2. Micro-finance en milieu rural
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Le milieu rural est habité par des individus à
faible taux d'alphabétisation dont les activités reposent
généralement sur la conquête des ressources de subsistance.
La notion d'entreprenariat étant à l'ordre d'actualités,
il s'avère problématique pour ceux-ci de s'introduire dans le
système de financement des institutions d'investissement. Le
Réseau des Organisations Paysannes et Producteurs en Afrique de l'Ouest
(ROPPA), (Novembre 2018) a mené une étude par rapport à
cette situation (financement agricole et rural) en Afrique de l'Ouest. Cette
étude permet de situer la problématique, l'analyser et
émettre des perspectives.
2.1 Problématique
Selon ROPPA la problématique du financement agricole et
rural est développée au niveau des politiques, des
stratégies, des lois et des programmes tant au niveau régional
que national. Elle est suffisamment connue, mais n'a toujours pas trouvé
de solutions adaptées.
En se tournant vers le niveau régional, on constate que
la Banque Centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) a
établi une réglementation régissant le financement, qu'il
soit fait par des institutions bancaires ou par des institutions de
micro-finance. Des ratios prudentiels sont définis et régulent
l'action de ces institutions en matière de financement par le
crédit. Par ailleurs, il n'existe pas de textes spécifiques au
financement du secteur agricole. La réglementation bancaire ne
prévoit plus de taux préférentiels pour les
investissements dans le secteur agricole. Pour la micro-finance en particulier,
outre la réglementation de la BCEAO, il existe une stratégie
régionale de finance inclusive de l'Union Economique et Monétaire
de l'Afrique de l'Ouest (UEMOA) qui existe et comporte une axe
spécifique au financement agricole. Des pays comme le Bénin, le
Burkina Faso et le Togo ont adopté des stratégies nationales de
finance inclusive. En outre, certains pays se sont dotés ou de
même sont en train de se doter des outils de mise en oeuvre de leur
politique publique de développement rural ou d'inclusion
financière. Chaque pays de la Zone UEMOA est doté d'un plan
stratégique de développement agricole, assorti d'un programme
national d'investissement pour le secteur agricole. Ces cadres découlent
du Programme Détaillé de Développement de l'Agriculture
Africaine (PDDAA), résultant d'un accord signé lors du sommet des
chefs d'État de l'Union Africaine (UA) à Maputo en 2003, pour
définir un cadre général définissant les principaux
axes d'intervention pour soutenir et accélérer le
développement et la croissance du secteur agricole en Afrique. Le PDDAA,
qui représente le volet agricole du Nouveau Partenariat pour le
Développement de l'Afrique (NEPAD), définit le cadre de
référence de la politique du continent
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pour la transformation du secteur agricole, la création
de richesse, la sécurité alimentaire, la nutrition et la
croissance économique ainsi que la prospérité. Le
financement de l'agriculture par une banque nationale existe également
et certains pays disposent d'une banque nationale dédiée au
financement agricole, on citera en exemple : le Sénégal (Caisse
Nationale de Crédit Agricole), le Mali (Banque Nationale de
Développement Agricole) et le Niger (Banque Agricole du Niger). Le
Burkina Faso en a créé une (Banque Agricole du Faso
agréée en avril 2018 et non opérationnelle). Plusieurs
pays subventionnent les intrants (Burkina Faso, Nigeria et Togo).
Ces subventions passent soit par les services
déconcentrés de l'État ; par des dispositifs mis en place
par l'État et parfois par les opérateurs de développement
humanitaire. Certains de ces états subventionnent également
l'équipement agricole, par le canal de fonds nationaux ou de
projets/programmes avec les mêmes défis en termes d'attribution.
Par exemple le Mali subventionne les intrants liés à la culture
du coton.
En tenant compte ces situations, la vision globale serait que
la problématique du financement du secteur agricole est abordée
d'une manière ou d'une autre en Afrique de l'Ouest, dans les
régions et au plan national. A cet effet, malgré l'existence de
plans directeurs agricoles, ainsi que les programmes nationaux
d'investissements, le secteur reste pauvre du financement de ces
activités.
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