WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Savoirs locaux et nouvelles initiatives pour la gestion des ressources naturelles dans la communauté rurale de Madina Ndiathbe (département de Podor).


par Aliou WANE
Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) - DEA (Diplome d'étude approfondie) en Géographie 2009
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Conclusion partielle

La CR de Madina est un pôle de développement où s'imbriquent plusieurs échelons (du local au global). Par conséquent, dans le cadre de la pérennité du développement local, une solide interrelation entre les différents acteurs, à la faveur d'une concertation et d'un échange d'expériences, se crée pour favoriser une gestion des ressources naturelles.

La diversité des organisations dans la CR est certainement une manifestation des stratégies des différents acteurs pour assurer efficacement le relais de l'Etat, mais aussi se positionner sur le champ de la gestion soit en usant des connaissances traditionnelles, soit des nouvelles initiatives.

Néanmoins, les savoirs locaux ne peuvent jouer présentement la même fonction, ni avoir la même porté qu'autrefois, entre temps le contexte a beaucoup changé.

Sur le plan politique, c'est l'émergence et la prépondérance de l'Etat et de ses services déconcentrés qui assurent le pouvoir et l'autorité au niveau local. La gestion des ressources naturelles n'est plus à la charge des chefs coutumiers mais à l'autorité publique.

Sur le plan économique, c'est la domination de l'économie de marché qui instaure une libéralisation dans tous les secteurs et une compétition dans tous les domaines. Ceci a eu pour conséquence une accentuation de la pression sur les ressources naturelles et une menace sur la biodiversité.

Sur le plan social, une forte pression démographique sur les ressources a caractérisé cette situation avec une pauvreté de plus en plus croissante des masses paysannes et des restrictions mieux importantes pour l'accès aux ressources.

Les savoirs modernes ne peuvent pas non plus résoudre tous les problèmes de gestion encore moins favoriser une bonne assimilation de la part des autochtones.

L'intégration des ces deux formes de gestion est la meilleur des voies possible pour réduire les risques d'inefficacité de tout projet de développement.

Actuellement, les savoirs locaux ne peuvent constituer que des instruments d'innovation sociale. Autrement dit, ils doivent être des techniques, des pratiques et des comportements auxquels il faut s'inspirer pour bâtir des modèles de cogestion de la biodiversité propice à chaque contexte et à chaque ressource.

77

CONCLUSION GENERALE

L'eau et la terre sont les deux ressources et facteurs de production capital pour le développement de la CR de Madina. Toutes les activités du terroir dépendent de ces éléments qui assurent la survie des paysans.

Dans ce cas, la proximité de l'eau et les différentes ressources du milieu ont conditionné l'implantation humaine très dense dans la zone Djéjégol et île à Morphil puis éparse et clairsemé dans la zone Diéri.

Les systèmes de production suivent cette même logique : irrigation, agriculture de décrue et pêche dans les deux premiers espaces, agriculture pluviale et élevage extensif dans le dernier. En outre, ces milieux ne sont pas cloisonnées, les populations sont interdépendantes et vivent en étroite collaboration.

L'exploitation des ressources naturelles s'est effectuée sur la base des connaissances locales mais également modernes.

Différentes techniques traditionnelles ont été mises en oeuvre dans la CR par les exploitants. Et ces pratiques ont permis à la population de survivre dans des situations un peu particulières (technologies populaires de l'agriculture de décrue, actions traditionnelles d'économie de l'eau, techniques traditionnelles d'amélioration génétique en élevage ou formes de pêche coutumières) et de confirmer la pertinence de leurs savoirs. Ces procédés ont un impact positif sur l'évolution des terres de culture, sur la pêche et sur la végétation.

Toutefois, elles ont montré un certains nombre de contraintes qui limitent leur utilisation à grande échelle. Il s'agit de la lourdeur du travail au regard des outils utilisés.

C'est ainsi que des savoirs modernes peuvent alléger cette force du travail comme les aménagements hydroagricoles dans l'agriculture, dans le secteur de l'élevage l'action des services vétérinaires (vaccination et insémination artificielle) pour stabiliser la filière, la pisciculture pour apporter une alternative aux pécheurs et les activités de reboisement pour reverdir le milieu.

Cette réorientation des activités modernes fondée sur de nouvelles opportunités n'a pas pour autant voiler la technologie populaire des agro-pasteurs du terroir, aspect important de leur identité culturelle, ce qui a nécessité d'étudier le rapport d'interface de ces deux formes de connaissances.

78

Les différents acteurs de la CR interviennent diversement. Au début, l'accent mis par le Sénégal sur la biodiversité en procédant à la mise sur pied d'aires protégées résulte d'une politique qui privilégie la conservation des espèces et des écosystèmes et tend à écarter les populations autochtones à la gestion de la biodiversité. Cette option non seulement n'a pas empêché la progression de la diminution de la biodiversité mais elle est à l'origine de multiples tensions entre populations locales et agents de l'administration chargés de la gestion de ces sites.

L'implication des populations locales et le principe de la cogestion de la biodiversité apparaissent donc comme les nouveaux paradigmes dans le champ de la conservation.

Pour favoriser la prise en compte des savoirs locaux à travers les systèmes actuels de gestion, l'Etat doit prendre des mesures allant dans le sens de définir une politique qui vise la reconnaissance et recommande l'intégration de ces savoirs aux données modernes. L'Etat doit encourager et soutenir des programmes de recherches à travers les Universités et Instituts de recherche en vue d'identifier et de codifier les savoirs locaux pour éviter leur disparition définitive.

Ainsi, dans les domaines aussi variés que l'agriculture, la pêche, l'élevage, la gestion de l'environnement, la santé ... des recherches pointues sur les savoirs locaux doivent être menées afin de préserver notre patrimoine cognitif et impulser de nouvelles technologies afin d'assurer un développement économique et social durable.

Des mécanismes de partage des avantages liés à l'utilisation de ces savoirs doivent être également définis et discutés avec les populations locales.

Pour que les communautés locales participent à la production du savoir dans la conservation de la biodiversité. Les opérateurs sur le terrain travaillant pour le compte des institutions doivent faire preuve de beaucoup d'humilité et rester ouvert dans la conception et la mise en oeuvre des politiques de conservation de la biodiversité. Ils doivent se comporter à l'égard des communautés locales comme des acteurs en quête de savoir et pas comme des acteurs qui le détiennent déjà. La posture de la quête est uniquement celle qui peut favoriser l'échange et le partage entre savoirs locaux et savoirs technico-administratifs.

Au demeurant, il est donc important de comprendre que les savoirs locaux ne sont qu'un outil parmi tant d'autres pour réussir l'entreprise de cogestion de la biodiversité.

79

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Tu supportes des injustices; Consoles-toi, le vrai malheur est d'en faire"   Démocrite