1.1.2 L'organisation du travail
Les travaux de semis comprennent quatre phases (tableau 8) qui se
succèdent et se complètent, pour aboutir au semis.
Tableau 8 : La division du travail dans la culture
du Walo
Utilisateurs
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Outils
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Descriptions
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Fonctions
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Genre
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Diabbowo
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Njidangu
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Grande houe de 1,5 m environ terminé par un bout
tranchant pesant 2 à 3 kg
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Réalisation d'une fente ou poquet
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Homme mur
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Luhowo
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Luugal
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Sorte de pilon en bois long de 1,5 m et pesant prés
de 2 kg. L'extrémité effilée constitue la partie
travaillante
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Réalisation de gobelet (trou plus ou moins
profond)
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Homme ou femme
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Gawowo
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Awdi
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On remplit les semences (sorgho) dans une
petite calebasse
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semences
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Homme ou femme
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Békowo
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Mbékudi
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Terre arable léger
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Recouvrir les trous
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Enfants
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Source : enquête de terrain 2010
Les différentes phases se réalisent à la
chaine et par un acteur distinct. - L'ouverture du poquet ou « jaabugol
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Cette action consiste à ouvrir dans le sol un trou en
forme de prisme, réalisé avec un outil appelé «
Njidangu ». Cette première opération est
généralement pratiquée par le chef de famille ou l'homme
le plus expérimenté pour un bon réglage de la distance des
plantes, aspects importants pour la germination et du développement
ultérieur des plantes.
- La trouaison ou « luugol »
Elle consiste à réaliser sur la surface
latérale des « éno » (un trou conique) qui recevra les
semences. Il est fait à la main grâce au « luugal ».
Moins le sol est argileux, plus l'outil est mince, effilé et
léger. Après l'ouverture des « éno » le «
faandu » est exécuté chronologiquement.
- Le semis ou « awgol »
Cette troisième opération dérive de
« awdi » (semences) et suit immédiatement la
précédente, le « luugol ». Elle consiste à
mettre en terre trois à quatre grains de sorgho. L'opérateur
tient en main une petite calebasse remplit de semences qu'il jette dans le
« faandu ». Tout poquet ouvert doit être ensemencé et
enterré rapidement afin de limiter l'évaporation et le
desséchement rapide du sol.
- L'enfouissement des semences ou « békugol »
C'est la dernière opération qui consiste
à recouvrir d'une terre sableuse « Mbékudi » les
graines de semences placés dans le trou du poquet. Cette terre est
prélevée dans une zone boisée généralement
surélevée « Toggéré », finement moulue et
remplie dans une calebasse.
Ces différentes pratiques constituent un
répulsif contre les insectes, la réduction de
l'évaporation de l'eau du sol et la création d'un milieu ambiant
favorable à une bonne germination. Selon Watt (1986)7 :
« c'est la seule technologie de semis actuellement valable pour le sorgho
de décrue qui pourrait avec quelques améliorations permettre de
tripler les rendements ». Ainsi, le travail du Walo nécessite une
certaine connaissance du milieu.
Marzouk et al (2000)8 faisant un inventaire des
outils traditionnels africains affirment que : « c'est avec les
éléments hérités du passé que les hommes
recommencent chaque jour à
7 Alioune Watt, 1986 « Le semis du sorgho de
décrue au fuuta », ENDA, 60 pages
8 Yasmine Marzouk, Christian Seignobos,
François Sigaud, 2000 « Outils aratoires en Afrique : innovations
normes et traces », IRD, Edition Karthala, 397 pages.
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construire leur présent ». Il faut donc
reconsidérer chaque instrument, de son origine, de son effet sur les
cultures, du mode de travail qu'il implique et des techniques qui leur est
associé. Le développement est plus facile dans les
sociétés sûres d'elles - mêmes, de leur
identité, de leur cohérence. Ce qui implique la connaissance des
traditions.
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