Elles se situent au niveau du financement lié au
secteur agricole en général et de celui des Exploitations
Familiales (EF) en particulier qui sont multiples. Un regard des contraintes en
rapport avec chaque partie prenante du financement est développé
ci-dessus :
Malgré que la volonté politique soit
annoncée mais, pas suffisamment assumée, on observe :
De grands mécanismes adoptés qui mettent trop de
temps à être opérationnels10 ou avec des
procédures trop compliquées pour être réellement
efficaces (cas des fonds de garantie régionaux) ;
· Un développement insuffisant de lignes de
crédit spéciales favorables aux Exploitations Familiales (EF) en
termes de volume, durabilité, accessibilité.
· Un mécanisme de refinancement des institutions
financières nationales peu accessible aux petits SFD qui sont les plus
proches des EF ;
· Un développement insuffisant de
mécanismes et d'outils de facilitation de l'accès (fonds de
garantie, de bonification, de refinancement, des subventions aux régions
défavorisées dans les pays...) au crédit pour les EF ;
· Une quasi-absence de mécanismes et d'outils de
gestion des risques, notamment des risques systémiques
(calamités/changements climatiques, épizootie, etc.) ;
· Un développement insuffisant de l'environnement
d'affaires: désenclavement, télécommunication,
énergie, sécurité, aménagements agricoles,
infrastructures marchandes, de stockage, etc. ;
· Des dispositifs de financements Fonds Nationaux de
Financement (FNF) peu alimentés (faibles volumes de financement,
saupoudrage, etc.) peu efficaces avec un faible accompagnement (forts
impayés) et peu durables (peu appropriés des
bénéficiaires finaux qui ne sont pas toujours impliqués
dans la constitution des ressources). Au regard de ce qui
précède, pour des périodes données, les politiques
de développement à moyen et long termes, doivent prévoir,
comme solution à la rentabilisation des exploitations familiales, des
subventions massives provenant d'organismes régionaux ou d'États
au profit du secteur agricole et en particulier en faveur des régions
défavorisées dans les pays comme cela a été le cas
:
· Par l'Union Européenne à travers les
fonds structurels et la politique agricole commune, en faveur des
régions défavorisées (Espagne, Irlande et Grèce)
;
· Par les États-Unis d'Amérique en faveur
des producteurs de coton, par exemple. Ces subventions sont prévues dans
le cadre du Forum pour d'Autres Indicateurs de Richesse (FAIR) et du FRDA de
l'UEMOA, qui sont des fonds structurels bâtis sur le modèle de
l'Union Européenne, mais ces fonds régionaux sont actuellement
sous exploités par les États membres de l'Union et peu connus par
les OP et exploitants agricoles familiaux.
? Au niveau des institutions
financières
10 C'est l'exemple du FRDA qui a
été adopté en 2001, institué en 2006 et qui, jusqu'
aujourd'hui, n'est opérationnel qu'au niveau de ses composantes 2 (Appui
au renforcement des capacités) et 3 (Appui à l'investissement
institutionnel régional).
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Les institutions financières prennent trop de
réserves car les risques liés au secteur agricole sont nombreux
et presque non maîtrisés. Les contraintes décelées
par rapport à celles-ci sont les suivantes :
· Le refinancement est cher et ne permet pas de disposer
de ressources à long terme pour un refinancement des SFD à des
taux concessionnels pour des crédits à des coûts
insupportables par les bénéficiaires finaux (EF, Petite et
Moyenne Entreprise (PME), organisations, etc.) ;
· La méconnaissance des
spécificités du secteur agricole (pas de compétences
internes pouvant bien examiner les demandes, pas de produits spécifiques
au secteur) conduit à une méfiance des institutions
financières vis-à-vis du financement de l'exploitation agricole
;
· L'offre n'est pas adaptée et lorsqu'elle est
faite, les résultats et les effets enregistrés ne sont pas
encourageants (notamment au profit de la production agricole) ; alors les
Institutions Financières (IF) se rétractent et vont vers une
autre clientèle dite moins risquée et chez qui les
résultats et les effets sont plus encourageants.
· L'absence ou l'insuffisance de dispositifs et d'outils
de facilitation d'accès au financement et de gestion des risques (fonds
de garantie, assurances, etc.) n'est pas en faveur d'un engagement ferme des IF
dans le financement du secteur agricole (financement direct des exploitations,
de leurs organisations, refinancement des SFD, etc.) ;
· Le faible lien entre la production et la
commercialisation des produits (bruts et finis), la faible productivité
des sols (car usés) sont tous des facteurs qui n'encouragent pas
l'engagement des banques et établissements financiers à soutenir
le financement agricole.
? Au niveau des SFD
Les contraintes au niveau des Systèmes de Financement
Détaillées sont presque similaires à celui des
Institutions Financières, elles sont entre autre :
· Une insuffisante connaissance des
réalités des acteurs du secteur agricole, surtout des EF et
même souvent des zones d'intervention (les agents de crédit sont
jeunes, inexpérimentés, plus accrochés aux
résultats/nombre de dossiers/période, etc.) ;
· Le coût de l'activité (localisation
éloignée et dispersée des bénéficiaires)
rendant le coût du crédit insupportable par les
bénéficiaires finaux et jouant négativement sur la
rentabilité du SFD;
· La faiblesse des ressources mobilisées et leur
inadaptabilité aux besoins (ressources courtes pour une demande de
crédit moyen et long termes) favorisent la faible satisfaction des
besoins financiers globaux des exploitations agricoles ;
·
Les faiblesses dans la gestion interne et la gouvernance des
SFD qui influencent fortement son intervention sur le terrain ;
· Le faible respect des exigences de la banque centrale
en matière de ratios prudentiels pouvant jouer sur la qualité et
la durabilité de l'offre, etc.
? Au niveau des organisations de producteurs
Au préalable de l'introduction des initiatives de
financement agricole, on observe principalement :
· Une faible capitalisation (volumes disponibles) et
l'incapacité de couvrir la totalité des besoins en financement
des membres ;
· L'insuffisance, voire l'absence de compétences
et de ressources pour assurer le suivi et le recouvrement du crédit.
? Au niveau des projets et programmes
Les détenteurs des projets et programmes passent en
quasi-totalité par les institutions financières sans arriver
évidemment à influencer les conditions et les modalités de
ces dernières si bien que les lignes de crédit mises en place
servent des fois à d'autres types de clients. Les contraintes
relevées sont les suivantes :
· L'existence de procédures particulières
aux Partenaires Techniques et Financiers (PTF) qui compliquent les
modalités de mise en place des financements (taux de sortie, cible bien
indiquée, mélange d'objectifs humanitaires/ financiers et de
rentabilité, etc.) ;
· La durée du dispositif de financement mis en
place est liée à la durée du projet et aucun
mécanisme n'est mis en place pour la continuité ;
· La lourdeur du dispositif et donc des
procédures qui font que la mise en place du crédit prend beaucoup
de temps.