer la résilience des communautés locales. La promotion des pratiques durables de gestion des ressources forestières et la mise en place des mécanismes de contrôle appropriés sont essentielles pour préserver ces ressources précieuses tout en répondant aux besoins économiques de la région. Il faut préciser que, ces techniques favorisent la reforestation, la restauration des sols et la réhabilitation des zones dégradées. Cela a un impact direct sur la production agro-sylvo-pastorale de plusieurs manières selon les

chercheurs comme (M. Laminou et al., 2020) ; M. Bahari Ibrahim (2021) et K. Abdou Goumassa,2017). Ces ouvrages permettent :

- Augmentation de la fertilité du sol : Les pratiques de CES-DRS, telles que la gestion de l'eau et la conservation des sols, contribuent à améliorer la fertilité des sols. Cela, permet une meilleure croissance des cultures, une augmentation de la biomasse végétale et un meilleur pâturage pour le bétail ;

- Conservation de l'eau : Les ouvrages de CES-DRS, tels que les digues, les bassins de rétention et les systèmes d'irrigation, permettent de mieux gérer les ressources en eau. Cela garantit un approvisionnement en eau plus stable pour l'irrigation, tout en rechargeant les nappes phréatiques et en maintenant les écosystèmes aquatiques ;

- Restauration des écosystèmes : Ces techniques contribuent à la réhabilitation des écosystèmes naturels, y compris les zones boisées et les pâturages. Cela, favorise la biodiversité et offre des opportunités de production agro-sylvo-pastorale durable ;

- Réduction de l'érosion : Les aménagements de CES-DRS aident à lutter contre l'érosion du sol, en préservant les nutriments et en empêchant la dégradation des terres arables.

Les preuves scientifiques sont catégoriques : les ouvrages de CES-DRS ont un impact positif significatif sur la régénération du couvert végétal et la production agro-sylvo-pastorale. Ces mesures jouent un rôle essentiel dans la durabilité des pratiques agricoles et la restauration des écosystèmes, tout en améliorant de manière probante les moyens de subsistance des communautés rurales.

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