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Savoirs locaux et nouvelles initiatives pour la gestion des ressources naturelles dans la communauté rurale de Madina Ndiathbe (département de Podor).


par Aliou WANE
Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) - DEA (Diplome d'étude approfondie) en Géographie 2009
  

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II. LA COMPLEMENTARITE DES SAVOIRS DANS LA GESTION DES

RESSOURCES NATURELLES

La révision des méthodes et du rôle des acteurs impliquent l'analyse de la manière dont les savoirs scientifiques sont plutôt réinterprétés et appropriés localement par les habitants. Ce qui favorise la complémentarité entre le savoir scientifique et le savoir moderne.

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2.1 De la logique traditionnelle à la logique moderne de l'agriculture

Dans la communauté rurale de Madina Ndiathbé, les systèmes de cultures traditionnelles (agriculture pluviale, agriculture de décrue) se sont parfaitement insérés dans l'irrigation sans apporter un profond bouleversement dans la pratique des paysans.

L'agriculture irriguée encadrée a constitué une phase de transition pédagogique en ayant le mérite d'initier les populations aux techniques de l'irrigation qui différent radicalement des systèmes de production traditionnelle. Les grands aménagements ont octroyé des PIV aux populations avec de faible taux d'échecs et une intensité culturale de 1.6 selon la SAED. Contrairement aux formes de culture traditionnelle, les performances sont plus importantes sur les PIV en raison de la plus grande responsabilisation des populations concernées.

Elles font l'irrigation pour une sécurisation alimentaire. Une à deux campagnes est fréquemment réalisée pour s'assurer d'une autonomie en riz. Le reste de son temps le paysan s'adonne à d'autres activités telles que la culture du petit mil (le sounna) et la culture du sorgho dans le Walo ainsi que des patates douces dans les Pallé (cultures de berge).

Les populations allient ainsi deux logiques : une logique de production axée sur l'irrigation et une logique de subsistance basée sur l'incertitude de la première. De ce fait, une complémentarité entre savoir traditionnel et moderne a permis à la population de survivre en équilibre avec la nature.

2.2 La modernité de l'agriculture de décrue

Autrefois, la culture de décrue du sorgho était effectuée selon une technicité populaire aiguée des paysans qui maitrisaient parfaitement les conditions du milieu. Mais, dans le souci de parfaire cette ancienne forme de culture, les agriculteurs ont intégré des outils modernes dans la pratique agricole, tel que le fer à charrue (photo 12) qui remplace de plus en plus le Njidangu.

Cet outil est plus souple à manier et peut même faire l'objet d'une traction animale. Dans le Walo, il permet d'augmenter la vitesse de travail et de rendement des cultures de décrue.

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Photo 12 : intégration du fer à charrue aux outils traditionnels de culture

2.3 L'intégration des savoirs modernes aux connaissances traditionnelles

Les paysans travaillent en étroite collaboration avec les institutions de recherche (SAED, ISRA et ANCAR), ce qui a favorisé l'alliance de deux logiques différentes.

- L'intervention de la SAED dans la culture de décrue

Pour l'amélioration de la productivité, la SAED conseille et appuie les populations dans la culture du sorgho de décrue, de même que la nécessité de faire des façons culturales. Elle initie les populations à l'utilisation de l'engrais sur le Walo qui subissait le poids de la tradition. Cela permet d'augmenter le rendement et de dépasser 800 kg / ha dans certaines zones.

- L'ANCAR appui les populations pour des semences certifiées

L'ANCAR développe de nouvelles approches reposant sur la reconnaissance des producteurs comme les principaux acteurs de leurs systèmes de production, de l'aménagement de leurs terroirs et de la gestion de leurs ressources naturelles. Cette approche est bâtie sur la légitimation des savoirs et savoir-faire des productions indispensable au processus de développement agricole et rural.

Les partenaires extérieurs prennent en compte ces pratiques et aident les producteurs à les améliorer, plutôt que de leur dicter des comportements techniques et socio-économiques.

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Dans ce conteste, le GIE Thierno Amadou Samba Baal de Cas-Cas travaille en partenariat avec l'ANCAR et produit des semences certifiées sur la base des variétés locales (photo 13).

Photo 13 : Semences de maïs certifiées : variété locale produite par le GIE Thierno Samba Amadou Baal (Cas-Cas)

En effet, le CLCOP est l'acteur principal de cette synergie entre structures étatiques et organisations paysannes par la formation des membres de GIE ou de GPF.

- Les autres formes de complémentarité

D'une part, on peut noter l'action du chef de poste des services eaux et forêts qui a enclin les populations à la préservation des ressources végétales grâce à leur responsabilisation. Les comités de gestion villageois s'appuient sur les liens sociaux pour assurer la sauvegarde pérenne. A ce titre, à Dounguel Dadé on défend ardument d'abattre les arbres sur un rayon de 3 km aux alentours du village. Mieux, on a deux réserves individuelles (Seydou Yobou ba à Barangol et celui de Seydou Sy à Saré-Souki) qui sont des initiatives privées que les agents des Eaux et Forêts ont encouragées. Il s'agit de « Falo » présentant une végétation un peu dense que les propriétaires ont défendu de la coupe.

D'autre part, les éleveurs se modernisent de plus en plus en intégrant des données scientifiques qu'elles soient la médecine moderne présentant plus d'efficacité que certaines pratiques locales (la vaccination) ou le téléphone portable lors de la transhumance pour éviter de longue distance dans la recherche de pâturage.

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Enfin, les Organisations Paysannes modernes et les organisations traditionnelles sont parfaitement intégrer dans le conseil rural de sorte qu'elles constituent les relais de la CR dans les villages.

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Une indication du dynamisme inhérent aux savoirs locaux est la facilité avec laquelle les populations autochtones adaptent astucieusement à leur besoin les différentes formes de savoirs. En mêlant modernité et tradition, les communautés autochtones défendent leurs modes de vie, leurs identités, leurs valeurs et leurs visions du monde.

Ainsi, un des défis majeurs pour la communauté rurale est de permettre aux communautés locales de créer une synergie entre savoirs endogènes et exogènes pour choisir leurs propres voies vers un développement durable.

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