2.4. Interaction entre dynamique du couvert
végétal et facteurs mises en cause
En 1990, le secteur Nord affichait une dégradation de
la couverture végétale, et cela était attribuable à
plusieurs facteurs, dont le premier est la pluviométrie. La crise
climatique qui a débuté à la fin des années 1960 a
eu un impact important dans notre zone d'étude, en particulier dans le
secteur Nord qui est le plus peuplé. La pluviométrie moyenne dans
les stations de Gothèye et Banizoubou entre 1971 et 1990 était
seulement de 359 mm, ce qui a entraîné la dégradation du
couvert végétal dans cette région. De plus, les
activités humaines, telles que l'agriculture et la coupe de bois
à petite échelle, ont contribué à la destruction de
la couverture végétale.
Le secteur Sud a connu une dégradation moins
significative, bien qu'il ait été touché par la
sécheresse au cours de la période 1971-1990. La
pluviométrie moyenne dans les stations de Say et Torodi était de
538 mm, supérieure à celle du secteur Nord, expliquant ainsi la
meilleure préservation du couvert végétal. De plus, le
secteur Sud était moins affecté par les activités humaines
que le Nord.
Cependant, le décret n°76/141/PLMS/MDR du 22
août 1976 a contribué à la dégradation de la
couverture végétale en autorisant le déclassement d'une
partie de la réserve totale de faune de Tamou pour son exploitation
agricole par les populations sans terre du Nord de la région de
Tillabéry, en raison de la sécheresse des années
1973-1974. La situation s'est encore détériorée dans les
années 2000. Le NDVI qui était de 0,058 en 1990, est tombé
à 0,049 en 2000. Malgré un retour de la pluviométrie, la
végétation a continué à régresser en raison
d'une forte anthropisation de la région. La croissance
démographique rapide, avec un taux de croissance de 3,1 % en 2001, a eu
un impact considérable sur l'environnement, favorisant la colonisation
des terres pour l'agriculture. L'opération "ayi noma" a attiré la
population vers la zone périphérique du parc national du W du
Niger, au détriment de la conservation de la couverture
végétale. En 2010, la situation s'est encore aggravée en
raison de plusieurs facteurs, notamment, la forte anthropisation, le recul de
la pluviométrie dans les deux secteurs (Sud et Nord), et la situation
sécuritaire dans l'extrême Nord, qui a entravé les
activités de la population, telles que la coupe de bois pour la
commercialisation et l'agriculture. La
![](Dynamique-du-couvert-vegetal-autour-de-la-ville-de-Niamey-dans-un-rayon-de-75-km74.png)
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dégradation a été plus prononcée
dans le secteur Sud, où entre 1990 et 2010, la savane arborée
régulière a perdu 79% de sa superficie au profit d'autres
unités. Il a fallu attendre les années 2005-2008 pour que la
question de la dégradation de l'environnement attire l'attention des ONG
et les projets qui ont intensifié les actions de
récupération des terres. Les résultats de ces efforts
commencent à être visibles à partir de 2015.
La création des marchés du bois, la
multiplication des ouvrages de récupération des terres, la prise
de conscience généralisée, le retour de la
pluviométrie et la situation sécuritaire dans le secteur Sud et
l'extrême Nord ont contribué au retour de la couverture
végétale, en particulier dans le secteur Sud. Cependant, la
situation du secteur Nord reste préoccupante, malgré le nombre
important d'ouvrages de récupération, et n'a pas connu du
changement significatif de tendance par rapport à la période de
1990 à 2010.
Ces observations soulignent l'importance de la conservation de
la couverture végétale, la nécessité d'une gestion
durable des ressources naturelles, et l'impact des facteurs environnementaux,
climatiques et humains sur l'évolution du paysage dans la
région.
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