II.3.5 Contexte économique
Après une période de prospérité
héritée de la colonisation jusqu'au début des
années 1970, l'économie congolaise a connu pendant plus de 3
décennies, une situation de crise profonde. Cette crise est
caractérisée notamment par une croissance négative et une
instabilité monétaire due essentiellement à une forte
baisse de la production, des recettes budgétaires et des
investissements, mais aussi à un endettement considérable
évalué, au 31 décembre 2005, à 10,8 milliards de
dollars américains.
Cette situation a été, en grande partie,
responsable de la paupérisation de la grande majorité de la
population congolaise qui s'est traduit, entre autres par l'accès de
plus en plus difficile aux services sociaux de base (eau,
électricité, soins de santé primaires, scolarisation des
enfants, etc.).
37
L'espoir de lendemains meilleurs est cependant permis avec la
normalisation progressive du contexte socio-économique et la mise en
place des institutions républicaines. En effet, l'environnement
macro-économique est marqué par une stabilité des prix
intérieurs et du taux de change ainsi que par le maintien de la
croissance économique amorcée depuis 2003. Malgré le repli
de la croissance en 2009 (2,8 %) et la montée de l'inflation (53,4 %)
consécutive aux effets de la crise financière mondiale, la RDC a
pourtant réalisé des performances dès 2010 avec un taux de
croissance du Produit Intérieur Brut (PIB) réel de 7,2 % et un
taux d'inflation de 9,8 %, grâce aux effets conjugués des mesures
d'ajustement budgétaire et monétaire.
Cette croissance du PIB s'est accélérée
entre 2011 et 2013, passant de 6,9 % en 2011 à 7,2 % en 2012 et à
8,5 % en 2013. Cette amélioration économique est due à la
vitalité du secteur minier suite aux effets favorables de cours mondiaux
et au dynamisme du commerce, des transports et communications, de l'agriculture
et de la construction. Les projections indiquent que cette tendance devrait se
poursuivre en 2014 pour atteindre 9,4 %.
Le pays a des potentialités hydroélectriques
estimées à environ 100 000 MW, soit 13 % du potentiel
hydroélectrique mondial. La RDC a un sous-sol riche en produits miniers,
tels que le cuivre, le coltan, le diamant, le cobalt, l'or, le
manganèse, le zinc, la cassitérite, l'uranium, le niobium, etc.
Par ailleurs, outre les produits pétroliers quasi inexploités, on
trouve d'énormes réserves de gaz méthane dans le lac Kivu
et le schiste bitumeux dans la Province Orientale.
La transformation de toutes ces potentialités en
richesses effectives constitue l'un des défis majeurs pour la RDC.
L'agriculture constitue la principale activité en milieu rural et occupe
près de 70 % de la population. Sa contribution au PIB reste en moyenne
de 35 %.
En vue d'atteindre les objectifs fixés à
l'horizon 2016 au regard des orientations de la Révolution de la
Modernité, le Gouvernement a élaboré le Document de
Stratégie de Croissance et de Réduction de la Pauvreté de
deuxième génération (DSCRP 2) et son plan de mise en
oeuvre qui, en partie, constitue le Programme d'Actions du Gouvernement (PAG).
Sur le plan macroéconomique, les ambitions du Gouvernement visent la
poursuite des objectifs prioritaires du Programme d'Action Prioritaire (PAP)
2012-2016. Les objectifs préconisés par le PAP sont
:
(i) la consolidation de la stabilité
macroéconomique ainsi que l'accélération de la croissance
et la création d'emplois ;
(ii) la poursuite de la construction et de la modernisation
des infrastructures de base : routes, voiries, chemins de fer, adductions
d'eau, ports et aéroports, écoles et hôpitaux ;
(iii)
38
la poursuite et la finalisation des réformes
institutionnelles afin de renforcer l'efficacité de l'Etat ;
(iv) la diversification et l'intégration de
l'économie pour concrétiser la vision de l'émergence
économique en mettant un accent particulier sur l'industrie
manufacturière, la télécommunication et
l'énergie.
Après avoir atteint 5,8 % en 2018, la croissance
économique a ralenti à 4,4 % en 2019, du fait de la baisse des
cours des matières premières, notamment du cobalt et du cuivre
qui représentent plus de 80 % des exportations de la RDC.
La pandémie de coronavirus (COVID-19) devrait
entraîner une récession économique de -2,2 % en 2020 en
raison de la baisse des exportations due à la mauvaise conjoncture
mondiale. Mais la reprise progressive de l'activité économique
mondiale et le lancement de la production de la mine de Kamoa-Kakula devraient
permettre un rebond de la croissance économique à 4,5 % en
2022.
Le déficit budgétaire est passé d'un
quasi-équilibre en 2018 à un déficit de 2 % du PIB en
2019, en raison de la hausse des dépenses et de la stagnation des
recettes. Les dépenses publiques supplémentaires ont notamment
soutenu l'augmentation des salaires de la fonction publique, le programme de la
gratuité de l'éducation de base et des projets d'infrastructure.
La baisse des recettes fiscales tient en partie à la faiblesse du
recouvrement de l'impôt sur le revenu des entreprises, surtout dans le
secteur minier.
Le risque d'endettement reste modéré selon les
dernières estimations de soutenabilité. Mais le niveau
relativement bas des recettes limite la marge de manoeuvre du gouvernement pour
mettre en place des politiques budgétaires visant à affronter la
pandémie de Covid-19.
Le déficit du compte courant s'est creusé
à 4,2 % du PIB en 2019, contre 3,6 % du PIB en 2018, reflétant la
détérioration des termes de l'échange et une baisse du
volume des exportations. Les entrées de capitaux et autres flux
financiers en 2019, y compris les investissements directs étrangers
(IDE), ont contribué à préserver les réserves
officielles, à limiter la dépréciation du franc congolais
et à contenir l'inflation.
La RDC a lancé des réformes visant à
renforcer la gouvernance dans la gestion des ressources naturelles et
améliorer le climat des affaires mais elle reste classée 184 sur
190 pays dans le rapport Doing Business 2019 sur la règlementation des
affaires et doit relever de nombreux défis pour attirer les
investisseurs dans des secteurs clés (Banque Mondiale, 2020).
39
|