1.2 Les actions traditionnelles d'économie de l'eau
Elles sont développées en vue de s'adapter aux
changements du milieu. Face à la raréfaction des
précipitations et de la réduction des activités agricoles
dans le système traditionnel, les paysans effectuent des
activités de gestion de l'eau dans les cultures.
1.2.1 Les « mballa » dans le Diéri
Actuellement, c'est la seule forme de culture dans le
Diéri (agriculture sous-pluie). C'est une technique comparable au «
Zai » pratiqué dans le Yatenga (Nord de Burkina Faso) entre 1982 et
1994, à la suite des années de sécheresse dans le
Sahel.
En effet, l'exploitant crée ou cherche une
dépression où l'eau stagne qu'il encercle avec une clôture
naturelle pour recueillir les eaux pluviales. (Photos 1 et 2)
Photo 1 : préparation d'un « mballa
» Photo 2 : « mballa qui se remplit d'eau
progressivement
Les avantages sont principalement : la capture des eaux de
ruissellement, la concentration de la fertilité et l'augmentation de la
production.
1.2.2 Les autres pratiques
La technique de captage des eaux d'infiltration est
réalisée par une gamme très large de pratiques :
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- Le labour : selon les agronomes, il est une technique
d'économie de l'eau par excellence. Il permet de briser la croûte
du sol, ce qui améliore l'infiltration et diminue le ruissellement
autorisant en même temps un enracinement profond des plantes. Cela
garantit une meilleure croissance végétale et donc une couverture
amélioré du sol.
- Le billonnage : c'est un travail du sol en buttes. Il est
réalisé à la main par les paysans. L'eau se concentre dans
les sillons, s'y infiltre au profit des plantes. Pour optimiser la
rétention d'eau dans la parcelle, on réalise des billons.
1.3 Les actions de fertilisation des terres
Pour maintenir une agriculture continue les populations
développent des stratégies fondées sur des pratiques
locales de gestion de la fertilité. On peut catégoriser :
- La fertilisation par la fumure organique
Il s'agit de l'usage des déchets des animaux
minutieusement remué avec la terre au moment du défrichage. Dans
les systèmes de cultures traditionnelles (Walo et Diéri) le
« niaygual » (action de laisser le bétail pâturer dans
les champs après la récolte) est régulièrement
pratiquée pour augmenter la production. Du fait que, la
quasi-totalité des populations entretiennent un élevage
domestique, ce système est largement pratiqué pour pallier
à l'épuisement des sols.
- Le paillage ou le maintien des résidus de récolte
sur les champs
Cette technique de préservation de sols consiste
à abandonner les tiges de sorgho ou de mil sur pieds, les feuilles de
patates sur place de façon à simuler l'activité des
termites. Ce qui protège le sol de la forte insolation en saison
sèche, des effets néfastes du ruissellement ou de l'action
destructrice de l'érosion éolienne. Ces débris de
végétaux laissés à la surface des champs
constituent un apport important en humus.
- L'association des arbres aux cultures
Les paysans aménagent souvent des arbres connus :
Acacia albida, Zizyphus mauritiana ou Verticillat borreria
dans les champs de Diéri, de Walo ou de Pallé. Ces arbres
freinent la vitesse du vent, fournissent l'ombrage et leur litière
protège le sol contre l'érosion. Dans les deux réserves
(Saré-Souki et Barangol qui sont en même temps des Falo), nous
observons une forte intégration de l'arbre aux cultures. (Photo 3)
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Photo 3 : intégration des arbres à
la culture dans la réserve de Seydou Yobou Ba (Barangol)
En gros, ces différentes techniques ont permis aux
paysans d'exploiter les ressources agricoles du terroir de manière
durable et de répondre aux exigences de production pour assurer leur
survie.
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