La Corée du nord et la menace nucléaire contre les états-Unis et leurs alliés de la région de l’Asie est, la Corée du sud et le Japon.par Charmante Mubali Lubula Université de Lubumbashi - Licence en Relations internationales 2014 |
1.2. La menace nord coréenne contre les Etats-UnisPour la Corée du Nord, les Etats-Unis d'Amérique sont la principale source de danger et occupe depuis sa fondation en 1948 une place centrale dans sa pensée stratégique. En effet, les forces armées américaines sont présentes en permanence en Corée du Sud depuis le début de la Guerre de Corée en 1950 et leur proximité rend leur impact sur Pyongyang d'autant plus important. Les calculs politiques du leadership politique nord-coréen se font ainsi en grande partie à travers le prisme de sa perception de la menace externe, principalement représentée par les États-Unis. Il est donc impossible d'analyser la politique étrangère de Pyongyang sans examiner sa façon de percevoir les États-Unis et le rôle qu'elle voudrait jouer face à eux. La présence américaine en Asie et sur la péninsule est pour Pyongyang un facteur indépassable; sans l'inimitié historique entre les deux pays, nul ne doute que la Corée du Nord aurait emprunté une voie différente. Outre la guerre de Corée, une panoplie d'incidents, de confrontations et de crises opposant les deux pays ont influencé le cours des affaires péninsulaires. Quant au programme d'armements nucléaires de Pyongyang, si les motivations initiales derrière celui-ci peuvent sembler nébuleuses, les États-Unis ont assurément eu un poids important dans la décision de se doter de l'arme nucléaire. L'arrivée au pouvoir de George W. Bush en 2001 changea la donne des relations Washington -Pyongyang. Les néoconservateurs en poste dans le cabinet de Bush, de même que la majorité des Républicains au Congrès, ne croyaient pas que le gouvernement américain pouvait faire confiance à la Corée du Nord et considéraient comme futile toute négociation avec elle. Ainsi, durant sa première campagne électorale présidentielle, Bush avait dénoncé l'Accord-cadre signé par Washington et Pyongyang en 1994 et qui promettait une aide énergétique à la Corée du Nord en échange de la cessation de ses activités nucléaires. Prônant la ligne dure à l'égard de Pyongyang, les Républicains considéraient que la conclusion d'un accord avec le régime de Kim Jong-ll constituait une stratégie d'apaisement. 108(*) L'arrivée de l'administration Bush à Washington signala l'apparition d'une « nouvel1e trinité» dans la politique étrangère américaine, composée d'une dose de fondamentalisme néoconservateur, d'une vision du monde manichéenne, et d'un hypernationalisme aveuglant. En effet, cette « trinité» dans la politique étrangère de Bush se manifesta dans une volonté d'adopter une ligne dure et intransigeante envers les « États voyous », notamment l'Irak et la Corée du Nord. Le 29 janvier 2002, presque quatre mois après les attentats du 11 septembre, le président Bush prononça son discours annuel sur l'état de l'union où il déclara au sujet de l'Irak, de l'Iran et de la Corée du Nord, que « des États comme ceux-ci et leurs al1iés terroristes constituent un axe du mal, qui s'arment afin de menacer la paix mondiale. En cherchant à obtenir des armes de destruction massive, ces régimes posent une lourde menace et un danger grandissant». La simple énonciation de ces paroles lourdes de sens et à forte charge idéologique eut des conséquences importantes. D'abord, l'inclusion de la Corée du Nord dans cet axe du mal constituait une stigmatisation douloureuse pour Pyongyang. De plus, l'utilisation du terme «mal» impliquait en soi l'obligation morale pour Washington d'agir pour le contrer. En effet, comment rester impassible face au « mal », avec toute l'immoralité et la dangerosité qui lui sont inhérentes? Enfin, l'adoption de la notion de l'axe du mal en référence à la Corée du Nord signifiait que les États-Unis avaient adopté une politique de refoulement à l'égard de Pyongyang, fermant ainsi la porte à la conciliation.109(*) Washington était résolue à ne plus négocier et dorénavant chercherait plutôt à empêcher Pyongyang par tous les moyens -jusqu'aux frappes militaires si nécessaire - de développer son arsenal nucléaire et de menacer la paix. Illustrant cette politique nettement plus agressive, l'administration Bush révéla dans son Nuclear Posture Review de 2001 que la Corée du Nord constituait une cible potentielle pour une attaque nucléaire. Ainsi, Washington était elle-même en train de sécuriser la menace nord-coréenne, la dépeignant comme un danger si grand que des frappes préventives pourraient être nécessaires. Sans surprise, Pyongyang fit rapidement savoir son indignation et sa réaction officielle au discours du président américain fut sans appel. L'Agence de presse centrale de Corée déclara que le discours révélait: « l'intention imprudente des États-Unis de s'emparer de la Corée du Nord par la force des armes après l'avoir désignée comme deuxième cible de la 'guerre anti-terrorisme'. Son débordement n'est pas loin d'une déclaration de guerre contre la Corée du Nord, et pourrait encore une fois amener la situation militaire sur la péninsule coréenne au bord du conflit » Ainsi la Corée du Sud considérait que ce discours marquait l'ambition agressive de renverser le régime, la faisant craindre en permanence une attaque nucléaire préventive. Même quand la Corée du Sud se retire du TNP, elle argue « l'hypocrisie» de l'AIEA, qui selon Pyongyang se prétend impartiale mais demeure en fait un « serviteur et porte-parole pour les États-Unis». * 108 Chartrand, B., La construction de la menace et la sécuritisation en Corée du Nord: effets sur la politique étrangère, Mémoire de Maitrise en Sciences Politiques, Université de Monreal, 2012 * 109 Rigoulot, P., Corée du Nord, État Voyou, Paris: Buchet Chaster, 2007 , p 132. |
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