IV.1.2. Model de régression multinomiale
ajustée de l'état nutritionnel des enfants de moins de 5 ans et
les autres variables
IV.1.2.1 Le milieu de résidence
Il a été révélé au tableau
9, que le milieu de résidence est associé à la
malnutrition des enfants de moins de cinq ans, OR : 1,26 [1,04-1,52] et p <
0,016. Les enfants du milieu rural sont ceux dont la plupart ont des parents
pauvres et ont des difficultés à satisfaire les besoins
nutritionnels de leurs enfants sur le plan quantitatif que qualitatif. En
outre, les parents des enfants du milieu rural partent dans la plupart de cas
aux champs pour revenir le soir et préparer pour leurs enfants des
aliments pauvres en protéine et en énergie en quantité et
qualité insuffisantes. Cela pourrait s'expliquer encore par le manque
d'hygiène en milieu rural c'est-à-
69
dire les latrines non aménagées, les sources
d'eau de consommation impropres, le non lavage des mains avant le repas,
etc.
Des résultats similaires ont été
observés par KS Mostafa (2011) et par E Kavosi et al (2014), il a
été observé que la résidence dans les zones
urbaines et la mauvaise alimentation en eau étaient les facteurs de
risque important de trois types de sous nutrition. Une autre étude
réalisée par Paryl et al (2018), a montré que les enfants
vivant en milieu rural notamment dans les maisons de Kuccha étaient plus
en insuffisante pondérale par rapport aux enfants vivant en milieu
urbain notamment dans les maisons de Pukka (OR : 1,528).
Une autre étude réalisée par Dramane
Mariko et Carlyn Hughes (2006) a montré également que les enfants
dont la famille avait des latrines propres dans leur domicile ont eu une
prévalence de 27.8% de la dénutrition, tandis que ceux des
familles avec défécation à plein air avaient 40.7% de
prévalence de dénutrition. Ce qui permet de confirmer la
première hypothèse selon laquelle les facteurs environnementaux
influencent la malnutrition et dans ce cadre c'est le milieu de
résidence.
IV.1.2.2 Le niveau d'instruction de la mère
Concernant le niveau d'instruction de la mère, il a
été montré que les enfants des parents avec un bas niveau
d'instruction (analphabète) ont 3,09 fois plus de risque de
développer la malnutrition chronique sévère que ceux des
parents du niveau secondaire et universitaire, OR : 3,09 [2,11-4,55] et
p < 0,000. Il a été montré
également que les mêmes enfants ont 38% plus de risque de souffrir
de la malnutrition légère, R : 1,38 [1,03-1,84] avec p
< 0,019.
De l'autre côté, les femmes à instruction
basse n'ont pas assez des connaissances pour une bonne nutrition de leurs
enfants. Pour elles mieux vaut la quantité que la qualité, il
suffit que le ventre de l'enfant soit gonflé sans se soucier des
nutriments contenus dans les aliments, alors que l'organisme de l'enfant est
encore fragile et nécessite une attention particulière pour sa
nutrition qui doit contenir tous les éléments nutritifs pour sa
bonne croissance et son bon développement.
Des femmes moins instruites, ont tendance à avoir
plusieurs enfants, croient-elles que les enfants sont une richesse, alors
qu'elles n'ont pas des moyens pour satisfaire aux besoins nutritionnels de
leurs enfants et les prédisposant à la malnutrition. Par contre
une femme instruite est capable de limiter le nombre d'enfants en utilisant les
méthodes de planification
70
familiale. Une femme à nombre réduit d'enfants
saura les prendre en charge sur tous les points de vue et surtout à les
assurant une nourriture adéquate en quantité et en
qualité.
Ce résultat concorde à ceux de plusieurs
auteurs, pour une étude réalisée par Emmanuel Litte-
Ngounde (2004) a montré par les résultats de la régression
logistique qu'il existe une différence significative entre le niveau
d'instruction de la femme au seuil de 1%, les enfants des femmes de niveau
secondaire et plus courent moins de risque (18% et 42%) d'être malnutris
que leurs congénères des femmes des femmes de sans niveau
d'instruction. Autrement dit, les femmes de niveau secondaire et plus
nourrissent mieux leurs enfants. Les enfants des femmes de niveau d'instruction
secondaire et plus courent moins de risque de malnutrition. L'instruction de la
mère améliore les connaissances et les pratiques en
matière d'hygiène alimentaire et de nutrition de la mère.
En Afrique Subsaharienne, la non maitrise des besoins spécifiques des
enfants, certaines croyances et pratiques poussent souvent les femmes à
donner aux enfants des aliments du point de vue de la qualité et de la
quantité. La femme étant supposée être le membre du
ménage ayant en charge la santé et la nutrition des enfants, le
fait qu'elle est instruite lui permet de donner à ses enfants les
aliments nutritifs.
En outre, l'instruction de la femme lui permet de mettre fin
à certaines pratiques traditionnelles dangereuses qui consistent
à exclure du régime alimentaire de l'enfant les aliments riches
en protéine tels que l'oeuf, la viande, les légumes, les fruits
et même des micronutriments. Cette influence est d'autant plus importante
lors que la femme a bénéficié de l'enseignement des
connaissances médicales modernes, changeant ses attitudes tout en
modifiant significativement l'état nutritionnel des enfants, souvent
sans exiger les ressources économiques supplémentaires.
Une autre étude réalisée par
Ouépaké Aouehougon (2007) sur la malnutrition
protéino-énergétique et ses facteurs de risque chez les
enfants de moins de cinq ans dans le district sanitaire de Tougan, a
montré que le niveau analphabète de la mère est
associé à la malnutrition
protéino-énergétique (p=0,03) de même que le faible
niveau socioéconomique (p=0.01) et la régularité de suivi
de CPN (p=0,02). Une autre étude sur l'évaluation de
l'état nutritionnel des enfants de 0 à 5 ans dans une aire de
santé rural au nord-ouest de la République Démocratique du
Congo par AM Kierere et al (1999) a rapporté que le niveau
analphabète de la mère, OR : 2,56 [1,41-4,65] ainsi qu'un niveau
socioéconomique médiocre de la famille de l'enfant, OR : 3,94
[2,33-6,66] étaient associés à la malnutrition. Ce qui
signifie que les enfants d'une mère instruite ayant un niveau
socioéconomique moyen et élevé auront moins de risque de
développer une malnutrition protéino-énergétique.
Par rapport à ceux d'une mère analphabète
71
et de faible niveau socioéconomique. L'instruction
permet aux mères d'acquérir de meilleures connaissances sur la
malnutrition, les différents types d'aliments ainsi que les
règles d'hygiène.
Il est ainsi plus facile à des mères instruites
d'initier et de mieux gérer des activités
génératrices de revenus, toutes choses qui concourent à la
lutte contre la malnutrition protéino-énergétique. A
l'opposé, les femmes non alphabétisées ont souvent
tendance à attribuer la malnutrition à l'action des génies
et des dieux, ce qui éclipse leur propre responsabilité devant la
malnutrition de leurs enfants. Elles sont aussi les plus nombreuses à
vivre dans les conditions socioéconomiques difficiles. C'est donc cet
ensemble des facteurs qui entrent en jeu pour expliquer cette association entre
l'analphabétisme de la mère, le faible niveau
socioéconomique et la malnutrition
protéino-énergétique (RD Semba et al, 2008 ; JC Fotso,
2007). Ces résultats permettent de confirmer la deuxième
hypothèse en rapport avec les facteurs culturels.
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