WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Dynamique du couvert végétal autour de la ville de Niamey dans un rayon de 75 km


par Abdoulaye Ayouba HamzaB
Université Abdou Moumouni - Master Professionnel en Aménagement du Territoire et Développement Durable 2023
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2.3.2. Exploitation de la réserve forestière

Pour mieux étudier l'exploitation de la réserve forestière, des entretiens avec les populations ont été menés dans les trois secteurs de la zone d'étude à savoir le secteur du Nord (Karma), le secteur du Sud (Kouré) et le secteur des milieux (Damari et Karey Gorou).

Il ressort des entretiens que dans le temps (il y a 30 ans), le couvert végétal était très important avec une diversité d'espèces végétales dans la zone d'étude. Cette diversité végétale servait d'habitat pour une faune diversifiée et un réservoir pour la pharmacopée. En effet, les entretiens effectués rapportent que dans les années 1990 et 2000, une grande partie des terres cultivées aujourd'hui étaient jadis des savanes arborées denses, difficiles à parcourir. Les sommets des plateaux étaient couverts par une végétation dense. La végétation se dégrade plus rapidement et à grande échelle que dans les années précédentes.

51

Plusieurs espèces végétales existantes ont disparu aux fils du temps. Des espèces utilisées dans la pharmacopée ont pratiquement disparu aujourd'hui dans les terroirs. Il faut parcourir plus de 20 km pour les retrouver.

Face à cette dégradation avancée du couvert végétal, l'Etat et ses partenaires techniques et financiers ont menés des actions de restauration des terres dégradées et de régénération du couvert végétal dans les zones ciblées (photo 1). Même si ces actions ont été menées à des échelles réduites par des Projets et ONG, elles ont permis de reconstituer la couverture végétale.

Photo 1: Site récupéré sur le plateau à Kouré,
Source :
travaux terrain, 2023

Dans les zones d'interventions, les actions de récupération des terres ont permis d'inverser la tendance sur plusieurs sites.

La coupe du bois pour la commercialisation est la principale cause de la dégradation du couvert végétal selon la population. Sur les axes (route Filingué, Dosso, Béla, Torodi, Youri, Ouallam et Namaro) menant à Niamey sont observés chaque jour des dizaines des camions et d'autres types de voiture transportant du bois de chauffe notamment, le jour de marché des villages environnants comme le marché de :

Axe route filingué : Wankama (2,65667 E ; 13,6719 N)

Axe route Dosso : Margou Béné (2,84095 E ; 13,10576 N), Béla 2 Fakara (2,5243 E ; 13,1637 N), Béla 2 ,

Axe route Torodi : Mossi Paga, Bitinkodji,

52

Axe route say : Youri (2,24556 E ; 13,3356 N) , Sina Koira (2,64538 E; 13,27709 N) , Djakindi,

Axe route Ouallam : Mangayzé Goubé

Axe route Namaro : Chantier Koga,

On peut compter jusqu'à 300 stères de bois par jour et 100 à 200 stères pour les autres jours (Source : registre de la brigade de contrôle d'exploitation de bois, 2023). Ce flux s'observe plus aux mois de juillet, août et septembre (photo 2).

Photo 2 : Camion transportant 15 Stères de bois en provenance de Wankama sur l'axe

route Filingué,

Source : travaux terrain, 2023

Les poids d'un stère de petit bois sec de diamètre 4 à 8 cm avait été estimé à 225 kg. Le moyen bois de diamètre 8 à 14 cm3 à 300 kg et le gros bois de diamètre 14 à 20 cm3 à 350 kg. Sur ces bases, la productivité en bois de feu pour Niamey avait été estimée à près de 300 000 tonnes par an (FONABES, 2016). Le jour de marché du bois (villages environnants), il peut y avoir jusqu'à 20 camions de ce type sur différents axes, ainsi que d'autres types des véhicules transportant du bois à usage domestique ou pour la commercialisation. La population coupe les grands arbres qui ne sont pas morts, les font sécher avant de tout revendre sur le marché. Cette pratique est la plus destructrice de la végétation. Cela fait en sorte que chaque année, une bonne partie de la végétation est perdue, car après la coupe, il n'y a pas d'initiative de plantation de bois par la population. Également, la mise en valeur des terres agricoles s'accompagne de la destruction du couvert végétal, ce qui a entraîné la perte de milliers

d'hectares de végétation. Cela est illustré dans photo 3 d'un champ de culture qui, autrefois, était une savane boisée intacte.

