Chapitre III : Discussion des résultats
Dans le chapitre précédent, sont
présentés les résultats issus de la méthodologie
utilisée. Ainsi, l'analyse climatique, les entretiens, la
réalisation des cartes d'occupation et d'utilisation de sol et l'analyse
des sites de récupération des terres avaient constitué les
éléments clés de cette méthodologie qui a permis
d'aboutir à ces résultats qui sont discutés dans le
présent chapitre.
3.1. Pluviométrie et exploitation de la
réserve forestière.
3.1.1. Variabilité pluviométrique dans la
zone d'étude
Les résultats auxquels est parvenue la présente
étude viennent appuyer ou confirmer ceux obtenus par les recherches
antérieures.
Le climat et la croissance démographique
associés aux modes d'exploitation du milieu rural agissent pour
déterminer un gradient nord-sud de différenciation et de
dégradation des unités de végétation (I.
Chaïbou 2008). L'analyse des données pluviométriques sur la
période s'étendant de 1981 à 2010 révèle un
déficit significatif des précipitations dans la zone en question,
mettant en évidence une détérioration constante des
conditions pluviométriques dans la région sahélienne
depuis les années 1980. Cette évolution est d'une importance
capitale pour comprendre les enjeux liés aux changements climatiques et
à l'exploitation de la végétation dans cette
région. Les observations de Courel (1984) pointent du doigt le
déficit pluviométrique persistant qui a marqué les
années 1968-1983 comme l'une des principales causes de l'état
précaire des milieux sahéliens en 1983. Cependant, il souligne
également que cette situation découle en partie de l'exploitation
séculaire de ses terres, mettant en lumière l'impact cumulatif de
facteurs humains et environnementaux. Ces constatations sont partagées
dans les recherches de P. Ozer et al, en 2005, menées au Niger.
Ils ont comparé les isohyètes entre la période dite humide
de 1950 à 1967 et la période de sécheresse de 1968
à 1985, révélant une diminution
généralisée des précipitations. Cette
réduction se manifeste par un retrait significatif des courbes
isohyètes vers le Sud, s'étendant sur une distance
impressionnante de 200 kilomètres. Cette régression de la limite
géographique des précipitations a eu des répercussions
majeures sur la végétation, et la vie quotidienne des habitants
de la région. Par ailleurs, selon les observations de I. Lona (2010), il
est clair que le cumul annuel des précipitations de 1990 à nos
jours est marqué par une forte variabilité. Au cours de cette
décennie, la pluviométrie a globalement montré une
tendance à la baisse, comme en attestent diverses recherches
menées par L. Seguis et al., (2003) et par A. Ali et
al.,

(2009). Cette variabilité se caractérise par une
alternance abrupte entre les années humides et les années
sèches. Ces fluctuations climatiques confirment l'analyse de la
période 1981-2010, qui démontre une régression
significative de la pluviométrie dans notre zone d'étude.
Après cette période dite déficitaire, on
assiste à un retour de la pluviométrie dans la zone pour la
période 1990-2020. Il ressort de notre analyse pour la période
1990-2020, que le cumul annuel a connu une augmentation significative, ce
phénomène a été observé par plusieurs
chercheurs (M. Bahari Ibrahim et al., 2014). Du même auteur, au
cours de la période récente, de 1990 à 2013, des indices
climatiques essentiels ont montré une nette amélioration, comme
le met en évidence le calculés à travers l'application
RClimdex. Egalement dans le même ordre d'idée, M. Malam Abdou
(2007) ajoute que, bien que tous les cumuls annuels ne dépassent pas la
moyenne centennale (fixée à 563,05 mm), une tendance
générale indique une relative amélioration des
précipitations. A. Ali e & T. Lebel, 2009 et A. Bodian, 2014
signalent également une reprise notable de la pluviométrie dans
cette région. Ce qui confirme notre analyse sur la période
1990-2020.
Le changement climatique, avec ses répercussions sur
les variations pluviométriques, a provoqué un bouleversement
profond du système environnemental, perturbant ainsi la croissance
normale des écosystèmes comme le souligne A. Boubacar Na-Allah
(2014). Ces variations significatives des précipitations ont eu des
répercussions néfastes sur l'environnement. Dans le même
ordre d'idées, T . Vischel et al., (2015) soulignent que dans
la région du Sahel, les précipitations revêtent une
importance cruciale pour les préoccupations environnementales et
sociétales.
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