Photo 3: Champs de culture à Kouré

Source : travaux terrain, 2023

La croissance démographique combinée à la diminution de la productivité des terres a incité la population à rechercher davantage des terres, entraînant la destruction du couvert végétal pour créer des nouveaux champs afin, de répondre au besoin croissant de la population (source : Entretien avec la population). Cette croissance démographique entraîne un défrichement massif du couvert végétal en vue d'obtenir plus d'espace pour l'agriculture. Un exemple de ce phénomène de déboisement ou plus de 100 hectares du couvert végétal a été détruit dans les années 1990 pour créer un champ de culture dans le secteur Sud. Cette pratique est l'un des nombreux exemples des destructions de la végétation, entraînant une perte significative du couvert végétal.

Aussi, l'élevage joue un rôle important dans la dégradation de la végétation dans la mesure où les éleveurs coupent les arbres pour nourrir les animaux. 25% des ressources fourragères viennent principalement du couvert végétal selon le DRE (Directeur Régional de l'Environnement).

L'élevage peut également contribuer à la régénération du couvert végétal si les éleveurs se limitent à la taille des branches des arbres. Cela permettra aux arbres dont les branches ont été taillées de se régénérer efficacement avec des nouvelles feuilles plus denses.

De plus, l'expansion urbaine joue un rôle décisif dans la détérioration de la végétation. Plusieurs hectares des forêts classées ont été morcelés, comme cela a été le cas pour la forêt

54

classée de l'aéroport de Niamey, située dans le département de Kolo, au cours des années 2012-2013.

Les interventions de plusieurs Projets, Programmes et ONG depuis les années 2005 ont permis de récupérer une bonne partie des terres dégradées (Photo 4 et 5).

Photo 4: Récupération de terre sur le talus et bas fond à karma

Photo 5: Récupération de terre sur le plateau de Bougoum

Source : Travaux terrain, 2023

Ces photos illustrent l'efficacité des aménagements de restauration des sols, montrant le degré de réussite de la régénération des terres. Les principales méthodes de réhabilitation des terres dégradées incluent les activités de demi-lune, les seuils de pendage et les banquettes.

Certaines initiatives menées par les ONG et Projets de développement se sont avérées très efficaces et adaptées. Elles ont permis de restaurer plus de mille hectares de terres dégradées. La prise de conscience générale, a permis une réelle implication de la population dans les efforts de restauration du couvert végétal. Ces activités de restauration des terres se font sous formedu Cash for Work (Travail contre Rémunération).

Toute fois après le départ des Projets, par manque de suivi des activités réalisées, la réussite des actions entreprises est compromise, C'est l'exemple de plusieurs sites de récupération où l'on trouve des signes d'ouvrages non réussi, principalement les demi-lunes. Cependant, il est également important de noter que dans d'autres secteurs, aucune action de récupération des terres n'a été entreprise, comme c'est le cas à Damari, laissant ainsi les terres dans un état de dégradation continue. Dans d'autres secteurs également, les actions n'ont pas donné les résultats escomptés en raison d'un manque de suivi (photo 6).

55

Photo 6: Exemple de récupération non réussie Source : Travaux terrain, 2023

Malgré l'effort consenti sur ce site de récupération, le résultat n'est pas celui attendu dû à l'absence de suivi des ouvrages réalisés.

En résumé, l'analyse souligne l'impact significatif du changement climatique sur l'évolution du couvert végétal de la région étudiée, influencé par les variations pluviométriques au fil du temps. Les données météorologiques entre 1981 et 2020 révèlent une amélioration des précipitations, en particulier dans la partie Sud de la région, signalant un possible recul de la sécheresse pluviométrique qui a affecté le Sahel (P. Ozer et al., 2003).

Cependant, la décennie 2001-2010 a été marquée par une baisse des précipitations, sauf à Niamey. Globalement, une augmentation des précipitations semble être bénéfique pour le couvert végétal, tandis que la dégradation actuelle de la végétation est principalement due à l'exploitation humaine, en l'absence des déficits pluviométriques majeurs. L'analyse, met en évidence l'importance de surveiller les tendances pluviométriques dans le contexte du changement climatique pour une gestion et une préservation.

Les entretiens avec les populations des trois secteurs de la zone d'étude révèlent une dégradation avancée du couvert végétal au cours des dernières décennies. Les activités humaines, en particulier la coupe de bois à des fins commerciales, sont identifiées comme la principale cause de cette détérioration. De plus l'expansion urbaine, la croissance démographique et la pression foncière ont contribué à la transformation des zones boisées en terres agricoles.

Néanmoins, des actions de restauration des terres et de régénération du couvert végétal ont été entreprises avec une certaine efficacité. Il est essentiel de poursuivre ces efforts pour restaurer

le couvert végétal et sensibiliser la population à la préservation de l'environnement. La gestion durable des ressources naturelles est cruciale pour éviter une dégradation continue du couvert végétal et de l'environnement.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault